Depuis le départ de la 16e édition de la Transat Paprec en double mixte, les écoliers du groupe scolaire de Gustavia suivent avec attention la progression des onze équipages lors de séances quotidiennes avec leur professeur.
Dans la classe bilingue de Sylvain Baqué, les élèves du cours élémentaire deuxième année (CE2) ne dissimulent pas leur enthousiasme lorsque le moment de sortir leur carte de l’océan Atlantique est venu. Parce qu’il ne s’agit évidemment pas uniquement d’étudier les mouvements des marées mais bien davantage la progression des onze équipages engagés dans la 16e édition de la Transat Paprec en double mixte. « En quoi consiste cette course?», interroge l’enseignant, en anglais. Certains écoliers lèvent la main en quête de parole, d’autres sont plus vifs et ne s’embarrassent pas de cette étape contraignante. Face à ce début de brouhaha, le professeur prend les devants et explique : «C’est une course entre Concarneau, en Bretagne, et Saint-Barth, avec une femme et un homme dans chaque bateau. » Des volontaires sont alors requis pour placer les onze équipages des Figaros Beneteau 3 sur la grande carte cartonnée que les élèves ont confectionné et qui circule de classe en classe au gré des cours.
Sur les côtés, les photos de chaque duo. Après avoir inscrit la date, l’étape la plus délicate survient. Calculer la longitude et la latitude afin de disposer correctement les bateaux sur la carte. Tous les matins, les élèves modifient la position des équipages en fonction de leur avancée. Avec, pour les CE2 de la classe bilingue, une attention toute particulière portée au bateau Région Normandie. Lors de cette session, l’embarcation sur laquelle naviguent Sophie Faguet et Guillaume Pirouelle se trouve en quatrième position. « Mais c’est très serré, assure l’enseignant. L’arrivée est prévue entre le 17 et le 20 mai, pile pendant nos vacances. Donc il est possible que je vous appelle le jour de l’arrivée pour que l’on se rejoigne sur le port. » Un écolier demande : « Mais si on n’est pas là ? » Sa voisine s’esclaffe, innocemment moqueuse : « Et bien tant pis pour toi ! »
« Ils remontent le temps ? »
Il va sans dire que les questions fusent lors de ces séances matinales. « Est-ce qu’on peut voir ce qu’ils font sur le bateau ? », s’interroge une écolière, candide. «Non, il n’y a pas de camera pointée sur eux tout le temps », répond le professeur. « Est-ce qu’il y a un décalage horaire avec eux ? », glisse sans malice un élève. « Voilà une excellente question, réplique l’enseignant. Ils partent de France et naviguent jusqu’à St-Barth. Donc? » Un écolier : « Ils remontent le temps?» En quelque sorte. Et l’instituteur de préciser : « C’est une course, donc ils ne s’arrêtent ni la nuit ni le week-end. » Un petit garçon semble effaré : «Quoi, ils ne se reposent jamais?!! » Les explications sur l’alternance du rôle des deux marins ne semblent pas le rassurer. « Y-a-t-il quelqu’un qui les surveille ? », demande-t-il. « Oui, nous, s’amuse le prof. Non, il y a aussi les équipes de la course. » Les yeux rivés sur l’image satellite proposée par le site de la Transat Paprec et projetée sur le tableau de la classe, les élèves attendent une mise à jour. « Ce sera vers midi », affirme leur professeur. « Mais à midi on sera à la cantine, on ne pourra pas voir», peste un écolier. « Pas d’inquiétude, on regardera en revenant », sourit l’instituteur, qui rappelle : « N’oubliez pas : ce n’est pas parce qu’ils n’arrivent pas premiers qu’ils ne sont pas des champions. C’est fou ce qu’ils font. Alors quoi qu’il arrive, on sera content quand on les rencontrera. » L’instant Transat est passé. Il faut retourner aux enseignements du jour. Avant le prochain point d’étape et, surtout, l’arrivée des équipages dans le port de Saint-Barth.