L’attente sera bien plus longue que prévue pour les habitants de Vitet et Dévé. La voie territoriale située au carrefour des Quatre Vents et qui entame la remontée vers Vitet est obstruée par d’imposantes roches depuis maintenant près de deux mois et le glissement de terrain survenu le 19 juillet lors d’un épisode de fortes pluies. La route n’est, par conséquent, toujours pas ouverte à la circulation. Si, lors d’une réunion de quartier organisée le 30 août, le président de la Collectivité avait avancé la date du 5 octobre pour une éventuelle réouverture (lire JSB 1581), ses prévisions se sont depuis avérées on ne peut plus optimistes. En effet, dans un communiqué diffusé le mardi 10 septembre, Xavier Lédée a indiqué qu’une reprise de la circulation sur la voie qui permet d’accéder à Vitet puis Dévé ne se fera pas avant le 25 octobre. Ce qui, pour peu que l’ouverture puisse avoir lieu à cette date, représentera plus de trois mois de contraintes diverses et variées pour les habitants du quartier.
« Je tiens à vous assurer qu'une surveillance et un entretien régulier de la voie d'accès principale sont effectués et continueront de l'être pendant toute la durée du blocage, a écrit le président Lédée dans son communiqué. De plus, les travaux de réfection de la route de Marigot ont été adaptés pour limiter la gêne occasionnée aux transports scolaires. »
Des actions en justice de la propriétaire
Après la réunion de quartier du 30 août, la situation a, semble-t-il, quelque peu évolué. En effet, Xavier Lédée confirme que la Collectivité a « rencontré des obstacles supplémentaires ». Il explique : «Malgré tous nos efforts pour maintenir un dialogue constructif, la propriétaire de la parcelle concernée a choisi la voie judiciaire, engageant plusieurs actions en justice contre notre Collectivité. » Sollicité le mardi 10 puis le mercredi 11 par le JSB pour apporter davantage de précisions sur la nature des actions en justice initiées par la propriétaire de la parcelle située en surplomb de la route, le président de la Collectivité n’a pas apporté de réponse.
Toutefois, dans son communiqué, Xavier Lédée précise : «Face à cette situation et à l'apparente réticence du propriétaire à entreprendre rapidement les travaux nécessaires, j'ai dû prendre des mesures décisives pour protéger l'intérêt général. C'est pourquoi j'ai signé ce lundi 9 septembre un nouvel arrêté de mise en sécurité, visant à mettre en œuvre des travaux spécifiques, basés sur les recommandations d'experts et chiffrés par des entreprises qualifiées. » Là encore, le Journal a sollicité la Collectivité et son président pour connaître le montant des travaux. Sans succès.
Un calendrier des travaux
Un calendrier de ces travaux à entreprendre a été dévoilé. En semaine 38, c’est-à-dire celle qui débute ce lundi 16 septembre, en l’absence d’action de la part de la propriétaire, la Collectivité entend prendre l’initiative des travaux de reprise en sous-œuvre de la terrasse. Il est à noter que des piliers ont d’ores et déjà été installés afin d’empêcher tout effondrement de la partie de la maison dont les fondations ont été entraînées par le glissement de terrain du 19 juillet.
Lors des semaines 39 et 40, des forages et la création d'une paroi berlinoise seront réalisés. La paroi berlinoise est un type de soutènement, provisoire ou définitif, formée d'éléments offrant une résistance verticale et réalisée au moyen de profilés métalliques et d'un blindage en planches bois, en prédalles ou en plaques d'acier. En semaine 41, des ancrages seront mis en place. Enfin, si toutes les étapes ont été franchies dans les temps, la semaine 42 sera consacrée à la remise en état de la voirie. « Notre objectif est de rouvrir la route le 25 octobre », écrit le président Xavier Lédée, qui se dit « pleinement conscient qu'aucun calendrier ne sera à la hauteur » des attentes de la population. « Je m'engage à ce que, en tout état de cause, nous déployions tous les efforts possibles pour raccourcir ce délai », affirme l’élu, assurant qu’il a « personnellement mobilisé l'intégralité des ressources » de la Collectivité.
Par ailleurs, conscient de la colère grandissante des habitants de Vitet et Dévé – Certains ont annoncé un blocage de la Tourmente si la route de Vitet n’était pas rouverte dans les plus brefs délais – Xavier Lédée affirme qu’il « mesure pleinement l’impact de cette situation » sur la vie quotidienne des résidents. Il évoque ainsi les détours imposés, le temps perdu, l'inquiétude face à l'accessibilité aux domiciles… Et il s’engage à informer chaque semaine les habitants de l’avancée des travaux.
Une route des Trois Forces dégradée
Pour les plus pessimistes des habitants de Vitet et de Dévé, l’annonce d’un report de la date d’ouverture de la route au 25 octobre a été accueillie sans émotion. Si ce n’est celle d’une déception d’ores et déjà anticipée. Pour les autres, plus optimistes, c’est la douche froide. Comme pour cette résidente, qui oscille entre la stupéfaction et la colère. « Trois mois, c’est interminable, peste-t-elle. Je ne suis pas sûre que les personnes qui n’habitent pas le quartier se rendent compte des problèmes et des inquiétudes que ça nous cause tous les jours. »
Car les détours et l’accessibilité sont deux problèmes évidents mais qui se conjuguent à de nombreux autres. Le fait que la route des Trois Forces, étroite et en piteux état, soit désormais empruntée quotidiennement par tous les types de véhicules (du scooter à la voiture en passant par les camions de chantier) en est un. Mais aussi la question de la dangerosité de cette voie, qui est désormais l’unique accès possible. «Ensemble, nous surmonterons cette épreuve », rassure Xavier Lédée dans son communiqué.
Si la patience est la mère de toutes les vertus, il va falloir que les habitants de Vitet et Dévé la consulte quotidiennement. Pour encore près de deux mois. Dans le meilleur des cas.
