Jeudi 16 mai a lieu le premier abattage de cabris à l’abattoir de Salines en présence de deux représentantes de la DAAF (Direction de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt) venues de Guadeloupe et de Saint-Martin, et d’un vétérinaire ceci afin de valider l’agrément. Financé par la Collectivité et monté par l’association Island Nature Experience (INE, JSB 1564), l’abattoir à cabris avait été inauguré le 25 avril en présence de la ministre déléguée chargée de l’Outre-mer, Marie Guévenoux (JSB 1565). L’abattoir est destiné à l’abattage des cabris (caprin) et moutons (ovin), à la demande des éleveurs. il y a une quinzaine d’éleveurs à Saint-Barth.
Un patrimoine culturel local |
Nicole Hum, cheffe de l'Unité territoriale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin auprès de la DAAF
Quel est le rôle de la Direction de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt (DAAF) ?
Garantir la sécurité sanitaire des aliments et le respect de l’animal dans le cadre de sa mise à mort.
Quelles sont les démarches administratives pour obtenir l’agrément ?
L’analyse du dossier technique suivi d’une visite à blanc. Vient ensuite la programmation du premier abattage officiel auquel nous participons pour cadrer et délivrer l’autorisation. C’est ce qui a eu lieu jeudi 16 mai.
On doit s’assurer que toutes les normes sont respectées, et contrôler la viande. Il s’agit d’une obligation règlementaire afin de s’assurer de la sécurité sanitaire de la viande et analyser le processus dans le cadre du respect de l’animal. Le cadre est similaire à la France avec des déclinaisons adaptées au territoire.
Serez-vous présente au prochain abattage du 15 juin ?
Oui, l’état est présent pour chaque abattage, c’est une obligation. Il y aura un inspecteur de la DAAF et un vétérinaire pour vérifier les animaux vivants, après l’abattage et avant la mise en vente. Au moment de la découpe s’il y a la moindre suspicion concernant la santé de la bête, la DAAF se charge de la saisir.
Island Nature Experience, l’acteur local de la filière caprine
Quel est le rôle d’INE ?
Rudi Laplace, président de INE : Nous sommes le premier éleveur de Saint-Barth enregistré en Guadeloupe. Nous accompagnons les éleveurs dans leurs démarches, les subventions et aides pour rendre la filière viable. Nous allons également développer une laiterie et une fromagerie.
Comment sont sélectionnées les bêtes ?
Tout éleveur qui souhaite abattre une bête doit contacter l’abattoir. Une fois qu’il y a assez de demandes on valide avec le service vétérinaire. Une liste d’attente est établie, puis les animaux sont identifiés et abattus.
Combien d’abattages sont prévus ?
1 à 4 abattages par mois, de 7 à 14 bêtes.
Où est vendue la viande ?
Elle est vendue en direct à ceux qui le demandent : restaurateurs, cantine scolaire… Nous communiquerons en temps voulu et il sera possible de faire des précommandes. Les cabris ou moutons sont vendus par ¼, Gigot ou côtes, qui pèsent un à dix kilos. Les bêtes à Saint-Barth sont de très bonne qualité. Il n’y a aucun parasite, le climat y est idéal.
C’est une avancée pour Saint-Barth ?
Oui, la création de l’abattoir permet de réorganiser la filaire caprine locale et de travailler l’autonomie alimentaire. Les éleveurs ne lâcheront plus leurs bêtes qui pourraient détruire la nature.
Comment s’est déroulé le recrutement des abatteurs ?
Nous avons passé une annonce et reçu des candidatures. Certains avaient de l’expérience, d’autre pas. Ils ont suivi une formation sur trois jours. Deux jours de théorie surtout sur le respect animal et un jour de pratique. La prochaine étape est qu’un technicien de Guadeloupe compétent va recevoir les abatteurs de Saint-Barth pour affiner leur formation.
L’abattage, un processus millimétré en 5 étapes Ce matin-là, trois des cinq abatteurs volontaires d’INE sont présents : Sébastien, Ferdinand et Emmanuel. « Il y a une nécessité de réguler », souligne un des abatteurs. « Nous sommes une belle équipe où tout le monde s’entend bien. Les maîtres mots sont le plaisir d’apprendre et le respect animal. » Sur les trois abatteurs présents, un accompagne la bête et les deux autres procèdent à l’abattage. Les bêtes arrivent la veille et restent dans un enclos. Les mâles et les femelles sont séparés, il y a de la nourriture et de l’eau. Le matin de l’abattage, la bête est accompagnée dans le « couloir d'amenée ». Sachant qu’il est interdit de la toucher ou de la tirer. Elle est « poussée » par derrière afin d’éviter toute souffrance animale. Dans la salle dite « sale », trois mots d’ordre : rapide, efficace, et que la bête ne souffre pas. « On les abat au matador, c’est une tige en métal perforante avec de la poudre », explique Sébastien qui développe. « L’étape suivante est le dépeçage et l'éviscération puis, le vétérinaire contrôle la bête. Pour ces contrôles il est obligatoire de conserver plusieurs organes comme le cœur, la trachée, les poumons et le foie. » |