Ces deux-là n’ont pas pris cette Transat Paprec à la légère et se sont donnés toutes les chances d’atteindre le podium, voire mieux, à Gustavia après leur traversée de l’Atlantique. Et ils l’ont très vite prouvé puisque leur Figaro Cap Ingélec a pris le meilleur départ et menait la flotte à l’approche du Cap Finisterre après 48 heures de course. Pas étonnant, Pierre Leboucher connait parfaitement le large et fait clairement partie des références sur ce type de compétition. Il a d’ailleurs l’expérience de cette Transat puisqu’il l’a déjà bouclé à deux reprises au pied du podium (4e en 2018 avec Christopher Pratt et 4e en 2021 avec Thomas Rouxel) : « Je trouve que c’est une course très sympa, toujours très disputée grâce à la monotypie (…) Ce qui est intéressant avec cette course, c’est qu’elle révèle le potentiel des marins. » Le sien n’est plus franchement à révéler, mais au vue de son abnégation au départ de Concarneau et de son talent, un podium serait amplement mérité et à la hauteur de son talent.
Pour l’aider dans sa quête de victoire à Saint-Barth, il pourra compter sur Camille Bertel. La jeune navigatrice de 25 ans apprend la course au large sur le Figaro, un passage obligatoire avant de pouvoir, elle l’espère, pouvoir participer au Vendée Globe : « Mon projet à long terme, c’est le Vendée Globe. La case Figaro fait partie de ce processus, tout comme la Transat Paprec. C’est une très belle aventure, j’ai participé à la dernière Mini Transat et j’ai vraiment à cœur de découvrir la transatlantique en double. Je sais que ça fait partie des courses incontournables durant lesquelles on apprend tellement d’un point de vue de la météo, de la tactique, de la stratégie… »
©Alexis Courcoux
Et les deux skippers n’ont pas tardé à parfaire leurs réglages. Ils ont fait le choix de naviguer tous les deux très tôt puisque leurs entraînements ont commencé en octobre 2023 et c’est Camille qui a approché Pierre pour la constitution du duo : « Il a beaucoup d’expérience, c’est un skipper rigoureux et très investi dans ses projets. J’avais vraiment envie d’être associé à quelqu’un qui ait des bases solides pour la navigation, mais aussi pour les aspects techniques et ceux liés à la gestion de projet de façon plus générale. » Ce qui tombe bien, puisque le Nantais de 42 ans est également ingénieur dans la vie, ce qui aide, forcément. Il a également une autre expérience, toujours en double : celle du 470, avec Vincent Garos avec qui il s’est classé, entre autres, 2e du championnat du monde en 2012 et 2e de la Coupe du monde 2010 avant de représenter la France dans la discipline lors des Jeux olympiques d’été de 2012 à Londres.
Un CV global qui lui permet d’appréhender au mieux un peu plus de deux semaines au large : « On sait qu’il n’y a pas beaucoup de confort, que plus on emporte de choses, plus le bateau est lourd et donc il va moins vite. Il faut trouver le compromis, mais on est tous logé à la même enseigne, je n’ai pas d’appréhension. » Du côté de Camille, il y en avait un peu, mais ses petits doutes ont vite été dissipés : « Forcément il y avait un peu d’appréhension au début du projet. C’est un habitat qui est petit, il y a aussi l’intimité qui n’est pas forcément facile à gérer. Le fait d’avoir beaucoup travaillé, d’avoir fait des sorties en mer, d’avoir participé au Trophée Laura-Vergne, ça nous a permis d’appréhender davantage notre quotidien et notre routine à bord. » Et d’aborder le Cap Finisterre en tête, loin d’être anodin…