Elle ouvre le droit à construire dans quinze secteurs de l’île, restreint les hauteurs et la construction sur les plages, harmonise les clotûres et murets, et offre la possibilité d’un projet immobilier sur la propriété Rockefeller. La carte d’urbanisme dans sa nouvelle version, et le code de l’urbanisme modifié en conséquence, ont été adoptés vendredi 4 décembre par le conseil territorial.
Après la présentation des grandes lignes du projet par la présidente de la commission urbanisme Juliette Gréaux, le débat porte longuement sur la question du stationnement. Maxime Desouches (Saint-Barth Autrement) a déposé plusieurs amendements pour augmenter le nombre de places de parking obligatoires, qu’il s’agisse de projets d’habitation, de commerces, de restaurants… Il cite des lieux où la présence de véhicules stationnés sur la voie publique perturbe la circulation et augmente la dangerosité. Exemples, la rue entre la piscine et Lil’Rock, les quartiers de Flamands et Corossol… « Il y a un problème auquel il faut répondre maintenant ».
Garer 17.000 véhicules
Ses propositions n’ont pas été retenues par l’assemblée. «Trois places de parking pour une maison, c’est largement suffisant. On ne peut pas changer les règles tous les ans, surtout que ceux qui vont construire des maisons auront des terrains de plus en plus petits », rétorque Bruno Magras. Qui en revanche n’est pas opposé à l’idée de multiplier l’aménagement de parkings publics, quitte à le faire hors de Gustavia. Maxime Desouches acquiesce à cette idée. Le président digresse : « Il y a un projet excellent mais qui ne pourra pas être réalisé sous ce mandat-là (il me faudra en faire un autre) c’est devant l’aérogare. Nous avons acheté 8.000 m2 carrés de terrain. C’est un terrain facile à creuser où il pourrait y avoir un parking souterrain de 200 ou 300 places, avec l’utilisation du sous-sol et du sol. Ce sont des projets qu’il faut mettre en ligne de mire pour le futur.»
Hélène Bernier évoque le cas de Petit-Cul-de-Sac, autour de l’étang. Les résidents utilisent la chaussée pour stationner. «Il y a eu des demandes de faire des enrochements sur l’étang pour faire des parkings, car il n’y a pas de places dans les constructions.» « S’il faut faire un parking à Petit-Cul-de-Sac, why not. Si vous connaissez quelqu’un qui vend du terrain, on l’achète et on fait un parking, je n’ai pas d’objection », répond le Président.
Puisqu’on parle voitures, Hélène Bernier rallume son micro pour déplorer la quantité de véhicules sur l’île. «Ce n’est pas le débat, mais on est à plus de 17.000 véhicules aujourd’hui. Jusqu’où veut-on aller ? » « Qu’est-ce que vous proposez ? » réplique Bruno Magras. « Si vous me donnez l’autorisation de m’en occuper sans me mettre des bâtons dans les roues, je m’en occupe ! » « Ah ! Vous vous occupez de tellement de choses, vous êtes déjà débordée Madame Bernier… » Elle rit : « Merci de le reconnaître.» « Je chargerai les services techniques de regarder ce qu’on peut faire », s’engage le Président.
Avancée saluée,
avec des bémols
Sur la carte elle-même, Hélène Bernier indique que cette seconde version « vient corriger les largesses de la dernière carte. C’est une belle avancée. » Néanmoins l’élue regrette que l’on «ouvre la voie à l’urbanisation de Rockefeller. (JSB 1400) » Pour cela elle votera contre la carte. « Parler d’urbanisation, ce n’est pas sérieux. Une extension de 200 m2 et une piscine, sur un terrain de 66 hectares, ce n’est pas de l’urbanisation », selon Bruno Magras. La conseillère exécutive Marie-Angèle Aubin salue une « nette avancée » en général, avant de lancer une accusation de « favoritisme ». « Peut-on m’expliquer pourquoi, sous prétexte que la famille Horn veut vendre, on donne des droits à construire en zone naturelle ? Que dit-on aux jeunes de l’île qui ne peuvent pas construire car leurs terrains sont en zone N ? Est-ce qu’on est logique ? » Visiblement touchée, Marie-Angèle Aubin annonce qu’elle juge « injuste» cette nouvelle carte et votera contre. Bruno Magras calme le jeu. « Tous les problèmes n’ont pas pu être réglés. Il va bien falloir trouver un moyen d’apporter des solutions aux jeunes qui veulent construire. La carte n’est pas fixée pour un siècle. Maintenant », poursuit-il en se tournant vers Marie-Angèle Aubin, « on ne peut pas demander à freiner le rythme de la construction, tout en augmentant le déclassement de terrains. » Juliette Gréaux rappelle que chaque demande a été étudiée, et, en cas de refus, celui-ci a été justifié.
La carte est adoptée malgré trois voix contre : Hélène Bernier, Maxime Desouches et Marie-Angèle Aubin.