Rien ne va plus à Air Antilles

La colère née de nombreux désaccords était plus que perceptible depuis des mois. De fait, elle n’a fait que croître depuis novembre dernier et un premier conflit en décembre. En fin de semaine dernière, elle a atteint un point de rupture avec le dépôt d’un préavis de grève à Pointe-à-Pitre par la section du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) de la Compagnie aérienne inter régionale express (Caire), qui regroupe Air Antilles et Air Guyane. Un préavis de grève reconductible qui court, pour l’heure, du vendredi 14 au mercredi 19 juillet.

Pas de dialogue social
Dans le courrier adressé à Eric Koury, président directeur général et principal actionnaire de Caire, les pilotes du SNPL détaillent leurs revendications. « Outre l’instauration d’un réel dialogue social et le respect des salariés et de leurs représentants, nous réclamons la mise en place immédiate d’un accord pilote avantageux intégrant une augmentation de rémunération significative respectueuse de l’engagement sans faille des personnels navigants techniques depuis tant d’années », écrit la section Caire du syndicat. Elle insiste sur le fait que les pilotes réclament « depuis de nombreux mois qu’un réel dialogue social soit mis en place au sein de la compagnie ».
En décembre dernier, le SNPL avait déjà tiré la sonnette d’alarme et menacé la direction d’un mouvement de grève pendant les fêtes de fin d’année. Une perspective qui avait permis d’entrouvrir la porte à un dialogue entre les deux parties. Mais les accords et promesses formulées lors de ces discussions n’ont, assurent la section syndicale, pas été tenus. Ainsi, il est précisé dans un article du site Tourmag consacré au sujet que « sur les 26 réunions programmées pour négocier l’accord d’entreprise, seulement 6 ont bien eu lieu ». De plus, le syndicat dénonce « un chantage continuel à la liquidation » de la part de la direction qui, selon lui, n’hésite pas à brandir la menace d’un dépôt de bilan lorsque l’organisation d’une grève est énoncée.

Revendications salariales
Parmi les revendications des pilotes figure évidemment une demande de hausse des salaires. Selon le SNPL, le PDG a proposé une revalorisation des salaires de l’ordre de 1% quand les pilotes réclament 15%. « Le taux était négociable avant le préavis, mais étant donné que la direction a refusé de négocier quoi que ce soit, nous exigeons 15% ou rien », a déclaré un représentant du SNPL à Tourmag. Dans son courrier, la section syndicale assure que les rémunérations « sont parmi les plus basses du marché » et placent les pilotes « dans des situations compliquées et souvent précaires ».
Les pilotes et leur syndicat dénoncent également les conditions de travail, notamment « les cadences infernales » et les « intimidations » dont seraient victimes des commandants de bord ainsi que des personnels navigants.
Quoi qu’il en soit, la section SNPL de la Compagnie aérienne inter régionale express se dit déterminée à obtenir la signature d’un accord qui correspondra à ses revendications, qui inclues la régularisation du treizième mois et un salaire mensuel minimum garanti. Dans le cas contraire, le syndicat a d’ores et déjà annoncé qu’il était prêt à prolonger le mouvement de grève pendant plusieurs semaines.
Le conflit qui aura bien entendu des répercussions sur le trafic à Saint-Barthélemy. Un trafic déjà peu conforme aux engagements de Caire, puisque la direction de l’aéroport Rémy-de-Haenen remarque que sur les cinq vols programmés quotidiennement, seuls « deux à trois au mieux sont réalisés compte tenu des contraintes d’exploitation de la compagnie en termes de limitation de vent ou d’état de surface de la piste », notamment. Ainsi, la plupart des vols sont déroutés sur Juliana (Sint-Maarten) ou sur Grand-Case (Saint-Martin) et les passagers arrivent à Saint-Barth sur la Winair ou Commuter.
Dans un autre registre, les difficultés financières de la compagnie font l’objet de sérieuses études de la part de la direction de l’aviation civile. Pour résumer, à Air Antilles, rien ne va plus.