Ils sont venus, mais ils ne sont pas tous là. Or, lorsqu’il décide de décerner des récompenses, le président de la Collectivité territoriale n’apprécie guère les absences injustifiées. Par conséquent, lorsque Bruno Magras a empoigné le micro afin d’ouvrir la cérémonie de gratifications destinées aux jeunes diplômés des exercices 2020 et 2021, il n’a pas distribué que des bons points.
Bruno Magras « ne pardonne pas » aux absents
S’il se dit ravi d’accueillir les diplômés et leur famille sur l’esplanade de la Collectivité en cette fin d’après-midi du mercredi 21 juillet, le président ne cache pas sa déception et son mécontentement. « Je comprends que certains ne puissent pas être là, assure-t-il. Mais je n’apprécie pas le retour que font à la Collectivité ceux qui pourraient être là et ne le sont pas. Ce n’est pas parce que l’on est en congés que l’on ne peut pas accorder quelques minutes aux élus qui se font un devoir de les mettre à l’honneur. Alors je pardonne à ceux qui ne peuvent vraiment pas être là et je remercie leurs parents de leur présence, mais je ne pardonne pas à ceux qui pourraient être là et qui ne le sont pas. » La fermeté du discours est à la hauteur de la déception.
Cabinet d’ostéopathie et « trips » surf
Fort heureusement, de nombreux diplômés n’ont pas « séché » la cérémonie de remise des prix. A l’image de Mélissane Ribot Gumbs, âgée de 23 ans et qui a décroché son diplôme d’ostéopathe (Bac +5) à Paris en 2020. Depuis, elle n’a pas perdu de temps et a déjà ouvert un cabinet avec un collègue, sur l’île, à La Pointe à Gustavia. « Mon objectif est de continuer à me spécialiser, lance avec enthousiasme la jeune praticienne. Par exemple, en septembre, j’ai une formation en pédiatrie à Paris. Et puis j’ai envie de travailler avec tous les professionnels de santé de l’île. »
Non loin, de Mélissane, une autre lauréate aurait pu esquiver la réception pour s’adonner à sa passion, le surf. Mais Nina Reynal est bien là et arbore un large sourire. Elle aussi âgée de 23 ans, elle a obtenu son brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport, mention surf - évidemment - et disciplines associées. Deux fois championne de France, championne du monde par équipe, Nina enseigne désormais au club de Saint-Barth et, grâce à ce Brevet d’Etat, a définitivement fait de sa passion son métier. Sans pour autant oublier l’essentiel. « Je fais toujours des trips surfs, précise-t-elle dans un sourire. Je vais continuer à être monitrice, car j’ai aussi une licence Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives), et à voyager. Pour la suite, on verra ! »
« Développer une architecture plus adaptée »
Dans la série des Bac +5, Kim Questel n’est pas le moins organisé. Le jeune homme de 23 ans a décroché son diplôme de chef de projet en architecture d’intérieure et design à Bordeaux. Tout en travaillant pendant deux années en alternance au sein d’une entreprise de Saint-Barth. « Je continue de bosser avec eux, explique-t-il avec assurance. Pour des conceptions de villas, le suivi des chantiers, etc. » Pour l’avenir, il n’a qu’un souhait. Enfin, deux. « Rester là et qu’il n’y ait pas d’autre ouragan, s’exclame-t-il. Parce que j’aimerais développer une architecture plus adaptée à Saint-Barth, pour être certain que l’on ne surdimensionne pas tout. »
A défaut d’avoir réuni l’ensemble des jeunes diplômés de l’île, la Collectivité et son président peuvent se féliciter d’avoir su attirer les plus enthousiastes. Ce qui n’est pas une mince affaire.
Des cadeaux pour les diplômés
Lors de la cérémonie, chaque diplômé a reçu un petit sac des mains d’un élu de la Collectivité territoriale. A l’intérieur, un cadeau sous forme de bon d’achat d’un montant variable en fonction de la « hauteur » du diplôme obtenu. Ainsi, pour les Bac +5, le chèque cadeau s’élevait à 500 euros. Il était évidemment moindre pour les bacheliers. La Collectivité précise qu’elle n’est pas en mesure de communiquer le montant global de son investissement de gratification. « Il n’est pas encore établi car il s’agit d’un marché à bon de commande, explique le service communication. Tous les mois, l’entreprise enverra à la Collectivité une facture correspondante aux achats faits dans sa boutique. Les élèves ne récupèrent pas tous leurs lots et ils ne dépensent pas tous l’enveloppe qui leur a été donnée. » Ce qui ne va pas calmer la colère du président Magras, déjà fortement agacé par l’absence de nombreux lauréats lors de la cérémonie…