C’est un lieu remarquable et chargé d’histoire pour l’île. La villa de David Rockefeller, qui trône au dessus de la baie de Colombier au cœur d’un vaste espace naturel, fait l’objet d’un traitement à part dans la carte d’urbanisme, qui sera examinée par le conseil territorial vendredi.
Nous vous en parlions dans notre édition du 21 octobre (1394) : la propriété Rockefeller, qui occupe une place spécifique à Saint-Barthélemy, bénéficie d’un traitement à part dans la carte d’urbanisme. La nouvelle version de ce document, qui sera soumise aux élus vendredi, dresse un état des lieux de la situation : la villa est un élément historique et architectural à préserver. Mais laissée à l’abandon, elle se dégrade au fil du temps et des cyclones.
Eviter la ruine totale
« La Collectivité attache une importance extrême au maintien et à la restauration de l’ancienne villa Rockefeller et entend faire le maximum pour éviter sa ruine totale », écrit cette dernière dans le rapport de présentation de la carte d’urbanisme. « La propriétaire ayant demandé (…) que les règles applicables à ce domaine soient revues pour permettre une augmentation limitée des possibilités de construire, sans lesquelles, selon elle, il était difficile d’envisager, d’un point de vue économique, la restauration des bâtiments principaux, la Collectivité a demandé à l’ATE une analyse plus précise du site sur la partie où a été édifiée la villa Rockefeller. »
Or, autour de la bâtisse et de ce qu’il reste du tipi, les spécialistes de l’ATE ont trouvé quelques espèces locales de belle taille, comme des gommiers, des amarres créoles ou des gaïacs, mais l’ensemble ressemble « plus à un jardin en friche qu’à ce qu’on voit dans le milieu naturel ». Seuls quelques spécimens remarquables, notamment un cactus tête-à-l’anglais, ne peuvent pas être déplacés. Côté faune, rien à signaler : entre les cabris, et les colonies de volailles qui ratissent les sols, aucun animal indigène de Saint-Barth ne s’abrite spécifiquement sur ce site. Seuls les pailles-en-queue sont visibles, ils nichent sur une falaise en contrebas.
Tout cela ouvre la voie à une possibilité d’aménagement restreint de la propriété. Les routes d’accès pourront être bétonnées. L’aménagement devra être réalisé dans un espace de 1,4 hectare entre la villa existante et l’ancien tipi, sur une zone peu voire pas visible depuis la mer. La nouvelle construction ne pourra excéder 200 m2 d’emprise au sol, et ne pourra être plus haute que le toit de la villa. Sur sa propriété, Rockefeller avait fait aménager une sorte de plaine afin de pouvoir poser un hélicoptère. Dans cette plaine les espèces invasives ont proliféré, elles devront être éradiquées, et aucune construction ne pourra être implantée là. Une piscine pourra être ajoutée au projet.
La presqu’île Nord (en face de la villa de l’autre côté de la plage de Colombier) reste en zone NLb, soit l’échelon de protection le plus élevé.
La restauration de la villa construite par l’architecte Nelson Aldrich sera particulièrement scrutée. L’extérieur, la cour, la terrasse devront rester identique. Seule une possibilité de créer des ouvertures sur un mur Nord de la bâtisse est laissée. L’intérieur pourra être réaménagé. Il est noté que la nouvelle construction devra respecter l’esprit et le style très singulier des bâtiments existants. Un beau défi pour un architecte !