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L’appel d’offres pour les Evasan chagrine la compagnie Saint-Barth Commuter

Le Groupement hospitalier de territoire (GHT) des Îles du Nord a lancé un appel d’offres pour effectuer les évacuations sanitaires par avion depuis notre île. Saint-Barth Commuter, qui effectue ces trajets spéciaux depuis 25 ans, n’a pas pu y répondre : les Cessna Grand Caravan étaient d’office exclus pour des raisons techniques. La grogne de la compagnie locale a payé, le GHT a assoupli ses critères.

Incompréhension et colère au bureau de Saint-Barth Commuter. L’appel d’offres du GHT (qui regroupe les hôpitaux de Saint-Martin et Saint-Barthélemy) publié le 26 novembre pour réaliser les évacuations sanitaires depuis Saint-Barth, à compter de février 2021, exclut de fait la compagnie locale. Le cahier des charges mentionne des obligations techniques incompatibles avec les avions Cessna exploités par Commuter.

Pour Bertrand Magras, dirigeant de Saint-Barth Commuter, « il apparaît que certains critères techniques retenus sont totalement arbitraires, non-justifiés et qu’ils ont pour conséquence d’écarter la candidature de notre société. Après plus de 25 ans d’activité et les très nombreuses évacuations sanitaires réalisées de jour comme de nuit, nous ne pouvons que regretter ce choix du GHT. » Celui-ci exige des avions pressurisés, ce qui n’est pas le cas des Grand Caravan. Plus surprenant, il demande une vitesse de croisière minimum de 330 km/h, alors que les avions Saint-Barth Commuter sont à 300 km/h en croisière.
A la lecture de ce cahier des charges, Bertrand Magras a adressé une missive à la directrice des hôpitaux, Marie-Antoinette Lampis. «Je découvre avec stupéfaction que les moyens d’exécution de la prestation et les caractéristiques techniques de l’appareil du CCTP (Cahier des Charges Techniques Particulières, ndlr) ont été rédigés pour écarter d’emblée la compagnie aérienne St Barth Commuter que je dirige. J’en prends acte », écrit-il. « Si dans certains cas exceptionnels, la pressurisation de l’appareil peut s’avérer nécessaire pour des vols à destination de Pointe-à-Pitre ou Fort-de-France, elle est absolument inutile pour les vols vers Saint-Martin qui représentent la majorité des évacuations sanitaires. »

Quand à la vitesse de croisière exigée, elle représente une différence de 1 minute pour le trajet vers Saint-Martin, 5 minutes pour la Guadeloupe et 10 minutes pour la Martinique. « Ce gain de temps insignifiant relève de la supercherie », critique Bertrand Magras. Il rappelle qu’à partir de l’appel de l’hôpital, la compagnie dispose de 2 heures pour décoller (et 1h30 en cas d’urgence vitale), sans quoi des pénalités sont appliquées. En cas de retard après ce délai, la compagnie doit s’acquitter de 300 euros par heure jusqu’à six heures, et au-delà, de 3.000 euros. Dans tout ça, une minute de plus ou de moins paraît dérisoire.

Au vu des critères techniques demandés, même l’hélicoptère Dragon de la sécurité civile est exclu de l’appel d’offres ! En fait, pour les appareils qui fréquentent Saint-Barthélemy, il semble que seuls les Pilatus, ces avions effilés exploités par Tradewind ou Saint-Barth Executive, correspondent à la fiche technique.
A l’hôpital, Marie-Antoinette Lampis n’a pas souhaité commenter le sujet. Elle nous renvoie au cahier des charges, «publié sur les plateformes dédiées et consultable. »
Mais depuis, la consternation de Bertrand Magras a été entendue, et le cahier des charges modifié lundi 7 décembre. La mention “de préférence” a été ajoutée aux points techniques qui disqualifiaient Saint-Barth Commuter. Celle-ci pourra donc candidater.

La compagnie avait répondu à un appel d’offres en 2013, qui était « plus ouvert », se souvient Bertrand Magras. Il a été prorogé plusieurs fois jusqu’à l’année dernière. Depuis 2019, les évacuations sanitaires ne se font plus dans le cadre d’un appel d’offres mais à la commande. Saint-Barth Commuter est appelée en cas de besoin (un jour sur deux en moyenne), et facture ses prestations à l’hôpital au prix du charter. Elle n’applique pas de surcoût pour la transformation de l’appareil en accueil médicalisé, ni pour les perturbations éventuelles de planning que peut engendrer la nature imprévisible des Evasans. L’an dernier, pour plus de 150 trajets médicalisés, le coût pour l’hôpital était d’environ 250.000 euros.

L’idée de mettre un avion et une équipe dédiés aux Evasan, restant en permanence prêts à partir, est dans les têtes, mais l’hôpital l’a refusée en raison du coût très élevée que ce dispositif représenterait.

 

Journal de Saint-Barth N°1401 du 09/12/2020

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