Miguel Danet et Eric Péron prennent ce dimanche 9 mai le départ de la 15e édition de la Transat en Double Concarneau - Saint-Barth. A bord du Figaro 3 (L’Egoïste) La Cantina, l’équipage se lance pour la troisième fois dans l’aventure avec la ferme intention de batailler pour la victoire.
Le départ approche et les deux skippers ne tiennent plus en place. Enfin, au sens figuré, bien entendu. Néanmoins, alors qu’ils s’apprêtent à embarquer ensemble pour leur troisième Transat en Double Concarneau - Saint-Barth, Eric Péron et Miguel Danet dissimulent aisément leur impatience. La sérénité nait de l’expérience.
« La course au large, un job à plein temps! »
Dimanche, ils prendront la mer à bord de leur Figaro 3 baptisé (L’Egoïste) La Cantina - Saint-Barth. Mais avant cela, impossible d’échapper aux derniers préparatifs. « On finit de ranger la partie ergonomique, à l’intérieur du bateau, explique Miguel. L’avitaillement est fini, il ne reste que le frais à embarquer. On aime bien nos oranges et nos pamplemousses le matin! » Il faut également achever le chargement des réserves en eau potable, vérifier la fiabilité des ordinateurs de bord, etc. L’objectif ? « Ne plus avoir à penser à rien et être prêt à partir », sourit Miguel.
« C’est toujours pareil avant un départ, ajoute Eric Peron. On est prêt à lâcher nos occupations de la vie terrestre pour se concentrer sur la course. Parce qu’une course au large, c’est un job à plein temps ! »
« Pas d’imprévu »
L’atmosphère du départ n’est évidemment pas la même cette année que lors des précédentes éditions auxquelles les deux hommes ont participé. Restrictions sanitaires, pas de village, pas de public. « On ne traîne pas dehors, on fait tout par vidéo-call, confirme Miguel. Normalement les départs, c’est toujours convivial. Donc là, ce n’est pas pareil. Et puis mes filles et ma femme sont à Saint-Barth... »
Pour Eric, ce confinement forcé ne présente pas que des inconvénients. « C’est sûr, on n’est pas tous les jours sur le bateau et tout se fait à distance, reconnaît-il. Mais ça change aussi la vie de façon positive. Il n’y a pas d’imprévu et on est beaucoup moins sollicité. Quand il y a le village, il y a sans arrêt quelque chose à faire. »
Confiné ou pas, Miguel ne cache pas son émerveillement à se trouver au cœur d’un tel événement. « Etre dans ce milieu, c’est top, s’enthousiasme-t-il. Par rapport à mon activité à Saint-Barth, où j’emmène des touristes pour naviguer dans le confort, ça n’a rien à voir. C’es vraiment l’opposé de mon travail. Pouvoir y retourner, c’est génial. »
« Raconter une belle histoire »
Jusqu’à dimanche, le programme est chargé. Ce jeudi, briefing sécurité, vendredi test PCR, samedi briefing météo et dimanche, un dernier petit test antigénique pour la route. « Quand on est parti on ne peut plus se mettre sur pause, donc il faut être prêt », insiste Miguel qui assure se nourrir des messages de soutien qu’il reçoit. Comme ses copains de son équipe de coaching de Saint-Barth. « Ils m’appellent, très tôt le matin pour eux, ça me permet d’être prêt physiquement. Et puis on a eu des messages de l’école de voile de Saint-Barth. C’est sympa de voir l’endroit où j’ai grandi et où j’ai rêvé de faire cette course. Ça me permet aussi de raconter une belle histoire. »
« J’apprends tous les jours »
En plus de s’apprécier, les deux skippers se connaissent quasiment par cœur. Après deux courses au large en duo, ils ont acquis quelques automatismes à bord. « Eric, il fait du Figaro toute l’année, donc il a les repères et j’essaye de suivre », assure modestement Miguel. « C’est vrai que je donne un maximum de consignes, admet Eric. Beaucoup de choses reposent sur moi parce que je connais bien le bateau. Mais chacun connaît les compétences, les qualités et les points faibles de l’autre. Ça permet de bien s’organiser. » Et Miguel de renchérir : « Je profite de son expérience et de son professionnalisme. J’apprends tous les jours. »
A bord, la communication est primordiale. « Nos habitudes en mer ne sont pas forcément les mêmes, affirme Miguel. Le plus important, c’est d’écouter l’autre. Comme on devrait le faire dans la vie de tous les jours, mais avec encore plus d’attention. Parce qu’on est sur un bateau de dix mètres, donc il y a plein de choses à surveiller. » Pas question, par exemple, d’effectuer seul une manœuvre.
« Savourer notre chance »
« Même quand ce n’est pas notre quart, pour rester dans la performance et éviter les bêtises », précise Miguel. « On échange, on partage, sur la météo, la vitesse, ou parfois sur un sujet qui n’a rien à voir avec ce que l’on est en train de faire », ajoute Eric.
Et quand l’occasion se présente, les deux amis n’hésitent pas à se « poser ». Devant un coucher de soleil, une lumière... « Il faut profiter de ce que l’on voit, savourer notre chance d’être là », glisse Miguel. « On ne fait pas vraiment de pause, mais elle s’impose d’elle-même, s’amuse Eric. Ce sont des moments qui viennent d’eux-mêmes. » Avec parfois une petite collation en guise d’apéro, quand la météo le permet. Sans oublier l’objectif principal : la performance.
« La cerise sur le gâteau, l’arrivée à Saint-Barth »
« On est des compétiteurs, lance Miguel. On part pour gagner. En tout cas on fait tout pour. » Pour Eric, il n’est pas question de penser à l’arrivée. « J’évite de trop me projeter, explique le skipper. L’important pour réussir, c’est le chemin que l’on prend. Il faudra être concentré pendant tout le voyage, qui sera semé d’embuches. Mais avec la cerise sur le gâteau : l’arrivée à Saint-Barth ! »
En plus d’une performance de choix, les deux marins nourrissent un autre espoir commun. Celui d’une arrivée plus festive que le départ un peu trop calme qu’ils s’apprêtent à vivre. « Savoir que dans vingt jours on sera au chaud, ça fait du bien et ça motive », conclut Miguel dans un sourire.