Saint-Barth -

L’enrochement anti-houle, un aménagement « nécessaire » selon la direction du port

Pour l’heure, les rochers qui bordaient la route menant de Public à l’entrée de Gustavia sont entassés sur le bas-côté. Ils ont laissé place à des arches de béton « briseuses de houle de mer » que les ouvriers installent progressivement en contrebas de la voie. Ces rochers, la Collectivité et la direction du port entendent les utiliser afin d’ériger une sorte de barrage à l’entrée du port qui permettra d’atténuer les effets de la houle dans la rade. Un projet pour lequel Romaric Magras, conseiller territorial d’opposition pour le groupe Saint-Barth d’Abord, a exprimé des réticences dans notre édition de la semaine dernière (JSB 1486). L’élu s’étonne notamment de la taille du futur « édifice » qu’il décrit comme « une digue rocheuse de trente mètres de long et huit mètres de large », mais aussi du fait que la nouvelle majorité territoriale n’ait pas commandé une étude d’impact par l’intermédiaire du conseil exécutif. « On peut légitimement s’interroger sur l’intérêt de réaliser une digue alors même que personne ne peut préjuger de l’utilité et de la solidité d’un tel ouvrage », a-t-il écrit. Il va sans dire que la direction du port et l’élu chargé des Affaires portuaires n’ont pas tardé à réagir à ces propos.

Une structure réclamée depuis 1997
Directeur du port depuis plus de douze ans, Ernest Brin rappelle que parmi les travaux nécessaires pour assurer une meilleure sécurité dans la rade, la demande de construction d’un ouvrage de protection contre les effets de la houle apparaît dans tous les rapports d’activité du port depuis 1997. « Il ne s’agit pas d’une digue comme dans les grands ports mais d’un enrochement qui ne dépassera pas de plus de cinquante centimètres au-dessus du niveau de la mer, explique le directeur. Que feraient les petits ports sans les enrochements et les aménagements ? Il s’agit d’une protection contre la houle de mer, pas la houle cyclonique. » Et de rappeler que « si les baies fonctionnent à Saint-Martin ou à Saba, c’est grâce à des aménagements de protection anti-houle ».
De plus, lorsque Romaric Magras évoque « quelques jours de houle par an », Ernest Brin avance les relevés effectués chaque année sur la base des données de Météo France. 58 jours de houle en 2013, 52 en 2014, 41 en 2015, etc. Un relevé des houles de fronts froids qu’il a arrêté de transmettre aux élus en 2021, « car ces relevés ne semblent intéresser personne », regrette-t-il. Par conséquent, la nouvelle majorité s’étant décidé à entendre sa requête, il s’étonne de voir naître une controverse.

Une réflexion  à long terme » sur l’évolution du port
En sa qualité de chargé des Affaires portuaires au sein de la Collectivité territoriale, le quatrième vice-président Maxime Desouches a également tenu à réagir. Il explique : « David Blanchard et moi avons eu l’occasion de rencontrer toutes les catégories d’usagers, et tous se plaignent non seulement de l’exiguïté du port, du manque d’évolution des infrastructures, mais surtout des problèmes de houle depuis la construction des quais avec des palplanches qui ont eu pour effet dévastateur de renvoyer la houle dans tout le port, comme dans un billard. » L’élu évoque le rapport « Algoe » de 2012, « commandé par le CESCE (conseil économique, social, culturel et environnemental, ndlr) » et qui avait « pointé du doigt les problématiques de houle sur les infrastructures portuaires ».
Maxime Desouches assure que la Collectivité a lancé « une réflexion à long terme » sur l’évolution du port afin de le «ramener au niveau » qui devrait être le sien. A court terme, ce sont déjà les travaux entrepris pour protéger de la houle de mer mais également ceux qui vont permettre de consolider les quais qui s’affaissent. Comme ceux de la République, dont la dégradation a été signalée dès 2013 par la direction du port. De nombreux autres aménagements sont en cours, notamment pour étendre la « gare maritime », offrir une nouvelle halle aux poissons aux pêcheurs, un emplacement réservé à l’Agence territoriale de l’environnement mais également à la SNSM (société nationale de sauvetage en mer).

 

Article du JSB 1486

Entre les travaux d’aménagement de l’entrée de Gustavia, la réhabilitation du quai Rockefeller et les futures rénovations du quai de la République, le port de Gustavia poursuit paisiblement sa mue. Malgré quelques interrogations sur la future digue d’enrochements.

Doucement mais sûrement. Tels sont les maîtres mots des travaux d’aménagements portuaires qui sont entrepris depuis désormais de longs mois. Pour certains, à tout le moins. Comme ceux qui consistent en une réhabilitation, pour ne pas écrire transformation, du quai Rockefeller. Ces derniers vont d’ailleurs encore accuser un relatif ralentissement en raison d’un récent diagnostic de prescription archéologique. Un frein supplémentaire qui ne devrait toutefois pas empêcher les travaux de continuer. Une réunion avec la Direction des Affaires culturelles de Guadeloupe doit permettre à la direction des services techniques de la Collectivité de déterminer quels aménagements peuvent être entrepris pendant la durée de cette énième prescription.

Une digue controversée
Parallèlement, les travaux d’installation des arches le long de la route qui conduit de Public à l’entrée de Gustavia avancent rapidement. Ces arches de béton, coulées sur place dans deux moules imposants, sont fixées une à une en enfilade en contrebas de la voie. Leur présence aura pour effet de briser l’élan de la houle de mer avec davantage d’efficacité que les enrochements négligemment disposés au même endroit depuis de longues années. Des roches qui sont désormais entassées à l’entrée de la rade. Dans un objectif précis.
En effet, en accord avec la direction du port, l’élu en charge des Affaires portuaires, Maxime Desouches, et les services techniques, ces roches vont être utilisées dans le but de former une digue à l’entrée de la rade. Avec pour but de constituer un autre obstacle pour la houle de mer et ainsi sécuriser encore davantage le port. « Il y a très peu de tirant d’eau dans cette zone et cette digue ne représentera pas une perte d’usage pour le port », assure la direction des services techniques, qui ajoute : « cela ne peut qu’améliorer les choses. » Un avis qui n’est pas partagé par tous.
Notamment par Romaric Magras, le chef de file du groupe d’opposition au sein du conseil territorial, Saint-Barth d’Abord. Si l’élu salue la construction de l’ouvrage à l’entrée de Gustavia dont il évoque les « nombreux avantages » dont ces « pièges à houle » ainsi que la prolongation de la promenade entre la future ex-halle aux poissons et les quais commerciaux, il se montre plus circonspect quant à la création de la digue d’enrochements.
« Cet ouvrage est présenté comme un ouvrage temporaire qui devrait être enlevé si l’effet attendu n’est pas concluant, explique Romaric Magras. Son coût de réalisation est évalué à près de 40.000 euros. L’objectif recherché étant de pallier aux quelques jours de houle du nord, or le projet initial adresse déjà ce problème. Dans le cas d’aménagements majeurs, le code de l’environnement prévoit que le conseil exécutif peut, s’il le souhaite, organiser une étude d’impact. Il est regrettable de voir que les élus de la majorité qui souhaitaient rendre obligatoire les études d’impacts n’appliquent déjà pas les règles qu’ils défendaient il y a un an. » Une petite pique à l’attention de la majorité que l’élu d’opposition ponctue d’un rappel : « Au début des années 90, des blocs rocheux avaient été positionnés à la pointe pour atténuer la houle. L’ouragan Luis, en 1995, a dispersé ces rochers dans le port. »
Romaric Magras souligne qu’une étude avait été commandée à un cabinet d’experts. « Cette étude a conclu que pour remédier au problème de houle du nord, la réalisation d’une digue sur la rive nord de 150 mètres de long et de 3 mètres au-dessus du niveau de la mer était nécessaire, affirme-t-il. Outre le prix des travaux pharaoniques que cette digue engendrerait, c’est le paysage de Gustavia qui aurait été détruit. » Il s’interroge donc sur « l’utilité et la solidité » de l’ouvrage qui est en cours de réalisation à l’entrée de la rade.

Journal de Saint-Barth N°1487 du 29/09/2022

Choc frontal entre les transporteurs et la Collectivité
Tessa Thyssen en or

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