Même après quelques années passées à Saint-Barthélemy, s’aventurer dans un quartier moins familier à la recherche d’une adresse peut s’apparenter à un jeu de piste des plus aléatoires. Essentiellement en raison de l’absence de repère précis. Comme un panneau qui porte mention du nom de la voie recherchée. Pour l’heure, pas moins de 612 rues, voies et chemins d’accès sont encore dépourvus de nom. Certes, ils ont parfois une identité qui leur est propre et qui est connue des habitants du quartier. L’impasse « untel », le chemin « pour aller chez », mais rien qui permette à une personne étrangère aux lieux de s’orienter efficacement. Alors, pour faciliter la vie des visiteurs mais aussi des facteurs et surtout des équipes de secours (pompiers, médecins, gendarmes, policiers…), la collectivité territoriale a entamé depuis quelques mois un travail destiné à améliorer l’adressage dans chaque secteur de l’île. Une opération complexe, fastidieuse, mais nécessaire.
Conserver une trace du passé
Si les services de la Collectivité travaillent en interne afin de localiser avec précision les voies qui doivent être nommées, ils n’entendent pas imposer des appellations. C’est la raison pour laquelle les responsables de cette opération vont systématiquement aller à la rencontre des habitants, par le biais de réunions de quartier. Une première s’est déroulée le vendredi 2 juin à Flamands. L’occasion pour les élus et les agents d’échanger avec des résidents afin de trouver les noms qui conviennent. « L’idée est de relier chaque adresse à l’histoire, à la culture, au patrimoine du quartier, de ses habitants et de Saint-Barthélemy », explique Fabrice Querrard, conseiller territorial chargé de ce dossier. Il précise : « Notre principale motivation est de faciliter l’identification et la localisation pour les services de secours, le courrier, le recensement, etc. L’adressage est aussi important dans le cadre du déploiement de la fibre optique. Une adresse a une signification. Les mots ont un sens, les voies également. D’ailleurs, elles ont toutes le même point d’origine qui est l’hôtel de la Collectivité. » Un point d’origine qui détermine le sens et la numérotation des voies.
Deux procédés vont être employés pour la numérotation des voies. Le premier est séquentiel et consiste à numéroter les adresses deux par deux depuis le début de la voie, comme à Gustavia. Le second est métrique. Il se base sur la distance en mètres depuis le début de la rue jusqu’à l’habitation. Pour exemple, la première maison ne sera pas le numéro 1 mais pourra être la 17 ou le 53, selon la distance. Quoi qu’il en soit, pour le système séquentiel comme pour le métrique, les numéros pairs seront attribués à droite et les impairs à gauche. Pour les nominations, le travail s’annonce plus délicat. Notamment pour les voies déjà existantes mais qui ne disposent pas de nom.
Propositions et contre-propositions
« Il y a un cadre que l’on va respecter, assure Fabrice Querrard. On peut prendre l’exemple du Chemin Marguerite à Toiny. Même s’il ne correspond plus à cette appellation, on va la garder. » De l’importance des rencontres avec les habitants des quartiers, qui vont ainsi pouvoir, comme ce fut le cas à Flamands le 2 juin, formuler des propositions et des contre-propositions à celles de la Collectivité. Un travail de longue haleine qui sera validé par un vote des élus en conseil territorial. Mais il ne s’agira pas d’une étape finale. « Ensuite, on va ouvrir la carte pour que les gens puissent faire des propositions, des modifications, souligne Fabrice Querrard. Car l’objectif est de conserver une trace du passé, de l’histoire. Ce n’est qu’après cela qu’il y aura un vote final en conseil territorial. »
Certains quartiers nécessiteront davantage d’attention que d’autres. Comme celui de Colombier, où les nouvelles voies sont nombreuses, ou celui de Saint-Jean. « De manière générale, les quartiers à plus grande amplitude, comme Saline, seront plus compliqués », confesse Fabrice Querrard, qui entrevoie déjà un autre volet d’importance de ce dossier : les boîtes à lettres.
La Collectivité estime qu’un dispositif de regroupement des boîtes à la jonction d’une voie principale et des voies secondaires serait idéal. Nul doute que les quelques agents de La Poste encore présents sur l’île ne seraient pas opposés à cet aménagement. Par ailleurs, si Fabrice Querrard considère qu’un « travail d’uniformisation » des boîtes à lettres paraît indispensable, il n’exclut pas de laisser le soin à chaque quartier de choisir son propre style. Pour peu que l’originalité ne tende pas vers une extravagance de mauvais goût.