Mi-janvier sept poubelles en bois étaient installées le long de la route à Grand-Fond, quatre pour les déchets ménagers et trois pour le verre et le métal alimentaire. Une initiative des habitants, qui en tirent un premier bilan.
Avant janvier, à Grand Fond comme ailleurs sur l’île, les sacs de déchets s’amoncelaient le long des routes. « Les chats les ouvraient se rappelle Joachim, un riverain, les ordures se retrouvaient au milieu de la route. Ça faisait sale mais surtout, ça mettait en danger la population. »
Même quand le tri était fait, les éboueurs avaient du mal à distinguer les sacs d’ordures ménagères classiques de ceux contenant verre et métal, puisque tout était disposé au même endroit.
Les horaires de dépôt n’étaient pas respectés par les usagers et, selon certains riverains, des habitants des autres quartiers venaient même discrètement déposer leurs ordures loin des regards, à Grand-Fond.
A force, les habitants ont décidé de s’organiser. Ils ont installé des bacs à poubelle, en plastique et en palettes, à deux différents points du quartier (JSB1407). Une jeune architecte de l’île, Audrey Aubin, a fait les plans des conteneurs et les services techniques de la Collectivité ont coulé des dalles de béton pour les installer, aidé sur l’achat de quincaillerie. Des pièges photo se déclenchent à chaque passage et permettent d’identifier ceux qui seraient tentés de ne pas respecter les horaires de dépôt, de laisser des déchets non-ménagers ou de déposer leurs sacs à côté des poubelles.
« Depuis l’installation des nouveaux bacs, à ma connaissance il n’y a eu qu’une infraction, déclare Hélène Bernier, élue Saint-Barth Autrement et habitante du quartier. Un samedi à 10 heures, quelqu’un est venu déposer des sacs de ciment qui avaient durci. »
Il arrive encore que des riverains ne respecte pas le jour ou les heures de dépôt des ordures. Pour ce genre d’infractions, les habitants du quartier qui s’en aperçoivent lancent un « retour à l’expéditeur » et ramènent les sacs chez le contrevenant. Pour l’instant, ils n’ont pas appelé la Police territoriale qui pourrait délivrer des amendes, ils souhaitent s’en tenir à de la «prévention ». « Le fait que les habitants participent les rend plus vigilants, ils surveillent le bon fonctionnement du projet. », déclare Hélène Bernier. Nadège, une autre habitante qui a participé à la construction des poubelles insiste sur l’aspect convivial : « C’est génial de participer, d’aider, d’échanger et ça crée des relations entre voisins. »
Au fil des remarques et des observations, le projet évolue : « on a abandonné le bois de palette parce qu’il ne tenait pas dans le temps », détaille l’élue. Mais les bacs en plastique, préférés par les éboueurs, ne sont pas non plus la solution : « il y avait toujours des ordures à côté. On ignore pourquoi. Nous pensons que c’est à cause de la hauteur des bacs, les sacs poubelles étant lourds, les gens ne peuvent pas tous lever donc ils les posent par terre à côté du conteneur. » Résultat : ils ont été remplacés par des bacs en bois. Un riverain s’est également plaint de la proximité des bacs de son terrain. Il craignait que cela attire les nuisibles. Depuis, une société de dératisation s’occupe gratuitement des sites deux à trois fois par semaine.
Pour la Collectivité, les poubelles de Grand-Fond sont un test. Si le système est concluant, elle pourra accompagner d’autres initiatives de quartiers pour développer les poubelles à usage commun. «Des gens m’appellent pour se renseigner, ils veulent pareil ailleurs sur l’île !», s’enthousiasme Hélène Bernier.