Saint-Barth -

Adrien Elie aux commandes pour un vol de routine.

Adrien Elie, jeune pilote pas si « tête en l’air »

Lorsque la Fédération française d’aéronautique organise en 1953 la première édition du Tour aérien des jeunes pilotes, Adrien Elie était encore loin, très loin de voir le jour. Soixante et onze années plus tard, le jeune pilote originaire de Saint-Barthélemy va avoir le privilège de participer à cet événement unique qui réunit tous les deux ans 45 aviateurs âgés de 18 à 24 ans pour deux semaines d’un périple aérien au-dessus de la France hexagonale. Mais plus qu’un apprenti en quête d’aventure et de connaissance, c’est en qualité d’ambassadeur de son île que le jeune Adrien Elie va se joindre à la joyeuse escadrille pendant près de deux semaines.
Dans ses bagages, Adrien Elie ne transporte pas que ses vingt ans. Né à Saint-Martin, il a passé toute son enfance à Saint-Barthélemy. Comme tous les adolescents, il quitte son île à la fin de ses années collège. Enfin presque, puisque au terme de son année de 4e qu’il s’envole pour l’Hexagone. Il suit un parcourt scolaire « normal », comme il le qualifie, et obtient un baccalauréat scientifique avec une spécialité physique et mathématiques. Dès lors, il se plonge sans compter dans la passion qui l’anime depuis sa plus tendre enfance : l’aviation.

Sa maman et Saint-Barth
« Je viens de finir ma deuxième année à l’École d’ingénieur aéronautique et spatial de Paris », indique-t-il avec naturel. L'Institut polytechnique des sciences avancées (Ispa), école d'ingénieurs de l'air, de l'espace et de la mobilité durable, est l'une des 204 écoles d'ingénieurs françaises accréditées par la Commission des titres d'ingénieurs à délivrer le titre d'ingénieur diplômé. Et sans doute l’une des plus prestigieuses. Sa passion, il explique qu’il la tient certainement de sa maman, Sabine, qui est agent de voyage. « Mais quand on grandit à Saint-Barth et que l’on voit des avions décoller et atterrir tous les jours, instinctivement, cela vous marque, sourit-il. A chaque fois que je quittais Saint-Barth ou que j’y revenais, j’essayais de parler aux pilotes, de savoir comment tout cela se passait. » Mais c’est quand il débarque dans l’Hexagone, à Royan, que son intérêt se mue en une passion plus concrète.
« Par une heureuse coïncidence, Royan possède un aérodrome et un aéroclub dynamique, raconte-t-il. Sans tarder, je me suis inscrit à l'Aéroclub de Royan Côte de Beauté et j'ai décroché mon Brevet d'initiation aéronautique (BIA) avec la mention Bien. » Il poursuit avec des cours de pilotage jusqu’à obtenir il y a deux ans son brevet de pilote privé. Comme un bonheur n’arrive pas toujours seul, un autre événement a marqué sa jeune carrière d’aviateur. « La même année, en 2022, j’ai eu l’honneur de piloter un avion à Saint-Barthélemy, raconte-t-il. Un moment chargé d’émotions et de symbolique. » L’occasion aussi pour Adrien de remercier ceux qui ont été ses premiers sponsors lorsqu’il s’est lancé dans l’aventure aéronautique. En l’occurrence, la compagnie Saint-Barth Commuter, Pati St.Barth et Avis.

La tête sur les épaules


A partir du 13 juillet, il va donc participer au prestigieux Tour aérien des jeunes pilotes. Le TAJP, organisé par la plus grande fédération de pilotes privés en Europe. « C’est assez ironique, glisse-t-il, car je ne connaissais pas cet événement. C’est un ami qui me l’a fait découvrir. C’est comme une université d’été pour les jeunes pilotes. On est encadré pendant deux semaines par des instructeurs chevronnés. Pour améliorer notre pilotage, mais aussi pour être des ambassadeurs de l’aéronautique lors de chacune des six étapes du Tour, au cours desquelles il y a des rassemblements. » Après un décollage de Belfort-Chaux, la jeune escadrille se posera successivement à Tours, Dinard, Niort, Toulouse et Clermont-Ferrand. Il est bon de noter qu’Adrien a franchi les deux étapes de la sélection avant d’intégrer le TAJP. Sur la ligne de départ, ils étaient plus de 140 candidats. « La plus grosse phase de sélection s’est faite en vol », précise Adrien, qui ne cherche pas à dissimuler son enthousiasme.
S’il a régulièrement la tête en l’air, au sens propre, le jeune homme semble aussi l’avoir solidement ancrée sur les épaules. Ainsi, bien qu’il vive sa passion intensément, il n’en oublie pas les contingences de la vie. « Je me suis tourné vers le diplôme d’ingénieur car, en parlant avec des pilotes, j’ai compris qu’il faut être conscient que l’on peut vite tout perdre, à cause d’un problème physique par exemple, explique-t-il. Donc, on doit avoir un back-up (un plan B, ndlr). Aujourd’hui, je pense à intégrer l’école des cadets d’Air France. » Une institution qui présente un avantage non négligeable : celui de prendre en charge tous les frais de formation. Néanmoins, malgré toutes ces perspectives, Saint-Barthélemy occupe toujours une place dans l’esprit d’Adrien.

« Saint-Barth, c’est mythique »
Envisagerait-il de revenir sur son île en tant que pilote ? «Carrément, réplique-t-il. Ce serait encore plus symbolique si je pouvais y revenir comme pilote. Saint-Barth, dans le monde de l’aviation, c’est mythique. Sur un CV, ce n’est pas une ligne anodine. » Il n’est donc pas impossible que dans quelques années, pas si lointaines, vous entendiez le pilote de votre avion à destination ou au départ de Saint-Barth se présenter sous le nom d’Adrien Elie. Ce jour, il est fort probable que les passagers détecteront immédiatement un soupçon de joie et d’émotion dans la voix de leur commandant de bord. En attendant, Adrien Elie va s’envoler pour un Tour en six étapes. Avec le costume d’ambassadeur de Saint-Barth.

 

Journal de Saint-Barth N°1574 du 04/07/2024

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