Le projet de restaurant et bar de plage à Lorient ne fait pas que des heureux. De fait, dès l’annonce de la délivrance d’un permis de construire par le conseil exécutif de la Collectivité territoriale, en novembre dernier, des voix se sont élevées contre l’implantation d’un établissement dans le quartier. Une pétition a été rédigée et a été mise en circulation afin de recueillir un maximum de signatures. Une démarche qui n’a pas paru suffisante aux opposants au projet puisqu’ils ont adressé un recours gracieux au président de la Collectivité, Bruno Magras. Un document de six pages daté du 10 janvier qui réclame « le retrait de la délibération accordant le permis de construire » à la société SC Management SAS représentée par Julien Sormonte.
Le recours s’appuie sur une série de « manquements » supposés au Code de l’urbanisme. Ainsi, les douze signataires du document (parmi lesquels l’élue de la majorité territoriale Marie-Angèle Aubin, membre du conseil exécutif et qui a voté contre l’attribution du permis) rappellent que « le conseil exécutif avait jugé dangereux le trafic important potentiellement généré par le projet sur une voie qui manque de visibilité ». Ils remarquent que le virage qui précède l’entrée du site est « entièrement masqué par le mur de la propriété voisine ». Un mur qui ne peut être « ni supprimé ni arasé » (araser signifiant mettre à niveau, ndlr), selon les signataires.
Le recours mentionne ensuite l’article 112-14 du code de l’urbanisme qui fixe la taille minimum des places de stationnement ainsi que leur agencement. Des règles qui ne sont, selon les observations des signataires, pas respectées dans le projet. Un même argument est employé afin de dénoncer le non-respect supposé du nombre de places de stationnement dont l’établissement va effectivement avoir besoin.
Des espaces de stationnement insuffisants
Le code de l’urbanisme précise que « les constructions a usage de bar ou de restaurant doivent justifier d’au moins trois places de stationnement pour dix mètres carrés d’espace d’accueil dédié à la clientèle ». Pour les hôtels (le projet comprend deux suites avec chacune une chambre), il est nécessaire de justifier d’une place par chambre. Les auteurs du recours dénoncent « l’imprécision chronique des plans fournis » par les porteurs du projet. Selon leurs calculs, effectués en se basant sur les plans et la réglementation en vigueur dans le code de l’urbanisme, ils affirment que le futur établissement doit justifier de 44 places de stationnement. Or, seules 28 sont mentionnées sur les plans. «Il n’existe aucune aire de stationnement publique à moins de 400 mètres du projet et celle-ci comporte environ 25 places déjà fortement sollicitées », insistent les signataires.
Trois autres « manquements » au règlement de la carte de l’urbanisme s’ajoutent à ceux déjà cités. L’un à propos de la modification de l’architecture du bâtiment, l’autre au sujet des surfaces « déclarées comme non imperméabilisées et végétalisées » qui sont jugées insuffisantes et, enfin, le dernier évoque le fait que la zone littorale de la plage de Lorient est située en zone UV (urbaine verte). « Contrairement aux plages d’autres quartiers, précisent les signataires du recours gracieux, elle est actuellement dépourvue de restaurant et de bar et reste une plage familiale sans commerce ni activité autre que nautique. » Pour eux, accorder un permis de construire pour un établissement tel que celui prévu dans le projet relève d’une hérésie. Et d’énumérer les nuisances qui vont découler de l’implantation d’un restaurant/ bar/hôtel dans un quartier jusqu’à présent résidentiel : « Allées et venues de nombreux véhicules, bruit continu de la clientèle, odeurs, musique, parkings sauvages, etc. »
Pour l’heure, à notre connaissance, la Collectivité territoriale n’a pas encore adressé de réponse aux auteurs du recours gracieux. Compte tenu du récent camouflet enregistré dans le dossier de «L’Etoile » à Saint-Jean, la présidence aura sans doute à cœur de ne pas laisser un tel scénario se reproduire. Pour mémoire, après différents recours devant le tribunal administratif, l’association Saint-Barth Essentiel a obtenu l’annulation des permis de construire accordés par la Collectivité à la société porteuse du projet d’hôtel de luxe sur la plage de Saint-Jean. Un chantier désormais à l’arrêt.