Une délégation composée du président de la Collectivité, de la déléguée du préfet à Saint-Barthélemy et d’un représentant de la gendarmerie est allée à la rencontre des habitants de Lorient, mardi soir, pour prendre la mesure des problèmes qui parasitent le quotidien du quartier depuis près de trois mois.
Tandis que le soleil se couche sur Lorient, des ouvriers se rafraichissent d’une bière à proximité du Monoprix. Dans le même temps, les élèves de l’école de danse arrivent une à une afin de suivre leur cours. Comme chaque jour, en somme, le quartier vit à son rythme. Toutefois, depuis maintenant près de trois mois, la présence de quelques hommes sans-abris perturbe la quiétude de ces habitudes quotidiennes. De comportement inappropriés, parfois agressifs, à une série d’incivilités en passant par une poignée de délits, cette présence inquiète et agace une partie des habitants. Par conséquent, mardi 4 février en fin d’après-midi, après quelques alertes et autres signalements répétés depuis de nombreuses semaines (notamment par l’intermédiaire du JSB, pas plus tard que la semaine dernière : numéro 1601), le président de la Collectivité territoriale a décidé de se déplacer sur le terrain afin de prendre le pouls de cette exaspération grandissante et, ainsi, comprendre la situation.
Pour cette visite, Xavier Lédée est accompagné de la déléguée du préfet à Saint-Barthélemy, d’un représentant de la gendarmerie, de la troisième vice-présidente de la Collectivité Marie-Angèle Aubin et du directeur de cabinet du président. Une délégation qui est immédiatement accueillie par plusieurs habitants désireux d’exprimer leur ras-le-bol.
Des dégradations dans l’église
Leurs griefs visent principalement un groupe de plusieurs hommes dépourvus de logements, et manifestement d’un emploi. Parmi eux se trouvent notamment des anciens salariés d’établissements hôteliers de l’île qui n’ont pas pris de billet retour pour l’Hexagone après avoir été licenciés. Ce petit groupe s’est progressivement immiscé dans la vie du quartier, en investissant la plage et en occupant différentes zones pour dormir, boire de l’alcool… « Quand on arrive à la cabane de surf à 8 heures, ils sont déjà là avec un pack de bières », témoigne un homme. D’autres personnes soulignent le fait que des excréments sont régulièrement retrouvés en divers endroits : sur la plage, derrière la cabane de surf ou la salle de danse, et ailleurs. Même l’église n’a pas échappé à ces incivilités.
Lorsque la délégation se présente dans le lieu de culte, après la tombée de la nuit, il leur est raconté que des hommes se sont introduits dans l’église pour y boire de l’alcool. « Certains ont fait leurs besoins à l’extérieur et ont utiliser les pages d’un livre de chants pour se nettoyer », se désole une habitante du quartier. « Hier soir, ils étaient quatre ou cinq et l’un d’eux était tellement ivre qu’il a fallu le sortir en le tirant par les pieds », renchérit un résident.
Des solutions à trouver
La visite de terrain se poursuit jusqu’à la cabane de surf puis le long de la plage jusqu’à la petite « forêt » située derrière le cimetière. En éclairant leur chemin à l’aide de la lampe torche de leur téléphone, les membres de la délégation inspectent, observent, et s’interrogent à voix haute sur les solutions à apporter au problème. Car, sans signalement immédiatement ni dépôt de plainte, la gendarmerie peut difficilement intervenir sur ce type d’incivilité. Une habitante soulève la possibilité de dresser des procès-verbaux pour ivresse sur la voix publique. La gendarmerie répond que cela est fait régulièrement. Une présence accrue de patrouille pour empêcher les squats et dissuader les comportements déplacés ? Une solution. Mais la question est de savoir où iront ces mêmes personnes si des interventions régulières de la gendarmerie ou de la police territoriale les contraignent à quitter Lorient. « Car tout ça est très récent et avant, il n’y avait rien », constate une habitante.
Autre solution évoquée par un habitant : mettre ces personnes sans travail ni logement dans un avion retour vers l’Hexagone. La Collectivité territoriale en a la possibilité mais dans le cadre d’une procédure bien précise. Le directeur de cabinet du président explique ainsi que seules les personnes déjà suivies par les services sociaux en bénéficient. De plus, le paiement d’un billet d’avion ne se fait que par le biais d’une convention signée par les deux parties qui oblige le bénéficiaire à rembourser la Collectivité. En moyenne, ce dispositif est utilisé cinq fois par an, assure le directeur de cabinet du président Lédée. Quoi qu’il en soit, les hommes désignés comme les perturbateurs de la quiétude lorientaise n’entrent pas dans le cadre de ce dispositif.
En début de soirée, la délégation s’éparpille après avoir assuré les quelques habitants encore présents qu’une réflexion va être menée pour trouver des solutions rapides aux problèmes.