La préparation du chantier a débuté sur le site de propreté, où une seconde usine d’incinération doit entrer en service en septembre 2021. Reste cet énorme tas de déchets à Saint-Jean, qui continue de grandir.
C’est une épine dans le pied de la Collectivité et de Dalkia Wastenergy : des tonnes et des tonnes de broyat s’empilent à Saint-Jean, derrière le parking du centre commercial La Savane. Pas d’autre solution que ce stockage à ciel ouvert, puisque le site de propreté reçoit davantage de déchets qu’il ne peut en traiter, chaque jour. « On pensait que ces volumes importants étaient un effet post-Irma, mais force est de constater que deux ans après les volumes sont toujours aussi importants », admet Sophie Durand-Olivaud, directrice des services techniques à la Collectivité. Ce tas de déchets broyés contient principalement des débris de chantier, des emballages et palettes ; c’est la filière encombrants qui déborde.
Depuis Irma, une dizaine de barges ont été remplies de ces déchets et évacuées vers la Guadeloupe. Une opération à un demi-million d’euros la barge, aux frais de la Collectivité. Mais aujourd’hui cette option est fermée. La Guadeloupe s’est lancée dans un plan de réduction drastique de ses déchets, qui sont traités par enfouissement. Un plan qui comporte le refus des apports des voisins, sauf cas exceptionnel type cyclone. « De toute façon, on ne peut pas considérer que c’était une situation satisfaisante, en soi, d’expédier les déchets vers l’enfouissement en Guadeloupe », poursuit Sophie Durand Olivaud.
A Public, la préparation du chantier de construction du nouvel incinérateur -un investissement à 15,5 millions d’euros- a commencé par le terrassement de parcelles au fond du site. Elles accueilleront les postes qui occupent aujourd’hui le lieu de la future usine (dépollution de voiture, broyage des pneus…). Une fois ces filières déménagées, il faudra enfoncer des pieux dans le sol de cet ancien étang pour construire la nouvelle usine par-dessus, accolée à l’existante. Elles partageront la même cheminée. Un chantier qui sera complexe dans un espace restreint et sans pause dans l’exploitation du site de propreté. Le nouveau four doit être mieux adapté que l’actuel à la nature des déchets qu’il doit brûler : broyat d’encombrants, sargasses sèches et boues de station d’épuration des hôtels. Il doit entrer en service en septembre 2021, si la construction ne connaît pas d’aléa.
Mais alors faudra-t-il attendre 2021 pour voir la montagne de broyat, à Saint-Jean, disparaître ? « Dalkia Wastenergy avait un ultimatum depuis novembre », informe Sophie Durand Olivaud. « Nous avons encore une fenêtre pour les évacuations par barge. On devrait en obtenir une autour du 20 janvier. » Pas de quoi vider complètement le terrain de Saint-Jean, mais déjà un soulagement du stock. « Le transport maritime est complexe dans la Caraïbe », admet la directrice des services techniques. Les barges ne courent pas les mers, et encore moins depuis que l’une d’entre elles a coulé avec son chargement de graviers, près de Saint-Martin, il y a quelques mois. Et outre la barge, il faut organiser le chargement à Saint-Barth, le déchargement en Guadeloupe : toute une logistique ! « On espère pouvoir faire une dernière expédition en début d’année 2021, et ensuite garder le stock qui alimentera la nouvelle usine. » Pas de solution miracle : le nouveau magasin U, qui doit ouvrir le 3 mars, et la construction des ateliers des services techniques au pied du morne, devront probablement se faire avec la montagne de broyat. Ainsi que les prochaines saisons cycloniques. « Cette situation ne peut pas durer. Mais on n’a pas d’autre choix qu’être patients. » Ou alors, réduire nos apports de déchets encombrants.
JSB 1357