L’hôtel de cinquante chambres qui verra le jour à la place de l’ancien Emeraude Plage a revu son projet et l’a détaillé davantage, dans le cadre d’un permis modificatif. Le conseil territorial de vendredi 4 décembre devrait valider la mise à disposition du public de l’étude d’impact de l’hôtel Etoile. Ainsi chacun pourra se faire une idée des réalités de ce futur établissement de luxe.
C’est un projet de nouvel hôtel de luxe à Saint-Barthélemy, sur la baie de Saint-Jean, qui fait beaucoup parler sur l’île. Un permis de construire a été délivré le 19 décembre 2019, puis une demande de permis modificatif a été déposée le 10 novembre 2020. Cette seconde mouture comporte une nouvelle étude d’impact. Un document que le conseil territorial du 4 décembre pourra décider de rendre public, dans le cadre d’une consultation officielle, afin de recueillir les remarques et avis des habitants, organismes, associations, entreprises. Si les élus valident cette procédure prévue par le code de l’environnement, l’étude d’impact sera consultable à la Collectivité du 11 au 30 décembre. Le Conseil économique, social, culturel et environnemental a déjà rendu son avis sur le sujet (JSB 1396), et il est défavorable. Le bilan de la consultation publique sera ensuite dressé par le conseil exécutif puis présenté au CESCE.
La première version du projet avait suscité une levée de bouclier au sein de la population de Saint-Barth, et une pétition pour qu’il soit revu à la baisse a été signée par près de 2.700 personnes. Alors, qu’est-ce qui a changé dans cette nouvelle version du futur Etoile ?
La structure reste la même : à la place de l’ancien Emeraude Plage, c’est un hôtel de 50 clés qui doit sortir de terre, bâti sur un vaste sous-sol qui occupera une bonne partie du terrain de 11.150 m2.
Le projet ressemblera un peu au Barthélemy de Grand-Cul- de-Sac (c’est le même propriétaire), avec un spa, deux boutiques, un fitness, et un restaurant de plage voisin du Lil’Rock Beach. Les bâtiments encadreront un vaste jardin doté d’une piscine au centre.
Deux bâtiments abaissés
Le principal point de crispation portait sur la hauteur des bâtiments sur la plage (6 mètres). Le Président de la Collectivité lui-même avait indiqué que c’était une erreur de la carte d’urbanisme de permettre deux niveaux en front de mer. A noter, la plus grande partie de cette espace avait été classé zone U dans la carte d’urbanisme, soit centre urbain, au même titre que Gustavia, Lorient, Corossol, puisque Saint-Jean est un quartier très urbanisé. Le fait d’être situé directement sur la plage n’avait pas été pris en compte dans le document en 2017.
Le pétitionnaire a entendu ces critiques. Deux des quatre bâtiments en front de mer ont été abaissés à un seul niveau. La position des bâtiments a également été revue pour une implantation moins massive côté mer, et au cœur de l’hôtel une seule piscine sera bâtie dans le jardin, contre deux dans le projet initial. Des places de parking ont été ajoutées (118 véhicules au total, deux PMR à l’entrée de l’hôtel et 30 places deux-roues).
L’autre changement apporté dans le permis modificatif est l’apport de détails dans l’étude d’impact, ce qu’avait demandé le CESCE. Et notamment sur la prévision du risque cyclonique.
Plus que le vent, la situation de L’Etoile, en lieu et place de l’ancien Emeraude Plage, sera risquée face à la houle cyclonique. Pour s’en protéger il faudrait, selon des études citées dans le dossier, construire un mur de 4 mètres de haut. Impensable à moins de détruire complètement la plage de Saint-Jean, déjà très érodée. Le pétitionnaire a donc opté pour un enrochement incliné et des tapis anti-affouillement. « Les propriétaires de l’Etoile acceptent le risque d’inondation plutôt que de construire un barrage », est-il mentionné.
Sur le bilan énergétique d’un hôtel de luxe à 50 chambres, l’étude d’impact précise qu’il sera autosuffisant en eau douce via le dessalement et la récupération d’eau de pluie. Les eaux traitées par la station d’épuration seront utilisées pour l’arrosage du jardin. L’eau de ville ne sera utilisée qu’en secours, en cas de panne ou d’arrêt technique. La saumure, solution saturée en sel issue du procédé de désalinisation, sera rejetée non pas directement à la mer mais par infiltration dans le sous-sol, pour limiter son impact. Enfin l’établissement souligne l’utilisation d’équipements basse consommation et une isolation réfléchie pour limiter la facture énergétique. Concernant le logement des employés, l’Etoile s’engage à construire du côté de Grand-Cul-de-Sac, et à transporter tout le monde en navette électrique.
Durant les travaux qui doivent durer trois ans, et notamment pendant la phase d’affouillement, la qualité de l’eau en baie de Saint-Jean sera vérifiée toutes les deux semaines et en cas de problème de conformité le chantier cessera séance tenante.
En conclusion L’Etoile promet de tout faire pour atténuer l’impact du chantier pour les riverains et l’environnement, mais aussi, à plus long terme, pour estomper au maximum les effets de cette nouvelle unité sur le logement, l’environnement, l’érosion de la plage, les ressources de l’île. Tous les détails seront consultables dans l’étude d’impact de 270 pages réalisée par Deborah Brosnan, si le conseil territorial valide la délibération vendredi.