Jeff Lédée a participé à l’édition 2002 de la Transat. Une expérience unique dont il garde évidemment des souvenirs extraordinaires. Il raconte.
Régatier affûté, co-créateur de la Saint-Barth Cata Cup, Jeff Lédée occupe désormais une grande partie de son temps à suivre l’ascension de ses deux surfeurs de fils, Thomas et Noé. « Sa » Transatlantique, il l’a effectué en 2002. « Ça date ! », lance-t-il. Pourtant, quand la question d’évoquer ses souvenirs est posée, il se lance sans hésiter dans un récit passionné.
Les premiers Figaro ? « Un peu des camions! »
« Ça reste un souvenir incroyable, une aventure humaine super enrichissante pour chaque marin, assure Jeff Lédée. Et puis c’est un engagement personnel. On apprend à se découvrir sur un bateau très petit. » Le bateau, justement, n’est plus vraiment le même aujourd’hui que celui sur lequel il a concouru avec Luc Poupon. « Nous, on avait le premier Figaro qui était un peu un camion, s’amuse-t-il. La traversée était forcément un peu plus longue. Mais quelle aventure humaine extraordinaire! Et pas seulement en mer. La préparation aussi. Chercher et trouver des sponsors, se préparer, s’entraîner... » Même si ce dernier aspect n’avait rien d’évident il y a vingt ans.
En effet, à l’époque, aucun Figaro pour s’exercer dans les eaux de Saint-Barth. « On s’entraînait avec des bateaux privés, souvent, se souvient le marin. Nous on navigue surtout sur des catas donc ce n’était pas toujours évident pour se préparer. » Néanmoins, cet inconvénient n’était pas en mesure de saper son enthousiasme.
« Comme des vacances ! »
« Après, c’est le départ en Bretagne, la découverte, les derniers réglages et on met les voiles, sourit-il. Là, c’est la liberté, comme des vacances ! » Des vacances, vraiment ? « Bon, studieuses, parce qu’on est dans l’action, admet-il. Il faut se relayer, prendre sur soi, rester toujours attentif aux changements de la météo, l’évolution du bateau... » Sans oublier la mise a jour des cartes de navigation. Quant au pilote automatique... « On l’utilisait très peu à l’époque, se souvient-il. Pour prendre le temps de partager un café, pour faire une manœuvre ou parfois pour réveiller l’autre quand son quart arrive, mais c’est tout. »
L’arrivée à Gustavia, un moment unique
Pour quelqu’un originaire de Saint-Barth, la Transat ne peut être une course au large comme les autres. Ne serait-ce que pour ce sentiment si personnel lorsque l’île apparaît enfin sur la ligne d’horizon. « Il y a une émotion particulière lors de l’arrivée à Saint-Barth, confirme Jeff Lédée. Quand on est dans sa course, on n’y pense pas. Traverser l’Atlantique, c’est un projet personnel. Et le faire avec Luc Poupon a été une expérience inoubliable. Mais on n’imagine pas l’effervescence de l’arrivée. Quand on y est c’est unique, incroyable. Voir toute la population descendre sur le port, les bateaux qui viennent nous chercher au large... J’espère que ce sera toujours comme ça, et pendant longtemps. C’est un moment fabuleux. »
Malgré tous ces souvenirs et la relative déception du résultat (Luc Poupon et lui étaient arrivés 17e sur Avis - Ile de Saint-Barthélemy), Jeff Lédée n’a pris part qu’à une seule édition de la Transat. « J’ai failli retenter l’aventure une ou deux éditions après, affirme-t-il. Mais ma femme est tombée enceinte et nous avons eu des jumeaux. Donc je suis passé à autre chose ! » Autre chose, mais jamais bien loin de l’océan, et de Saint-Barth.