Dimanche 23 août, c’est la journée mondiale topless, surtout célébrée par les anglo-saxons. En France métropolitaine, les jeunes filles sont de moins en moins nombreuses à pratiquer le “seins nus” à la mer, dans la crainte d’une agression ou de remarques déplacées. Cette tendance à la baisse est-elle propre à la métropole ou visible également sur nos plages ?
«Il y a nettement moins de monde qui en fait » confirment Sandra et Nathalie, habituées du topless. Sandra, âgée d’une cinquantaine d’années, note une grande diminution des monokinis sur les plages de l’île. Née à Saint-Barth, elle déclare avoir débuté le topless « parce que tout le monde le faisait ». En ce premier dimanche d’août à Gouverneur, la tendance est plus au bikini (deux pièces) qu’au monokini (culotte seule). Moins d’une dizaine de femmes pratiquent le topless et toutes sont âgées de plus de trente ans. Ce scénario semble confirmer la dernière étude Ifop* sur le sujet, selon laquelle seulement 19% des femmes de moins de 50 ans se mettent seins nus à la plage, contre 43% en 1984. Pour Nathalie, c’est en grande partie en raison d’une prise de conscience des effets négatifs du soleil sur la peau. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle elle a arrêté le topless pendant dix ans, en métropole : « Au Cap Ferret, personne n’était topless. Les femmes ont recommencé à se protéger ».
De mère en fille
La crainte du soleil ne semble pas avoir enterré totalement cette pratique. Un mercredi après-midi sur la plage de Corossol, trois jeunes femmes de moins de 20 ans se prélassent, poitrine apparente. Le bronzage uniforme et le confort sont leurs motivations principales. « Nous, on habite là depuis qu’on est petites », déclare Elhia, comme si le topless était un élément culturel inhérent à Saint-Barth. «Nos parents faisaient la même chose », ajoute Danaé. Le topless apparaît alors comme une tradition familiale qui se transmet de mère en fille sur les plages de l’île. Quelques mètres plus loin, un groupe de filles du même âge discutent, portant toutes un haut de maillot de bain. Pour autant, le topless n’est pas une pratique étrangère pour elles. Meg affirme en avoir déjà fait, « mais aujourd’hui il y a trop de monde sur les plages ». Le regard des autres et surtout celui des hommes est pour elle un frein déterminant à la baignade poitrine exposée.
Revendication féministe
On est donc bien loin des années soixante-dix où le topless était une revendication féministe sur le sable. Il semblerait que la lutte pour l’égalité des sexes ait quitté les bords de mer pour débarquer dans les rues. Ce dimanche 23 août a eu lieu aux Etats-Unis le « Go Topless Day », une journée durant laquelle les femmes revendiquent le droit de déambuler publiquement seins nus. En France, des associations féministes exposent également leur poitrine publiquement. Elles cherchent à désexualiser la poitrine féminine, c’est-à-dire enlever des esprits l’image des seins comme seul objet sexuel. Selon certaines associations féministes, la poitrine des femmes devrait être comparable à la poitrine masculine : une partie du corps comme une autre, donc montrable.
Cette recherche d’égalité entre les sexes se manifeste autrement aujourd’hui, notamment par le mouvement appelé “no bra”, le fait de ne pas porter de soutien-gorge sous un haut. La revendication féministe n’est pas la raison principale pour laquelle des femmes décident de tomber le soutien-gorge. Selon une étude Ifop du 15 juillet 2020*, parmi les femmes qui ne le portent pas, 53% d’entre elles ont arrêté parce que ce dernier procurait de l’inconfort. A Saint-Barth, Kathy, une jeune femme âgée de 20 ans, confie n’en n’avoir pas porté depuis deux ans. « J’ai commencé quand je suis partie en France, c’était plus facile parce qu’on porte plutôt des pulls amples. »
Dans quelques décennies, on peut peut-être s’imaginer interroger des jeunes femmes pratiquant le “no bra” sur l’île et quand on leur demandera pourquoi, elles diront : « Ma mère et ma grand-mère faisaient pareil ».
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*Étude Ifop pour VieHealthy.com réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 15 avril 2019 auprès d’un échantillon de 5 026 femmes, représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus résidant en Italie, en Espagne, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.
* Étude Ifop pour Xcams réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 9 au 12 juin 2020 auprès d’un échantillon de 3 018 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.