A en croire le groupe d’opposition Saint-Barth d’Abord, tous les projets lancés sous ce mandat sont à l’arrêt. A travers un texte relayé sur un réseau social le vendredi 7 février, les élus d’opposition se sont inquiétés du retard pris par le chantier du centre culturel et du parking souterrain de 139 places (JSB 1603). Le groupe s’est également questionné quant à l’avancée de la navette urbaine, l’un de leur projet de campagne électorale. « L’absence d’avancées témoigne d’un manque de coordination et d’une volonté politique insuffisante pour mettre en place des solutions concrètes pour les habitants », clame-t-il sur leur post. Ces inquiétudes reflètent-elles la réalité, ou l’absence de communication au sein de ce conseil territorial fracturé ?
Une demande des commerçants
Il y a plusieurs mois de ça, l’association des commerçants s’est rapprochée de la Chambre économique multiprofessionnelle (Cem) pour faire part de leurs difficultés à se garer dans Gustavia pour accéder à leur lieu de travail. « Les commerçants se garent sur les mêmes places que les clients donc ils constatent une baisse du chiffre d’affaires », relaie Grégory Guérot, responsable du pôle formations. La Cem a alors travaillé de concert avec la Collectivité sur un projet de navette qui répondrait aux besoins de toute la population, la Com travaillant déjà en parallèle sur son plan de mobilité. Les commerçants espéraient une mise en place rapide, dès la saison touristique 2024-2025. Mais à ce jour, rien n’est encore opérationnel. « On a essayé de pousser le projet, mais l’administratif ça prend du temps, soupire Grégory Guérot. Du côté de la Cem également, on a voulu faire au plus vite, mais on voulait que ce soient des personnes de l’île qui récupèrent les marchés, et c’est long à monter ce type de projets. »Le président de la Collectivité assure désormais que la navette urbaine pourra être lancée dès le mois d’octobre, pour être fonctionnelle lors de la prochaine saison touristique. « Le projet de mobilité ne sera pas exhaustif dès le départ, il avancera étape par étape », explique l’élu territorial Fabrice Querrard. La navette entre Saint-Jean et Gustavia est censée représenter la première étape de ce plan de mobilité. Le CEREMA, un établissement public expert en aménagement du territoire, s’est d’abord rendu sur l’île en 2024 pour établir un diagnostic des besoins en mobilité du territoire. Un prestataire plus spécifique pour la mise en place technique de la ligne a été mandaté par la Collectivité. Cette société de conseil basée en Martinique a apporté son expertise notamment pour affiner les points de pose, tout comme la fréquence de la navette. Les experts se sont rendus sur place afin de mieux connaître le territoire et aller à la rencontre des professionnels concernés par un tel plan de mobilité comme les taxis, les commerçants ou encore les transporteurs.
Stade - Collectivité
Le mois dernier, la société de conseil a rendu à la Collectivité leur diagnostic. Un document de travail qui doit encore être affiné, a souligné l’un des experts de l’entreprise de conseil. Il n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, la Collectivité lui ayant demandé de ne pas le faire. Selon les premières analyses, la navette pourrait partir de Saint-Jean, au niveau du stade puis ferait différents arrêts : la zone industrielle de Public, la gare maritime, devant le Sélect, au croisement de la rue Fahlberg et la rue du bord de Mer, la Poste, la future Halle aux poissons, la Collectivité. Sur le retour, la navette pourrait faire un stop à l’hôpital, un autre devant le groupe scolaire et un dernier face à la Police territoriale, avant de sortir de Gustavia par le Dispensaire. « Ce qui me fait peur, c’est qu’on lance ça sans les infrastructures nécessaires », s’inquiète l’élu territorial Dimitri Lédée, qui a travaillé sur le projet avant qu’il ne soit repris par le service Environnement. Fabrice Querrard assure que la Collectivité dispose du foncier nécessaire pour construire tous ces arrêts. Concernant le stationnement, les places de parkings aux abords du stade de Saint-Jean seront suffisantes, insiste le président de la commission Achat public. Le type de véhicules n’a pas encore été défini. Dans l’idéal, si le système de recharge le permet, les véhicules électriques seront privilégiés.
Des tarfis non définis
Un bus de 22 places pourrait répondre à la demande. « Les modalités en termes de passager ne sont pas encore actées », déclare Fabrice Querrard. A comprendre, il n’est pas encore décidé si cette navette serait exclusivement dédiée aux commerçants qui travaillent sur Gustavia. Selon les premières propositions, la navette pourrait être accessible de 6 heures à 20 heures pendant la haute saison. Avec des rotations de 6 heures à 9 heures, puis de 11 heures à 14 heures et de 17 heures à 20 heures. Il est suggéré de mettre en place six rotations par créneau. Une autre question en suspens est la tarification. La navette sera-t-elle payante ou gratuite ? «Les commerçants sont prêts à mettre la main à la poche, assure Grégory Guérot. Certains paient déjà 400 à 500 euros par mois pour avoir une place de parking. » Dans les jours à venir, une proposition aboutie du projet doit être présentée aux élus. Si un accord est possible, ils pourront décider des tarifs et lancer les marchés. Si cette première ligne fait ses preuves, un circuit Lorient - Saint-Jean pourra être envisagé.