Seule une cinquantaine de personnes a participé samedi 1er mai à la manifestation organisée par l’association Saint-Barth Essentiel, à Saint-Jean, dont l’objectif était de protester contre le projet de construction du nouvel hôtel de luxe baptisé L’Etoile.
Il est 8h30 et une petite dizaine de personnes seulement est rassemblée sur le parking situé en face du rond-point de l’Eden Rock, à Saint-Jean. En ce samedi 1er mai, l’association Saint-Barth Essentiel tente de mobiliser la population contre la construction du nouvel hôtel de luxe baptisé L’Etoile. Un projet qui comprend notamment un parking souterrain de plus de 5.000 mètres carrés. Les minutes passent et le petit groupe se garnit progressivement. Même s’il ne compte pas plus de trente personnes, la décision est prise de marcher jusqu’à l’entrée du chantier, sous le contrôle d’une patrouille de gendarmerie.
« Un danger immédiat pour la baie »
Si les manifestants ne sont guère nombreux, une petite cinquantaine au plus fort de la mobilisation, ils font montre de conviction au moment d’exprimer leur désaccord vis-à-vis du projet. En tête, bien entendu, la présidente de Saint-Barth Essentiel, Hélène Bernier. « La justice peut mettre encore un an avant de se prononcer mais d’ici là, il sera trop tard, assure-t-elle. C’est courageux d’être ici ce matin, parce que les gens parlent beaucoup sur les réseaux sociaux mais beaucoup ont peur d’être là pour manifester. » Certains, toutefois, n’ont pas hésité une seconde.
Nico, par exemple, estime que « Trop c’est trop ! » Il peste : «On peut mettre des maisons et des hôtels partout, mais je ne pense pas que les gens voudront vivre comme ça. » Debout à côté de lui, Marie renchérit : « On arrive vraiment à la limite de ce que l’on peut faire. Là, on parle d’un projet qui représente un danger immédiat pour la baie de Saint-Jean. » Plus loin, Angela avoue son incompréhension. «J’hallucine que l’on puisse accorder un permis à des projets de cette taille qui détériorent les sous-sols, lance-t-elle. On devrait plutôt commencer à se concentrer sur la protection de l’environnement. »
« Les plus fortunés iront ailleurs »
Si le thème de la protection environnementale revient régulièrement dans les commentaires, c’est surtout la qualité de vie et l’avenir de l’île qui est mis en avant par les manifestants. « Il ne s’agit pas d’un combat entre des écolos et des gens qui font du business, résume Jean-Guillaume. Moi, je fais du business. Mais si on offre une île totalement bétonnée aux gens qui viennent, que se passera-t-il ? » Monica réplique et fournit une réponse : « C’est simple, les plus fortunés, ceux qui ont le choix, et bien ils iront ailleurs. » Et Jean-Guillaume de regretter : « J’ai l’impression qu’il n’y a pas de vision d’avenir, que l’île n’est pas respectée. »
La plupart des manifestants avancent également « l’inutilité » d’un nouvel hôtel de luxe. « L’île est déjà engorgée, insiste Sarah. On n’a pas besoin d’un projet aussi grand. Je suis choquée que ça puisse être accepté. » Sandrine partage son avis. « Si c’était un projet qui ressemble à l’hôtel d’avant (L’Emeraude plage, ndlr), un petit établissement familial, mais là on sait que ça va avoir une incidence majeure sur la baie de Saint-Jean », assure-t-elle.
« Ça ne rapportera rien aux locaux »
Quant à l’aspect économique, les manifestants estime qu’il ne tient pas. « Ah c’est sûr, les artisans vont avoir du travail, remarque Emmanuelle. Mais sur du court terme. » Seb en est persuadé, « ce projet ne rapportera rien aux locaux ». Et d’ajouter : « Ça va rapporter beaucoup d’argent à quelqu’un qui en a déjà beaucoup mais à nous, rien, à part plus de trafic ».
La manifestation a légèrement perturbé la circulation et s’est terminée vers 10 heures. Mais les protestataires du 1er mai se sont d’ores et déjà donné rendez-vous samedi prochain, le 8 mai, pour une nouvelle mobilisation. Avec l’espoir qu’elle attirera plus de marcheurs.