Saint-Barth a commémoré la victoire du 8 mai 1945, mercredi dernier. A l’approche du scrutin européen, le message des autorités nationales porte l’idée première de la construction d’une Europe réunie après la Seconde Guerre mondiale. Un hommage qui a pris encore plus de sens le lendemain avec le décès de deux militaires français morts dans l’opération de sauvetage d’otages retenus au Burkina Faso.
«Le 8 mai 1945, les armes se taisent en Europe. Rendons hommage aux soldats de tous grades des forces françaises libre, aux soldats des pays alliés, aux Résistants de tous les pays », commence avec solennité Lucien Couic, président de la fédération des Anciens combattants de Saint-Barthélemy. Mercredi dernier, le soleil cuisant n’a pas empêché de nombreux habitants, élus, représentants d’associations, sans parler des militaires, policiers et sapeurs pompiers, de participer à la cérémonie de commémoration de la victoire du 8 mai 1945.
Le scrutin en toile de fond
Le président Bruno Magras, le
sénateur Michel Magras, la députée Claire Javois et le sous-préfet des îles du
Nord Michael Doré ont déposé une gerbe au pied du monument aux morts. « Aujourd’hui, nous nous remémorons les déchirures de notre
continent et l’ampleur
du désastre moral et humain. Ainsi, rassemblés, nous mesurons la valeur de la
paix », a déclaré ce dernier, lisant la lettre rédigée par le ministère
des Armées. A quelques jours du scrutin européen, comment ne pas évoquer cette
idée d’Europe
des nations unies, née après-guerre ? La paix « est notre héritage.
Elle est la clé de voûte de la construction européenne. Elle est notre raison
de vivre ensemble. Préservons-la ! » conclut le discours officiel, comme
un avertissement.
Neuf anciens combattants médaillés
Lucien Couic évoque les membres de la fédération locale qui ont pris part au dernier conflit mondial. Notamment le doyen André Patay, « qui en 1943, partira sous une fausse identité dans le maquis du Limousin pour de périlleuses opérations », ou encore Jean Bellotti, « qui à 17 ans, engagé volontaire, prendra une part active dans les campagnes. Saint-Barthélemy ne connaitra pas l’occupation, mais sa situation dans les Caraïbes, tout près des cotes américaines et sur la route du canal de Panama lui donnera une importance stratégique considérable, surtout en 1942, lors de l’entrée en guerre de l’Amérique. Il va en découler une forte activité maritime… »
La cérémonie a été l’occasion de remettre à neuf résidents de Saint-Barthélemy la médaille de bronze de l’Union fédérale des Anciens combattants. Joel Beunet, André Boumeriche, Denis Dufau, Rémy Gréaux, Jean-Louis Puissant, Jean-Claude Plassais, Steeve Ruillet, Franck Lacaille et Michel Vicaire ont été ainsi récompensés pour leur engagement.
Les leçons de la guerre
« Voici 74 ans que ce sont déroulés ces événements », a rappelé Lucien Couic en conclusion. « Le monde en a-t-il tiré les leçons essentielles ? Poser la question sous-entend que la réponse n’est pas forcément évidente. Nous regrettons que les espérances nées de cet victoire historique du 8 mai de 1945 soient bafouées, le monde connaissant encore aujourd’hui des situations de guerre, de violence, de racisme et de haine. »
L’actualité lui a donné raison dès le lendemain. Au Burkina Faso, deux soldats d’élite français ont été tués en sauvant plusieurs otages, lors d’une opération militaire délicate. Un hommage national leur a été rendu mardi.
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