Saint-Barth - Vitet Dévé

Colère et impatience des habitants de Vitet et Dévé

D’ordinaire, les réunions de quartier attirent rarement plus d’une vingtaine de personnes. Mais sur le premier «pont » de Vitet, le vendredi 30 août, c’est face à une soixantaine d’habitants que le président de la Collectivité se présente. Rien de très surprenant, compte tenu de la situation à laquelle les résidents de Vitet et Dévé sont confrontés depuis le 19 juillet. En effet, cette date est marquée par le glissement de terrain qui s’est produit à l’entrée de la route de Vitet, au sommet de la montée de Camaruche. Un incident qui a entraîné la publication d’un arrêté de péril pour la maison construite en surplomb de la route. Une demeure qui menace de s’effondrer à la moindre averse de forte intensité. Depuis lors, les habitants sont dans l’obligation d’emprunter le chemin des Trois Forces pour rejoindre Marigot avant de prendre la route de Lorient ou de Grand Fond. Une situation qui s’éternise et qui agace profondément la population.


Réouverture début octobre ?
Organisée à l’initiative de la Collectivité et de la référente du quartier, Annick Aubin, la réunion est pour le président Xavier Lédée une occasion d’expliquer dans le détail les démarches entreprises par ses services depuis le 19 juillet. «Personne n’a envie que cette route reste fermée longtemps, affirme l’élu. La logique était de laisser la propriétaire faire les travaux. Ça s’est bien passé au début et puis on a eu des retours moins encourageants. On a donc repris la main pour avancer plus rapidement. » Les habitants observent et écoutent, dans un premier temps.
Le président explique que la date de réouverture initialement envisagée – le 19 septembre– a été repoussée. «Aujourd’hui, on estime que ce sera plutôt début octobre», déclare Xavier Lédée, déclenchant un brouhaha de mécontentement parmi les habitants. Il dévoile ensuite le calendrier des aménagements. Après la réception d’une étude commandée à un cabinet spécialisé, des travaux de sécurisation de la route doivent débuter entre le 6 septembre (demain) et le lundi 9. Ils se déclineront en plusieurs étapes qui devraient aboutir, aux alentours du 4 ou du 5 octobre, à une réouverture de la voie de circulation. Il faudra ensuite se pencher sur le cas de la maison.
En effet, même si un mur de protection va être érigé en contrebas de la demeure, en bord de route, il semble nécessaire de procéder à des travaux pour empêcher tout effondrement de la bâtisse. « On va avoir un rapport sur ce qu’il va falloir casser de la maison, explique Xavier Lédée. Il y a pas mal de questions sans réponse. Etait-elle trop occupée ? Mal conçue ? On a vérifié l’assainissement et il a bien été conçu pour 35 personnes. » Une partie de l’assistance éclate de rire, l’autre de colère. « C’est pour ça qu’il y a des écoulements depuis des mois », ironise un homme. «Après Irma, ils ont fait des travaux n’importe comment », affirme une habitante du quartier. « C’était cousu de fil blanc que ça allait finir par tomber », peste une femme. Les échanges se font plus vifs et il devient compliqué de se faire entendre.

« Il n’y a qu’à détruire la maison »
Quand un calme relatif est rétabli, plusieurs personnes réclament l’ouverture d’un espace sur la route pour que les véhicules puissent passer. «Est-ce que vous croyez vraiment que l’on n’a pas cherché de solution ? », leur répond Xavier Lédée, qui martèle : «La décision que l’on a prise est faite pour éviter un drame. On fait tout notre possible pour réduire les délais. » Une bonne volonté qui ne semble pas suffisante aux yeux des habitants. « Il n’y a qu’à détruire la maison, déblayer, et c’est terminé », propose un homme. Approbation générale. « On ne détruit pas la maison de quelqu’un comme ça », réplique le président de la Collectivité.
La référente du quartier, Annick Aubin, comme d’autres habitants, souligne le fait que la fermeture de la route entraîne de nombreux autres problèmes. Comme la dégradation de la route des Trois Forces ou celle de l’entrée de la route de Marigot. « Un mur est en train de s’effondrer », avertit un habitant. La circulation de camions de plus de 3,5 tonnes ne contribue pas à améliorer la situation. De plus, la population s’inquiète des difficultés que pourraient rencontrer les pompiers ou une ambulance en cas d’intervention urgente. Xavier Lédée insiste sur le fait que la Collectivité « essaie de réduire tous les délais » et réaffirme : «C’est de l’intérêt général que la route soit fermée. »
La réunion se termine après que l’épineuse question du ramassage et du stockage des déchets a été évoquée. Avec cette fanfaronnade lancée en l’air mais qui pourrait être perçue comme une promesse : «Donc, on se revoit le 4 octobre et si la route reste fermée, on bloque la Tourmente. » Et une habitante de conclure : «On est calme mais ça ne va plus durer longtemps. » L’avertissement est on ne peut plus clair.

Journal de Saint-Barth N°1581 du 05/09/2024

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