Le directeur commercial de la société de transport maritime pour les départements et territoires d’outre-mer, Patrice Aerdeman, a présenté mercredi matin à Saint-Barthélemy la nouvelle organisation des lignes qui passent par Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe.
Le Mimer accoste au petit jour dans le port de commerce de Saint-Barthélemy. Dès 7 heures, les conteneurs commencent à être débarqués sur le quai. Sur le pont supérieur du cargo, Patrice Aerdeman attend ses invités. Car si le directeur commercial de la CMA CGM pour les départements et territoires d’outre-mer a fait le déplacement depuis Marseille, ce n’est pas pour visiter Saint-Barthélemy. Une île que, par ailleurs, il connaît bien pour y avoir travaillé. Ce mercredi 17 avril, en compagnie de la directrice d’agence de Saint-Martin, Liliane Hohl, il est venu pour présenter la nouvelle organisation des lignes qui passent par Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe.
«On coche toutes les mauvaises cases»
« Le groupe CMA CGM a annoncé voilà quelques mois l’arrivée d’un nouveau service à destination des Antilles, rappelle Patrice Aerdeman (JSB1538 et 1546). Nous faisons face à de nouvelles contraintes mises en place par l’OMI (Organisation maritime internationale, institution des Nations Unies chargée d'assurer la sécurité et la sûreté des transports maritimes et de prévenir la pollution des mers et de l'atmosphère par les navires, ndlr) à partir de 2023 qui nous oblige à réduire les émissions de CO2 de nos services. Aujourd’hui, nous exploitons deux services, le Nefgui (North Europe French Guiana North Brazil) et le Nefwi (North Europe French West Indies). Ce sont des services de petites tailles qui vont vite, qui transportent beaucoup de frigos et qui font beaucoup de ports. Tout cela fait que l’on coche toutes les mauvaises cases pour rester dans la nouvelle réglementation qui nous est imposée. » Néanmoins, le directeur commercial assure que la société s’efforce de faire de ces contraintes des opportunités.
Des carburants alternatifs
Pour concrétiser cette évolution, la CMA CGM est déjà tournée vers 2025 et l’arrivée d’un nouveau service Europe-Antilles. Celle-ci impliquera le développement d’une activité de transbordement en Martinique et en Guadeloupe. Avec l’objectif de poursuivre la desserte de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy. « Notre stratégie en termes de réduction d’émission de CO2, c’est d’abord de faire grossir la taille de nos navires, d’utiliser des carburants alternatifs qui sont moins polluants et de préparer notre outil naval aux carburants de demain qui sont tous en développement, comme le E-méthane », précise Patrice Aerdeman.
Sept nouveaux navires sont actuellement en cours de construction dans des chantiers chinois. Les premiers devraient être terminés dès la fin 2024. « Ce sont des bateaux qui seront propulsés au GML, gaz naturel liquéfié, déclare le directeur commercial. Il émet 25% de CO2 en moins que les moteurs actuellement utilisés. Et ces navires seront également capables de brûler des carburants alternatifs. » Comme le fameux E-méthane, qui émet 80% de CO2 de moins que le diesel.
La CMA CGM annonce également un temps de transit plus court entre la sortie du port du Havre et l’arrivée aux Antilles. En l’occurrence, neuf jours. Les problématiques opérationnelles, météorologiques et humaines sont évoquées pour expliquer les «complications» qui peuvent, parfois, survenir. « Les bateaux qui viennent aujourd’hui à Saint-Martin continueront de le faire, mais partiront des Antilles pour venir faire une boucle dans l’arc antillais avant de redescendre vers le Brésil », explique Patrice Aerdeman.
Le port de Saint-Barth doit se préparer
La modernisation des terminaux de la Martinique et de la Guadeloupe accompagne ces différentes évolutions. Le président du Conseil économique, social, culturel et environnemental de Saint-Barth, Pierre-Marie Majorel, s’inquiète des risques de grèves sur les ports de Martinique et de Guadeloupe. Patrice Aerdeman lui répond : « Depuis 2009, est-ce que vous avez vu une grève en Guadeloupe et en Martinique ? » Réponse : non. « L’organisation du travail a beaucoup évolué », confirme Ernest Brin, directeur du port de Saint-Barthélemy. De plus, Liliane Hohl souligne le fait que le réseau CMA CGM permettra, en cas de problème, de privilégier le transbordement en Martinique plutôt qu’en Guadeloupe.
Parallèlement aux changements opérationnels de la CMA CGM, le directeur du port de Saint-Barth souligne la nécessité de moderniser et d’agrandir le port de commerce. « Nous devons travailler pour être prêts en 2027 », insiste Ernest Brin.
T.F.