Untel, logé chez untel, dans tel quartier. La publication en ligne de la « base adresse locale » par la Collectivité territoriale, le mercredi 28 février, a marqué la fin progressive du flou artistique qui règne depuis toujours à Saint-Barth dans l’adressage. En effet, désormais, chaque habitant dispose d’une adresse précise, avec un numéro et un nom de rue. Une évolution qui est le fruit d’un travail entamé sous l’ancienne mandature et qui a été poursuivie depuis deux ans. Notamment par le conseiller territorial Fabrice Querrard, à qui cette méticuleuse tâche a été confiée en début de mandat par le président Xavier Lédée.
Pour connaître son adresse, il suffit donc de se connecter sur le site officielle «adresse.data.gouv.fr » et d’y rechercher Saint-Barthélemy. Pour les détenteurs d’un « téléphone intelligent », il est également possible d’utiliser le QR code publié en ligne par la Collectivité. L’annonce de cette évolution a été globalement accueillie de manière positive par la population. A tout le moins à en juger par les réactions des internautes qui se sont exprimé sous la publication de la Collectivité sur un «réseau social». A tout seigneur, tout honneur : de nombreux messages ont été rédigés afin de féliciter Fabrice Querrard pour son travail. Une juste récompense. En revanche, beaucoup d’internautes s’interrogent sur l’origine du nom que porte désormais la rue dans laquelle ils habitent. Car, malheureusement, tous n’ont pas pu, ou n’ont pas voulu, assister aux réunions organisées depuis des mois dans les quartiers de l’île pour présenter le projet et réfléchir aux futures nominations des voies.
Derrières les noms, des histoires
C’est sans doute le cas de Guillaume, qui remarque : « Très bonne initiative, beaucoup de travail, mais il aurait fallu juste avoir plus de concertation parce que « le banc d'argent » à Colombier n'a jamais existé. Cet endroit s'appelle « le Banc de roche ». » Et Claudie de lui répondre : « Il y a eu des réunions de quartier pour choisir les noms. » Un autre internaute ajoute : « Très bien tous ces noms d'impasses, de routes, de voies, mais derrière tous ces noms il y a des histoires qu'il serait bien de savoir. Parce que dire j'habite à tel endroit et en savoir l'histoire c'est un plus. » Cette fois, c’est l’élue Bettina Cointre qui précise : « C’est prévu. Mais c’est un travail énorme qui demandera du temps… Mais c’est prévu. »
Plus loin, Tiffany s’interroge : « Qu'est-ce qu'un "morne du pi" ? Quelqu'un peut-il me le dire, car je suis maintenant résident. » Denis lui explique qu’un « pi » est « un puits en créole » tandis que Lucile complète : « C’est la descente de Terre Neuve vers Flamands. »
Changement de quartier
Il va sans dire que certains administrés tombent quelque peu des nues en découvrant leur « nouvelle » adresse. Particulièrement lorsque celle-ci les propulse, sur le papier, dans le quartier voisin. Un changement qui peut être aussi problématique que cocasse. Comme l’écrit Vincent : « Je réside depuis 15 jours Allée Pascal Laplace sans le savoir. Et je n'habite plus à Vitet mais à Dévé. Je ne sais pas comment les administrations vont digérer autant de nouvelles données en si peu de temps, car pour toutes je demeure à Vitet. Vais-je devoir refaire tous mes papiers et signaler mon changement d'adresse aux autorités, modifier les statuts de ma société, faire modifier tous mes contrats, mes coordonnées bancaires, etc ? Car là, ce n'est juste ajouter une ligne à l'adresse mais réellement changer mon adresse. En plus, je n'ose pas dire la chose au propriétaire de mon logement qui a toujours été très fier d'être né à Vitet et de toujours y avoir vécu. » Nul doute que le propriétaire en question ne saurait tarder à s’apercevoir du changement.
Pour certains, le nom de leur nouvelle adresse se révèle être une satisfaction. C’est le cas de Ooye, qui écrit : « Nous, c’est montée du Capitaine ou chemin de Montretout. J’aime bien le premier ! » Et le même Ooye de s’amuser à la lecture de publications de personnes qui mentionnent leur filiation avec l’homme ou la femme qui a donné son nom à une voie. « Si tous les gens commencent à dire que c’est là que leur grand-père ou leur mère passaient, on n’est pas sorti de l’auberge ! »
Enfin, une petite touche historique se glisse ici et là dans les commentaires. Principalement sous la « plume » d’Arlette Magras, une des incontournables « mémoires » de Saint-Barthélemy.
Au-delà du fait de parvenir à situer avec précision chaque habitation, le nouvel adressage va améliorer le travail des pompiers, des agents de La Poste, de la gendarmerie et des livreurs. En attendant que quelques plaques supplémentaires apportent des précisions sur l’origine des noms attribués. Pour les curieux car, fort heureusement, il en reste.