Dominique, Saint-Kitts, Saba, Haïti… Nos voisins ont déjà pris des mesures contre l’usage du plastique, alors que flotte dans la mer des Caraïbes une mer de déchets plastiques.
Surnommée l’île nature, La
Dominique a banni par le biais d’une loi les plastiques et polystyrènes à usage
unique, depuis le 1er janvier 2019. Les pailles, plaques et couverts en
plastique ainsi que les tasses et récipients en polystyrène sont prohibés. Le
pays réglementé l’importation de ces produits, pour que les commerces et
restaurants ne puissent pas s’affranchir de la législation. Si le pas a déjà été
franchi dans de nombreux pays concernant les sacs en plastique de supermarchés,
et notamment la France, la Dominique se veut pionnière dans la lutte contre le
réchauffement climatique et est le premier pays du monde à aller aussi loin.
C’est aussi son positionnement envers les touristes, socle de l’économie
locale.
Trinidad-et-Tobago, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Grenade, Haïti et la
Jamaïque ont interdit l’usage des produits jetables en polystyrène, notamment
les boîtes repas servant à contenir la nourriture à emporter.
Saba emploie les grands moyens en mettant à disposition des habitants des
distributeurs d’eau, afin qu’ils viennent remplir leurs contenants sans avoir à
acheter quantité de bouteilles en plastique. Des sortes de gourdes leur sont fournies.
Les autorités ont installé des distributeurs d’eau dans tous les locaux
publics, pour les fonctionnaires, qui jusqu’ici consommaient 20.000 à 30.000
bouteilles d’eau chaque année. En 2019, Saint-Kitts s’y met aussi avec une
vaste campagne nommée “Plastic Free SKN”. Sensibilisation des habitants et
ateliers récup’ rythmeront la vie de l’archipel cette année, et le grand
rendez-vous du Carnaval a permis d’inaugurer les gobelets et sacs
réutilisables.
Béton plastique
Plus loin, l’île d’Utila, au Honduras, reçoit 5 millions de bouteilles en
plastique chaque année, sans compter celles que la mer lui ramène sur les
plages. Tout ce plastique est désormais récupéré et déchiqueté pour entrer dans
la composition du béton et des routes sur l’île. Selon le maire Troy Bodden,
interrogé par Le Figaro, 28% de la composition du béton est désormais faite de
plastique. Les routes sont plus durables et moins chères que si elles avaient
été coulées en béton traditionnel. Utila, 44 km2 et 6.500 habitants, vit
essentiellement du tourisme grâce à ses dauphins, son immense barrière de
corail et ses sites de plongée parmi les plus beaux du monde.
La multinationale Hewlett-Packard a annoncé fin avril qu’elle allait investir 2
millions de dollars à Haïti pour la construction d’une ligne de recyclage de
plastique, chargée de produire du plastique de haute qualité destiné aux
produits informatiques de l’entreprise. Ouvrant au passage un millier d’
emplois. Outre ces décisions règlementaires et gros investissements, les
initiatives ultra-locales fleurissent un peu partout. Début mai en Martinique,
d jeunes participants à un concours de mini-entrepreneurs ont mis au point des
bouteilles en bagasse de canne à sucre et de la vaisselle en fibre de bambou.
MyStraw Company, entreprise vieille de quelques mois et créée à Saint-Martin
par Sunita Mittal, propose différentes alternatives pour les restaurateurs :
assiettes en fibre de canne à sucre, pailles en papier ou en amidon, couverts
100% compostables… Un traiteur local, Pocket Chef, propose aussi des réductions
aux clients qui viennent avec leurs propres contenants. La liste est longue.
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Et chez nous ?
Saint-Barthélemy devrait emboîter le pas des îles voisines. Lors des Assises de l’environnement, en décembre dernier, Micheline Jacques, vice-présidente de la Collectivité, l’avait annoncé : le futur code de l’environnement comprendra une interdiction du plastique à usage unique (sacs, pailles, gobelets, etc.) Seules les bouteilles d’eau, difficiles à remplacer, passeraient entre les mailles du filet.
Une association spécialiste du sujet, Zero Waste, avait formulé plusieurs suggestions (JSB n°1306) pour aller plus loin. Les fontaines à eau, qui pourraient être mises à disposition à la Collectivité par exemple, au lieu des mini-bouteilles distribuées. Les eco cup, gobelets en carton ou réutilisables, ont été mis en place par Les Voiles de Saint-Barth lors de la dernière édition de la régate.
L’Union européenne a voté à la fin du mois de mars l’interdiction pour tous ses pays membres des couverts, assiettes, pailles, cotons-tiges, touillettes à café, bâtonnets pour ballons, récipients alimentaires en plastique et gobelets en polystyrène expansé (souvent utilisés pour la nourriture à emporter). La mesure doit être totalement appliquée d’ici 2021. La France souhaite devancer la réglementation européenne pour une mise en application en 2020. Au niveau mondial, les Caraïbes sont particulièrement en avance sur le sujet, et Saint-Barthélemy ne devrait pas faire exception. L’avantage, c’est que sur une île comme la nôtre, la mise en place effective de cette mesure sera assez simple, puisqu’il suffit d’interdire l’importation de ces produits. Le code de l’environnement dans sa nouvelle version est en cours de réécriture.
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Pollution minime à Saint-Barth... Si on jette bien à la poubelle
Pas de recyclage sur l’île, ni de filière extérieure qui ne ferait qu’aggraver le bilan carbone des plastiques, avec le transport obligatoire. A Saint-Barthélemy, les plastiques d’usage unique (bouteilles, vaisselle…) sont brûlés dans l’incinérateur de Dalkia Wastenergy. Une solution finalement très peu polluante puisque les fumées de l’usine, sont extrêmement filtrées avant de ressortir dans l’air. A condition de jeter son plastique à la poubelle et de jeter ses poubelles correctement, bien sûr... « En les jetant aux ordures ménagères, vous faites le bon geste », assurait Stéphane Bertrand, directeur du développement de Dalkia Wastenergy, au public lors des Assises de l’environnement. « L’incinération nous permet de fabriquer l’eau potable à Saint-Barthélemy, c’est vertueux. Le plastique, au départ, c’est du fioul. Mettre du fioul dans un cargo pour transporter du fioul, cela n’a pas vraiment de sens », concluait-il à l’adresse de ceux qui souhaitaient expédier le plastique vers une usine de recyclage américaine ou autre.
Une chance pour Saint-Barth puisque selon l’Ademe, seuls 12% des plastiques sont incinérés au niveau mondial. 75 % sont enfouis ou dispersés dans la nature. Toutefois, c’est bien la production même du plastique qui est la plus coûteuse en terme d’impact environnemental, le premier geste consiste donc à en réduire l’usage.
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Une filière à l’échelle caribéenne
Les gouvernements de la Caraïbe qui s’associent pour mettre en place une filière commune de collecte et recyclage des plastiques : c’est le projet Replast OECO, signé le 7 mai dernier à Sainte-Lucie par l’Ambassadeur de France et Unite Caribbean (Agence caribéenne de conseil en développement et coopération régionale). Sainte-Lucie et la Martinique doivent entamer une démarche pilote du projet.
JSB 1329