Le 24 mars 2001, un avion exploité par la compagnie CAT sous contrat d’affrètement d’Air Caraïbes s’abîme peu de temps avant son atterrissage à l’aéroport de Saint-Barthélemy. La catastrophe fait vingt victimes.
«J’ai toujours considéré cet événement comme celui de la perte de mon père plutôt que comme la catastrophe de l’accident d’avion », relate Florian Choquet. De ce jour qui a durablement marqué sa vie, il ne garde que des souvenirs un peu « vagues ». « J’avais 5 ans, nous attendions mon père à l’aéroport. Je me rappelle les regards inquiets des personnes et la compréhension implicite que quelque chose c’était mal passé. »
Le 24 mars 2001 à 16h47, le Twin Otter DH6-300 de la compagnie Cat immatriculé F-OGES et assurant le vol TX 1501 d’Air Caraïbes Juliana-Saint-Barth s’écrase sur la maison de Mireille et Augustin Questel située sur les hauteurs de Public. Les réservoirs s’embrasent, le feu s’étend à la demeure. Les dix-sept passagers, deux membres d’équipage et Augustin Questel, propriétaire de la maison qui se trouvait à l’intérieur, meurent dans l’accident. Les victimes sont majoritairement des ressortissants français mais il y aussi un Américain, un Hollandais, deux Belges et un franco-américain.
Que s’est-il passé ?
« Alors que l’avion aborde la courte finale avant le col de la Tourmente, plusieurs personnes, dont l’agent AFIS, le voient se mettre en virage à gauche à grande inclinaison puis piquer vers le sol. », note le Bureau d’enquête et d’analyse pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) dans un rapport paru plus tard. « Il n’apparaît aucune anomalie quant à la continuité des commandes de vol et des liaisons mécaniques », poursuit le rapport. Le BEA évoque plusieurs pistes d’analyse. Celle de l’erreur humaine est privilégiée : « C’est l’hypothèse d’un passage volontaire des hélices dans la plage inverseur bêta qui apparaît la plus probable. »
Sept ans plus tard, la compagnie est condamnée. Le 29 avril 2008, la cour d’appel de Basse-Terre confirme la condamnation du tribunal correctionnel en première instance. Elle conclut à la « violation manifestement délibérée d’une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement » pour n’avoir pas respecté l’obligation du vol d’entraînement pour un pilote reprenant les commandes d’un appareil plus de 90 jours après les avoir quittées. Richard Degryse, responsable des opérations aériennes d’Air Caraïbes à l’époque est condamné à un an de prison avec sursis et deux ans d’interdiction d’exercer des fonctions de direction des opérations aériennes. La compagnie devra payer une amende de 250.000€ aux familles de victimes. La condamnation doit être publiée dans deux quotidiens nationaux.
« Je me suis toujours dit que ça ne changeait pas grand chose », déclare aujourd’hui Sophie Delépine, la mère de Florian Choquet. Son compagnon, Jean-Pascal Choquet est décédé dans l’accident. « Oui, il y a eu un procès on a été indemnisés. Ca ne rend pas les gens. » Florian Choquet, lui, se rappelle comment, enfant, il était préoccupé à l’idée de récupérer des souvenirs de ce que son père avait sur lui, le jour de l’accident. « Cela a pris très longtemps. J’ai finalement récupéré un morceau de montre brûlée. » Aujourd’hui il n’a pas le sentiment d’avoir eu de « réponse claire » sur les circonstances de l’accident. « Le fait que l’avion ne dispose pas de boite noire a rendu très difficile le travail des experts, soulignait au moment du procès une association des familles de victimes. A noter aussi que l’agent du service AFIS (Aérodrome Flight Information Services), chargé de transmettre les informations sur le vol, le trafic de l’aérodrome et la disponibilité de la piste, ne pouvait se servir de l’enregistreur des conversations entre la vigie et les avions car... il était en panne depuis 18 mois. » Mais pour Florian Choquet, en savoir davantage « n’aurait pas réparé grand-chose ». Ce qui le rassure, c’est d’ « espérer que les contrôles des pilotes et des appareils ont été améliorés » après la catastrophe. Pour éviter de nouveaux drames. A quelques jours des commémorations, où sa mère va comme chaque année fleurir la stèle érigée à Public en hommage aux victimes, il « souhaite le meilleur à ceux qui ont perdu des proches à ce moment-là. »