Chaque poste de travail a été repensé pour faciliter la vie des usagers et employés, et des panneaux apposés pour expliquer au public comment sont revalorisés les déchets. Visite guidée du site de propreté dans sa nouvelle version.
Vert c’est vert
Du côté de l’entrée des professionnels, un vaste espace couvert est consacré à la toute nouvelle activité compostage. Le site réceptionne douze tonnes de végétaux chaque jour, qui sont broyés ici. L’installation permet d’accélérer la fermentation tout en évitant le rejet de gaz. De l’eau en circuit fermé arrose les tas de végétaux broyés, pour former du compost, bien utile pour fertiliser les sols de l’île. Il est vendu aux professionnels à raison de 90 euros la tonne. Détail qui a son importance : en cas de cyclone, le broyeur tout neuf pourra être déplacé, au hasard, sur le terrain de la Collectivité à Saline. Au total, la création de l’activité compostage représente un investissement de 1,5 million d’euros.
D3E
Un acronyme barbare qui veut dire « déchets d’équipements électriques et électroniques ». Climatiseurs, télévisions, lecteurs DVD, matériel hi-fi, chauffe-eau, etc. Les techniciens de Dalkia Wastenergy font la démonstration de leur travail avec une clim : « On retire le gaz et on le met dans une bonbonne à part, il sera retraité en Martinique. Ensuite on sépare toutes les matières. Une partie est broyée et brûlée. L’électronique et les moteurs s’en vont par containers pour être recyclés. » Même les fils sont dénudés pour récupérer le cuivre qui se trouve à l’intérieur. Les climatiseurs représentent la majeure partie du travail de ces agents : « Depuis Irma, on en reçoit cinquante par jour. Avant, c’était une trentaine ». Les fluides contenus dans ces clim sont particulièrement polluants. « Si on en récupère une tonne, c’est l’équivalent de 87.000 tonnes de CO2 non rejeté dans l’atmosphère. »
Dépollution des véhicules
Le site de propreté fait aussi office de « casse auto », avec une capacité de dépollution de cinq véhicules par jour. « On est équipés pour 200 véhicules, mais on en a traité 1.100 à ce jour en 2018 », note une salariée. Une fois dépollués, voitures, scooters et autres sont envoyés à la presse à ferraille pour devenir de petits cubes très artistiques, puis partent dans des containers direction les Etats-Unis ou la métropole. Récemment, la question des batteries au lithium, installées dans les voitures électriques, s’est posée. Un incendie s’était déclaré après le compactage d’un véhicule dont les batteries n’avaient pas été retirées. « C’était un hybride, dont les batteries sont intégrées dans le châssis. Nous ne sommes pas habilités à traiter ces véhicules », rappelle Thierry Berry, responsable qualité sécurité environnement. C’est donc le concessionnaire qui prendra en charge ce type de voitures. « Pour le lithium, on a aussi un problème de transport : il faut compter six mois pour obtenir une autorisation, c’est très complexe. »
Ferraille
L’imposante presse à ferraille ne voit pas se calmer les effets d’Irma. « Dix-sept tonnes par jour, alors qu’en 2016 on traitait quatre tonnes par jour. Ça ne diminue pas », constatent les agents. Une fois compressée, la ferraille est chargée dans des containers direction les USA ou l’Europe. « Sur l’ensemble du site, on est toujours à 60% d’activité supplémentaire depuis Irma », complète Thierry Berry.
Encombrants
La partie dédiée aux encombrants, au fond du site, n’est pas encore tout à fait achevée. Bois de charpente, palettes, canapés, matelas… Tout ce qui peut être incinéré mais est trop volumineux pour le four passe par là. Les objets sont réduits en broyat (les imposants tas que vous avez pu voir entreposés derrière le parking du Marché U), qui est envoyé au four ou évacué par barge. Volume traité, 35 tonnes par jour en moyenne.
Trions le carton…
Oui, le carton aussi se trie à Saint-Barthélemy, pour les professionnels comme pour les particuliers. Une benne spéciale est prévue et une machine reçoit 42 tonnes de cartons par mois. Elle presse la matière pour en faire des « balles » de 600 à 700 kg chacune, qui sont vendues aux Etats-Unis, où une société en refait du carton. Efficace.
… Et le reste
Quand vous jetez dans votre sac transparent autre chose que du verre ou des canettes, sachez que quatre employés de Dalkia Wastenergy le voient... « Le pire que j’ai trouvé, c’est des abats de cabris », raconte l’un. « Et les couches, pour enfants comme pour adultes, on en a très souvent ! » Cette machine mise en service en juillet 2017 sépare 4,5 tonnes de verre et canettes chaque jour. Une partie du verre est expédié, une autre utilisée sur l’île, mais le sable ne peut pas être utilisé à la fabrication de béton, par exemple : « Pour ça il nous faudrait une deuxième installation, aussi grosse que celle-là ».
Pneus… et shingle ?
« En terme d’usure de pneumatiques, je pense qu’on bat des records nationaux », soupire Thierry Berry devant un monticule de pneus broyés. Ce matériau très polluant était auparavant brûlé avec le reste. Il est maintenant recyclé par une société américaine. Mais encore faut-il réussir à faire parvenir la marchandise jusque là : il faut des containers « open top », ce qui visiblement ne court pas les mers. Un gros hic vu le volume traité, de 244 tonnes à ce jour pour l’année 2018. Autre problème : le shingle, matériau longtemps utilisé dans la construction, auparavant mélangé aux pneus, est maintenant refusé sur le site. Aucune valorisation n’existe à ce jour, sans compter qu’il contient potentiellement de l’amiante. Zéro solution, donc, si vous avez du shingle à jeter à Saint-Barthélemy.
Containers
Les transporteurs imposent des containers vieux d’au moins huit ans pour les déchets. Au quai de chargement, deux containers stationnent chaque jour, pour un départ quotidien. « Quand on en a ! » précise le cariste. La plus grosse exportation par cargo est la ferraille : 2.000 tonnes vendues en 2017, 3.000 tonnes en 2018.
Particuliers
Chez les particuliers, un nouvel aménagement changera, dans les jours qui viennent, le sens de circulation actuel. Les agents accueillent 150 personnes par jour, avec des pics à 200 personnes le samedi matin. « Sur l’année, on compte 50.400 passages ». Pour rappel, les ordures ménagères et la collecte sélective sont gratuits avec la carte Tiru (Dalkia Wastenergy), mais certains produits sont payants au second passage. Exemple, l’huile à 50 centimes de litre, la batterie de voiture à 4 euros… « Beaucoup de gens repartent parce qu’ils ne veulent pas payer ; ils préfèrent jeter dans la nature », regrettent les agents d’accueil des particuliers, qui travaillent avec l’hostilité de nombreux usagers.
Incinérateur
Pour finir, l’usine d’incinération des déchets, à plein régime : le four brûle 12.000 tonnes de déchets sur l’année, alors qu’il est prévu pour 10.000 tonnes.
JSB 1306