La 15e édition de la Transat en Double a pris fin la semaine dernière avec le départ des 18 bateaux par cargo. L’occasion de revenir sur une édition qui a insufflé un vent de fraîcheur sur Saint-Barth, quelques jours seulement avant la réouverture de l’île.
La fête n’aura duré que quelques jours mais elle aura suffi à donner un nouvel élan à Saint-Barth. La 15e édition de la Transat en Double Concarneau - Saint-Barth s’est apparentée à un vent de fraîcheur. Un souffle qui a précédé une nouvelle attendue depuis des mois : la réouverture de l’île aux touristes. Depuis, les 18 Figaro qui ondulaient le long des quais du port de Gustavia ont pris le large à bord d’un cargo. Néanmoins, le passage de la Transat aura marqué les esprits.
« C’est une manifestation dont nous avions bien besoin après cette crise sanitaire, a ainsi déclaré le président de la Collectivité, Bruno Magras. La population avait besoin de se détendre un peu. » A plusieurs reprises, l’élu a souligné « le courage pour traverser l’Atlantique sur ces petits bateaux », mais aussi l’importance de la course pour Saint-Barth.
« Une bouffée d’oxygène »
Première adjointe au maire de Concarneau, Annick Martin a estimé que se retrouver à Saint-Barth a représenté « une bouffée d’oxygène ». Et d’ajouter : « La Transat est un moment fort dans la vie de Concarneau, a-t-elle souligné. C’est un événement attendu, bien ancré. »
Francis Le Goff, directeur de la course, insiste sur le fait que « la Transat en Double est un pilier de la course au large ». Il assure : « C’est une épreuve essentielle pour la classe Figaro. Cela fait bientôt trente ans que la course arrive à Saint-Barth. Il n’en existe pas beaucoup qui vouent une telle fidélité à leur port d’arrivée. » En espérant que cette fidélité perdure dans les prochaines années. Car une telle épreuve nécessite d’importants investissements financiers.
Un million à trouver
Pour la 15e édition, il a fallu compenser le retrait d’AG2R La Mondiale, sponsor-titre depuis des années qui ne rechignait pas à la dépense. En effet, sur le budget global de la Transat (1,7 million d’euros), AG2R investissait un million d’euros. Ce qui correspond, à peu de choses près, au budget de l’édition 2021.
La Bretagne injecte 390.000 euros
La Région Bretagne a été la principale source de financement de la course. A l’origine, la Région Bretagne injectait 90.000 euros dans l’organisation. Cette fois, elle y a ajouté 300.000 euros. « Nous avons fait en sorte que cette Transat perdure, en attendant qu’elle se stabilise à nouveau avec un partenaire titre pour la prochaine édition », a indiqué le président de la région, Loïg Chesnais-Girard, à nos confrères de Tip and Shaft.
Parallèlement, la CCI (Chambre de commerce et d’industrie) métropolitaine Bretagne Ouest Quimper, présidée par Jean-François Garrec, est parvenue à collecter environ 350.000 euros auprès du «tissu économique local ». De son côté la mairie de Concarneau a investi près de 100.000 euros. « Même si, vues les restrictions, ce n’est finalement pas la somme réellement investie », a commenté Annick Martin.
Enfin, à Saint-Barthélemy, le chiffre avancé est de 150.00 euros. « Mais on va dire que ça nous coûte autour de 200.000 euros, ce qui est une belle somme pour une petite île comme la nôtre », a indiqué Nils Dufau à nos confrères.
Une mise à 700.000 euros pour 2023
Le directeur général d’OC Sport Pen Duick, Joseph Bizard, souhaite que la Transat conserve son rythme biennal, lors des années impaires. La prochaine Transat devrait donc se tenir en 2023. En attendant, OC Pen Duick va partir en quête d’un nouveau sponsor-titre. Joseph Bizard a d’ores et déjà fixé le prix minimum pour qui souhaitera coller son nom à celui de la Transat : 700.000 euros. « C’est le prix qui nous parait le plus juste compte tenu de l’engagement dans la durée qu’on demandera au futur partenaire », a-t-il expliqué à Tip and Shaft. Le rendez-vous est donc pris pour 2023.
Bruno Magras : « Nous n’avons pas pris d’engagement pour l’avenir »
Pour le président de la Collectivité, la Transat en Double s’est imposée comme un événement sportif populaire majeur à Saint-Barthélemy. « C’est une course qui existe depuis 1996 et qui a toujours suscité de l’intérêt auprès de la population de l’île, commente Bruno Magras. Le fait qu’il y ait eu des équipages locaux a évidemment augmenté cet intérêt populaire. Comme on a pu le constater cette année, où l’engouement a été amplifié par le fait que les gens avaient besoin de respirer. » Le politique se doit d’être aussi un économiste, par conséquent il ne peut écarter cet aspect de la manifestation. Qui n’est plus ce qu’il était, regrette-t-il. « Les premières éditions était assez fructueuses, assure Bruno Magras. Notamment parce que nous avions la coopération des hôteliers. Mais cela a changé et ils ne sont plus beaucoup à jouer le jeu. Sur un plan économique, la Bucket est nettement plus importante et lucrative. Parce qu’elle attire des personnalités, entraîne des locations, etc. Mais la Transat, cette course à armes égales, passionne davantage les gens de l’île. »
S’il espère voir perdurer l’arrivée à Saint-Barth, il précise toutefois que la Collectivité « n’a pas pris d’engagement sur l’avenir ». Pour plusieurs raisons. « On ne sait pas quelle sera la situation économique dans un an, et puis l’Assemblée territoriale va être renouvelée l’année prochaine », insiste-t-il. De plus, les Collectivités de Bretagne et de Saint-Barth ne sont sans doute pas prêtes à investir des sommes aussi importantes que celles débloquées pour l’édition 2021 (lire ci-contre). Le retour d’un sponsor-titre sur la Transat changera évidemment la donne.