A Petite Anse, une entrée de sentier qui crée la discorde

Après avoir barré le vendredi 13 décembre l’entrée du sentier qui mène à la plage de Colombier, à Petite Anse, les propriétaires ont accepté de laisser un passage pour les promeneurs. Mais la situation est encore loin d’être réglée.

Quand Saint-Barthélemy se mue en Clochemerle, c’est à Petite Anse que l’on se tire dans les pattes. La semaine dernière a été rythmée par le feuilleton de l’entrée du sentier qui mène à la plage de Colombier.
Tout a commencé au matin du vendredi 13 décembre. Les propriétaires de la parcelle d’entrée du sentier et d’un terrain situé un peu plus loin décident de barrer l’accès à l’aide de deux blocs de béton sur lesquels sont disposés des rochers. Puis ils y fixent trois larges panneaux qui marquent, en français et en anglais, la limite d’entrée sur une propriété privée.

Dès l’annonce de la pose de cette barrière, qui obstrue l’accès au chemin, les réactions d’incompréhension se font nombreuses, particulièrement en ligne via les réseaux dits « sociaux ». En ligne également, le président de la Collectivité apporte une explication. « Il y a quelques mois, le propriétaire a fait une déclaration préalable pour clôturer son terrain, indique Xavier Lédée. Cette DP a reçu l’aval d’une majorité des membres du CE (conseil exécutif, ndlr). Si j’ai voté contre, Romaric Magras et Alexandra Questel se sont abstenus et les 3 élus d’action équilibre ont voté favorablement (Marie Angèle Aubin n’a pas pris part à ce vote). À mon sens, cette DP n’est pas respectée et un point est fait avec le propriétaire pour trouver une sortie intelligente face à ce que je pense être un coup de pression pour faire avancer d’autres dossiers l’intéressant. » Le propriétaire en question n’étant pas celui dont la parcelle englobe l’entrée du sentier mais un terrain situé un peu plus loin.
Les blocs de béton restent en place

Le samedi matin, les panneaux fixé la veille ont été arrachés et les blocs de béton recouverts d’inscriptions avec une bombe de peinture noire. Sur la partie droite des blocs de béton, les branchages ont été arrachés afin d’ouvrir un passage. Puis, pendant deux jours, rien ne bouge. Le lundi matin, les propriétaires replacent un panneau qui marque l’entrée sur une propriété privée. Dans la matinée, ils se rendent à l’hôtel de la Collectivité accompagnés de leur avocat pour s’entretenir avec le président Lédée.
En milieu d’après-midi, Xavier Lédée annonce, toujours en ligne : « Si des sujets fonciers légitimes restent à régler sur différents dossiers, les personnes concernées ont compris qu’un passage devait être laissé sur ce chemin d’accès à la plage de Colombier. » Une déclaration complétée par une publication de la Collectivité qui annonce la « réouverture du sentier ».
En réalité, un passage (deux, pour les personnes qui décident d’enjamber un rocher) a bel et bien déjà été ouvert dès le samedi par les personnes qui avaient arraché les panneaux. Les propriétaires ont donc choisi de ne pas les obstruer à nouveau. En revanche, ils n’entendent pas retirer les blocs de béton, les rochers et le nouveau panneau installé le lundi matin. Joint par téléphone, l’un des propriétaires explique : « On s’est rencontré (avec le président Xavier Lédée, ndlr) mais il n’y a aucun accord sur quoi que ce soit. On va remettre les panneaux qui indiquent que c’est une propriété privée. Nous, on a une propriété privée et puis c’est tout. Si la Collectivité a des documents qui prouvent qu’il y a un droit de passage chez nous, qu’elle les montre. Si des gens passent, on ne va pas leur courir après. Mais ils violeront notre propriété. A côté, il y a eu un mort dans un accident l’année dernière et rien n’a été fait par la Collectivité. Pas une mesure pour que ça ne se reproduise pas. On fait des murets partout sur cette île mais là, rien. Moi, je ne peux pas donner l’autorisation aux gens de passer chez moi. »
Depuis, si les blocs de béton ont été peints en vert pour leur donner un aspect moins rebutant, ils sont toujours bien en place à l’entrée du sentier. Tout comme le large panneau sur lequel on peut lire : « Propriété privée, défense d’entrer. »