Tout comme le “bon Dieu”, les habitants de Saint-Barthélemy ont accordé leur confiance au Père Fiorenzo Rossi, durant ses six ans de service à la paroisse. Il laissera derrière lui le souvenir d’un homme dévoué, à l’écoute et doté d’un grand humour.
«Le bon Dieu a eu confiance avec une tête comme la mienne ! » s’amuse le Père Rossi en revenant sur son parcours. Du haut de ses quarante-deux ans de prêtrise, il raconte sa jeunesse italienne. « Vous savez, moi je faisais comme les gilets jaunes, à dix-huit ans je balançais des cailloux sur la police ». Heureusement, le Seigneur ne lui en a pas tenu rigueur. D’ailleurs, le prêtre n’a pas de regrets. « C’est la jeunesse », dit-il d’un air rêveur.
A 20 ans, Fiorenzo Rossi devient la figure paternelle pour son petit frère, après la mort de leurs parents. « C’est de là que vient mon besoin d’être toujours occupé. » Les paroissiens de l’île peuvent le confirmer, durant ses six années de service le Père n’a cessé d’innover. Il déambule dans le presbytère pour montrer avec fierté toutes ses créations. « J’ai repeint les murs, parce que tout blanc ce n’est pas joli », dit-il en désignant les carrés colorés qui illuminent la pièce. Le Père Fiorenzo Rossi s’est fait connaître pour ses talents de peintre. Les croyants profitent désormais des décorations qui redonnent vie aux trois églises de Saint-Barth. Tout en pointant une photo de l’autel à Gustavia, le Père sourit : « Vous voyez, on dirait un orgue? Et bien non, ce sont des gouttières que j’ai repeintes ! » L’Italien est un artiste, mais un artiste qui refuse le gaspillage. Cette attention portée au recyclage fait de lui un homme aux innombrables facettes. Chimiste : « Avec cette machine je fais fondre la cire que les paroissiens donnent pour faire des nouvelles bougies. » Informaticien : « On a mis en place à Gustavia et Lorient des écrans et des vidéoprojecteurs pour afficher les chants, comme ça on ne gaspille plus le papier. » Ou encore animateur radio. Pendant le confinement, Fiorenzo Rossi a réussi à maintenir une connexion avec sa communauté grâce au volontariat de la radio Sainte-Marie des Iles. Durant toute la journée, il enchaînait la messe, les prières et parvenait même à avoir des entretiens avec les familles. Selon lui, cette radio a permis de soutenir les croyants durant cette période difficile. « Je me sentais perdu, après le confinement, de ne plus avoir ce service. »
En s’installant à Saint-Barthélemy en 2014, l’homme d’église a vécu des moments forts avec la population. « Je suis arrivé en octobre, deux jours après c’était Gonzalo... » Comme pour les habitants de l’île, le plus dur pour lui fut le cyclone Irma. « Je suis sorti, et là, comme un bébé, je n’arrivais pas à m’arrêter de pleurer… » C’est lors d’épreuves comme celle-ci qu’il a pu découvrir « la forte volonté de reprise » des Saint-Barth. «Deux heures après le cyclone, les gens étaient déjà sur la route ! » Sur l’île, le Père Rossi a eu le temps d’apprendre à connaître la population. Il retient « la conviction spirituelle des Saint-Barth » et surtout leur générosité. Il raconte en rigolant : « Pendant une période j’avais mal au genou. Je suis revenu au presbytère, on m’avait apporté une chaise roulante et des béquilles ! » Pour lui, la communauté a toujours été très volontaire. « Je ne me trouvais jamais à faire quelque chose tout seul. J’ai l’impression d’avoir toujours vécu à Saint-Barth ! », lance-t-il avec affection. Vivre sur cette île, c’est subir les cyclones mais aussi voir les jeunes la quitter pour leurs études. Il s’en attriste : « 17, 18, 19 ans, c’est l’âge où ils peuvent créer des activités pour la communauté. » Comme un père de famille qui voit revenir ses enfants, il se dit toujours heureux lorsque d’anciens enfants de choeur reviennent en vacances et participent à la vie de la paroisse, le temps de leur présence sur l’île. Après six ans de loyaux services, c’est le père qui nous quitte pour retrouver son diocèse d’origine, à Bergame. Avec un départ prévu le 1er août, il lui reste moins de quinze jours auprès des croyants de sa petite paroisse. « Je pars serein parce que j’ai trouvé ici une ambiance familiale positive. On sent la chaleur du coeur des personnes. »