Pour faire face au flux de déchets de l’île, un deuxième incinérateur est en train d’être construit sur le site de Ouanalao Environnement à Gustavia. On pourra désormais traiter jusqu’à 22.000 tonnes d’ordures ménagères.
L’année dernière, le site de propreté de Saint-Barthélemy a incinéré 10.000 tonnes de déchets, provenant d’ordures ménagères et assimilés. Or l’incinérateur présent sur l’île peut tout juste traiter ces besoins, il peut « valoriser » au maximum 12.000 tonnes d’ordures par an. « Les capacités de l’usine actuelle ne suffisent pas », explique Fred Questel, directeur du site.
Car l’an dernier était une année particulière. Si l’épidémie de Covid-19 a vu augmenter la consommation de masques, de gants en plastique et autres objets jetables par mesure d’hygiène, elle a aussi limité les flux touristiques. Malgré ses 10.000 tonnes de déchets incinérés, ce n’était pas une année de forte activité touristique pour l’île.
Les déchets augmentent
« Le taux de déchets est en augmentation, détaille Fred Questel. Dans un premier temps, c’était en lien avec Irma mais ensuite, la quantité de déchets a légèrement réduit pour se stabiliser à un taux supérieur à nos capacités de traitement ».
En 2002, le site de Ouanalao Environnement a reçu 4.454 tonnes de déchets à traiter, 6.000 tonnes en 2016 et 5.104 en 2020. L’incinérateur en a « valorisé » plus encore car il peut traiter certaines ordures assimilées. La machine a englouti 6.280 tonnes de détritus en 2002 et jusqu’à 12.017 tonnes en 2016, année record où l’installation n’a pas pu être interrompu pour maintenance.
Si le tourisme -et les déchets qui l’accompagnent- venait à augmenter, en cas de panne de l’incinérateur ou même lors des deux semaines de maintenance technique annuelles, le site n’aurait « pas le droit à l’erreur » : le risque de saturation guette. Et les réparations peuvent durer : « Notre situation insulaire implique une distance avec les différents fournisseurs, les différents techniciens, un temps supplémentaire d’approvisionnement en pièce de rechange ou en consommables (produits de traitement d’eau, chaux calcique pour optimiser le traitement des fumées, etc.) », souligne Fred Questel.
Un chantier à 15,5 millions d’euros
La construction d’un nouvel incinérateur, c’est en principe l’assurance d’avoir en permanence au moins une machine qui fonctionne, capable de traiter les déchets ménagers des habitants et des touristes de l’île. Le chantier, estimé à 15,5 millions d’euros a débuté en novembre 2019 et devrait se terminer fin 2021. Le nouvel incinérateur, qui s’étend sur 400 m2 pourra traiter une tonne de déchet par heure, jusqu’à 10.000 par an, selon le même principe que celui déjà existant, mis en service en 2001 : la vapeur produite par ce four géant servira à la Sidem pour dessaler l’eau potable dans un évaporateur.
« Plus c’est trié mieux c’est traité »
Le bon fonctionnement de l’incinérateur, qui traite l’ensemble des ordures ménagères jetées à Saint-Barthélemy à l’exception du verre et du métal alimentaire, dépend aussi des comportements individuels : « Plus c’est trié à la source, mieux c’est traité et moins il y a de risque pour le personnel », insiste Fred Questel, qui a déjà vu passer dans des poubelles classiques des bouteilles de gaz ou des hydrocarbures… « Cela aurait pu créer des incendies ».