Pour suivre Antoine, Cédric et Ferdinand dans leur collecte matinale des déchets publics d’ordures ménagères, il faut se lever tôt mais aussi et surtout avoir le cœur bien accroché. Car chaque matin, ils sont confrontés au «délire » et à « l’incivisme extrême » des habitants. Outre l’incapacité de certains citoyens à déposer leurs sacs poubelles dans les contenants réservés à cet effet, les collecteurs découvrent souvent des emballages au contenu aussi inattendu qu’immonde. Des exemples ? Des sacs poubelles dans lesquels ont été vidés des bacs à graisse, des bouts de métal, des carcasses ou des viscères d’animaux, des jantes de roues de voiture... La liste est interminable. Toutefois, le sésame revient sans doute à ceux (ou celles) qui ont rempli des sacs plastiques avec des excréments avant de les balancer au bord de la route. « Normalement, on ramasse trois tonnes par jour mais maintenant on est plus vers cinq tonnes avec tout ce qui n’est pas déchets ménagers», peste Cédric.
Au bout de chaque allée, ou presque, des riverains déposent leur sac poubelle. Alors que les conteneurs sont parfois à moins de dix mètres. Des conteneurs, précisément, que ces professionnels de la collecte aimeraient voir partout sur l’île. « Au moins, le problème sera réglé et l’île sera propre », espère Cédric. Rien n’est moins sûr, toutefois. Car il n’est pas rare que les équipes qui sillonnent l’île chaque matin ne trouvent un conteneur vide et des dizaines de sacs déposés juste devant. « C’est pour ça qu’on ne ferme pas les conteneurs, parce que sinon les gens jettent dessus ou à côté », remarque Ferdinand. Désespérant ? Que dire alors des sacs remplis de cartons ? « Comme c’est devenu payant en déchetterie et que les gens ne veulent pas payer, ils déposent ça là», souffle Antoine. Sans oublier les chutes de bois de chantier abandonnées dans les bacs à verre, les cartons de bouteilles déposés au pieds des bacs à verre, les sacs poubelles lancés négligemment et cachés dans les fourrés, les batteries de véhicules, etc. En réalité, Saint-Barthélemy dispose de deux centres de déchetterie : celui de Ouanalao Environnement à public et... tout le reste de l’île.
Pourtant, Ferdinand l’assure, depuis la mise en place du tri sélectif et des conteneurs, « c’est un peu mieux qu’avant ». Ce qui ne va pas empêcher ces collecteurs de piquer encore quelques colères matinales en découvrant des sacs de déchets jetés à côté des conteneurs. Ni de continuer à démonter les couvercles de ces derniers pour que les usagers partisans du moindre effort n’aient pas à le soulever pour y déposer leurs détritus.