A une dizaine de nautiques des côtes de Saint-Barth, soit une vingtaine de kilomètres, le patrouilleur côtier “Violette” est allé à la rencontre de Guirec Soudée, qui s’est lancé le défi de traverser l’atlantique à la rame. « Nous suivions Guirec depuis le début de son challenge. Son arrivée coïncidait avec notre mission dans les îles du Nord, explique le commandant du patrouilleur P722, Romain Wagner. Nous sommes super heureux d’avoir pu l’accueillir au large. Nous l’avons contacté une fois que l’on a trouvé son embarcation dans une mer bien montée. Nous lui avons envoyé notre zodiaque avec une collation, café, croissants… des choses qui font plaisir. On a été son premier contact physique après 74 jours de mer. »
Avec une vitesse de 30 nœuds, le patrouilleur côtier a pu aller chercher le jeune marin plus loin que les bateaux de plaisance. « Quand les autres bateaux sont arrivés on s’est mis à distance, pour pouvoir manœuvrer. »
Engouement et cohésion
Tandis que sur les quais de Gustavia la foule se regroupe pour l’accueillir comme il se doit, sur l’eau en plus des amis et famille venus l’encourager pour ses derniers kilomètres, Guirec a été entouré par le capitaine Danet de la SNSM, des jeunes du Saint-Barth Yacht Club en Optimist, mais aussi par des personnes en kayak, planches à voile et paddles qui l’ont rejoint à Gouverneur. « Ce sont des moments qui sortent de l’ordinaire. Par rapport à nos missions habituelles, voir l’engouement et la cohésion d’une population à l’arrivée des marins qui relèvent des défis, c’est un plaisir. C’est le côté des gens de mer. Nous sommes heureux d’avoir pu y participer en allant à la rencontre de Guirec. Cela permet également à la population de voir les forces armées, les gendarmes maritimes sous un autre aspect et pas que sous l’aspect contrôle. Il y a aussi l’aspect de sécurisation du plan d’eau, quand il y a comme cela beaucoup d’embarcations à la mer. Il y a un côté assez sympathique. » explique le commandant.
Leur mission
Le P722 “Violette” est le seul bâtiment des forces armées aux Antilles basé en Guadeloupe. Le bâtiment arrivé en 1997 à Pointe-à-Pitre couvre toute la zone des Antilles française de la Martinique aux îles du Nord, Saint-Martin Saint-Barth. « On essaie de faire un tiers du temps sur les trois zones. Avec les conditions météo, les différentes missions et la disponibilité technique du bateau. Nous sommes moins souvent que l’on voudrait sur les îles du Nord, mais on essaie de respecter cette répartition. » affirme le commandant du patrouilleur.
En charge de tout ce qui relève de l’action de l’État en mer, dont la lutte contre les trafics illicites en mer (d’êtres humains, de drogue...) lutte contre les pollutions maritimes, les sauvetages en mer, surveillance des zones réglementées, sûreté maritimes, la “Violette” s’occupe également de la police de la navigation, c’est-à-dire contrôle des pêches, contrôle de plaisance. « Donc en gros comme un contrôle sur une voiture on vérifie que tout est bon pour naviguer : le permis, les brassières, les extincteurs.... Aux Antilles, il y a énormément de plaisance, donc c’est une très grosse partie de notre travail. Les gens sont de plus en plus en règle. Il y a beaucoup de bateaux de location qui sont généralement en règle mais les personnes ne savent pas où se trouve le matériel à bord. On fait pas mal de prévention sur ce point. Nous insistons sur le fait que la sécurité c’est de savoir où se trouvent les éléments dès le départ. Ce n’est pas quand le bateau coule qu’il faut les chercher. »
L’action de la gendarmerie maritime les mène aussi à quai. « Nous pouvons aussi contrôler les clubs de plongée, les poissonneries, Les restaurants… tous ce qui relève de la mer. »
La lutte contre les trafics
Le 17 janvier dernier, la frégate de surveillance Le Germinal a réalisé une saisie de 4,2 tonnes de cocaïne sur un bateau de pêche lors d’une patrouille en océan Atlantique. « Une prise record. Des quantités comme cela c’est assez extraordinaire. Des saisies aussi importantes n’arrivent pas régulièrement » explique Pauline, responsable de la communication des forces armées aux Antilles. « Une telle saisie n’avait pas été faite par la France dans la zone Antilles depuis plus de 15 ans ».
Romain Wagner, commandant du patrouilleur Violette depuis aout 2019
« J’ai fait l’école navale, l’école d’officier de la Marine Nationale et en 2010 j’ai incorporé la gendarmerie. La gendarmerie maritime est une petite force de gendarmes d’à peu près 1000 – 1200 militaires placée pour emploi auprès du chef d’état-major de la Marine. On dépend du ministère des Armées. C’est un métier passionnant. Il y a un éventail de métiers différents au sein de la gendarmerie qui fait que beaucoup peuvent se retrouver dedans. Que ce soit la gendarmerie mobile, la gendarmerie départementale, tout ce qui est police judiciaire, sécurité routière, gendarmerie de l’air, de l’armement et au sein de tous ces corps il y a des métiers différents, plongeurs, maîtres-chiens, mécaniciens…. Quand on y réfléchit, tout le monde peut se retrouver et s’orienter en rentrant dans la gendarmerie. »
Le patrouilleur côtier de gendarmerie Violette
• Au service actif le 14 novembre 1997
• D’une longueur de 32,15 mètres pour une largeur de 6,15 mètres.
• Armement : 1 mitrailleuse de 12,7 et 1 mitrailleuse de 7,62 ANF1
• Équipage : Il est armé par deux officiers et treize gendarmes maritimes au minimum.
• Vitesse : 30 noeuds
• Autonomie : 1200 nautiques à 15 nœuds ou 400 nautiques à 24 nœuds
Les forces navales réparties aux Antilles se composent :
En Martinique de :
• 2 frégates de surveillance : Le Germinal (F733) et Le Ventose (F735)
• Le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (ou BSAOM) : Le Dumont d’Urville (A624)
• Le patrouilleur Antilles Guyane (PAG) : La Combattante (P735)
• Le Chaland Multi-Missions (CMM) La Luciole
• Le remorqueur portuaire côtier (RPC) Maïto
• 2 pousseurs : Maracudja (n°31) et Karambole (n°34)
En Guadeloupe de :
• Le patrouilleur côtier de la Gendarmerie : Violette (P722)