A partir de lundi 21 septembre et pour une durée d’un mois, les habitants sont appelés à consulter la nouvelle carte d’urbanisme et effectuer leurs remarques. Bâtiments moins hauts, limitation des piscines, harmonisation des bords de route... Le point avec Juliette Gréaux, conseillère territoriale en charge du sujet, et Philippe Baffert, consultant de la Collectivité pour la rédaction de ce document fondamental.
Le principal changement de cette carte d’urbanisme revisitée porte sur la hauteur des bâtiments. « Jusqu’à aujourd’hui, on pouvait construire en R+1 sauf exceptions ; avec ce document ce sera l’inverse », explique Philippe Baffert, le Monsieur Urbanisme de la Collectivité. Une note avait été publiée au sujet de cette nouvelle norme il y a quelques mois, et depuis, des dizaines de sursis à statuer ont été décidés par le conseil exécutif sur des projets de bâtiments un peu trop haut.
142 déclassements demandés, onze accordés
Sur 142 demandes de déclassement de terrains, toutes analysées, onze ont abouti, affirment Juliette Gréaux et Philippe Baffert. Chaque secteur déclassé ne dépasse pas 800 ou 1.000 mètres carrés. « Ils seront tous en zone URa, avec une hauteur limitée à 3,5 mètres et 120 m2 maximum d’emprise au sol », ajoute la conseillère territoriale. « En cas de division d’un terrain, le propriétaire ne retrouvera pas les 120 m2 sur chaque parcelle, sauf en cas de partage familial », complète Philippe Baffert, qui insiste sur le fait que cette règle ne s’applique pas qu’aux Saint-Barths natifs mais bien à tous les propriétaires, quelle que soit leur origine. « C’est une façon de faciliter la construction d’habitats pour les gens qui travaillent à Saint-Barthélemy ».
En juin 2019, des règles de végétalisation et d’imperméabilisation avaient également été actées ; la nouvelle carte prévoit de les assouplir. Pour les terrains de moins de 300m2, la surface végétalisée sera ramenée de 40% à 15%, car cette norme empêchait les petits projets de voir le jour.
Un travail d’harmonisation des clôtures en bord de route, selon les quartiers, a aussi été effectué. « Par exemple, dans les quartiers de Saint-Jean ou Saline, on serait sur des murets de 30 ou 40 centimètres, et le reste végétalisé », indique Juliette Gréaux, présidente de la commission urbanisme. Les points de vue ont été redéfinis, « surtout à Pointe Milou, où certains ne se justifiaient pas ». Des règles de recul par rapport à la route sont aussi intégrées, afin d’éviter l’effet tunnel dans les zones en pente, « comme on peut le voir à Camaruche », illustre Philippe Baffert.
Une limitation sur les piscines a été ajoutée au projet, en dernière minute. C’est une réponse aux critiques suscitées par la grosse villa en construction à Marigot. « Les grandes piscines, c’est ce qui impacte le paysage. Les volumes de ce projet ne sont pas particulièrement énormes», commente Philippe Baffert. La nouvelle carte prévoit de limiter la surface des piscines à 100 m2 par unité foncière. C’est à dire que si l’Emeraude Plage, par exemple, demandait son permis aujourd’hui, l’ensemble des piscines du projet ne pourrait dépasser 100m2. «On s’est inspirés du code national. Cette règle pourra être affinée », note l’urbaniste.
Les droits à construire en bord de plage seront revus à la baisse. « C’est une amélioration à la marge, pas une révolution, parce que ce qui était fait jusqu’ici était pas mal », souligne Philippe Baffert. Juliette Gréaux détaille : « Le long des plages, une première bande sera en zone naturelle, une seconde n’accueillera que des aménagements légers, ensuite la hauteur sera limitée à 3,50 mètres puis dans les villages à 5,50m. »
La Collectivité espère avec ce document révisé favoriser l’habitat à l’échelle de l’île, de préférence des résidences principales. « On n’a pas à rougir de ce à quoi ressemble l’île aujourd’hui, surtout quand on compare aux îles voisines », tempère Juliette Gréaux, consciente que l’urbanisme est le sujet sensible par excellence à Saint-Barth. « Beaucoup de choses sont imputables à l’Etat, qui avait la compétence avant le passage en Collectivité », complète Philippe Baffert, qui cite le mitage (maisons isolées en haut des mornes) ou les lotissements. « Celui de la Pointe Milou, ça a été fait contre l’avis de la commune à l’époque. »
Le projet de révision de la carte d’urbanisme est déjà consultable sur le site de la Collectivité. Le registre est ouvert du 21 septembre au 21 octobre inclus. Ensuite chaque remarque sera étudiée, par la commission urbanisme et le conseil exécutif, qui modifiera éventuellement le document. La version finale sera enfin soumise au vote du conseil territorial. Lors de la dernière consultation publique de la carte, quasiment toutes les annotations de particuliers étaient des demandes de déclassement afin de rendre des terrains constructibles.