Si la vague de touristes n’a pas encore déferlé sur l’île, la saison a bel et bien commencé. A tout le moins en ce qui concerne les innombrables préparatifs dans l’ensemble des établissements. Mais pour que l’accueil des visiteurs se fasse avec sérénité, la question des mesures sanitaires doit être clarifiée. C’est la raison pour laquelle la préfecture a organisé, vendredi dernier, une réunion en l’hôtel de la Collectivité territoriale. Une réunion à laquelle les acteurs du tourisme ont participé, au même titre que des représentants de la gendarmerie, de l’aéroport, du port, du Comité du Tourisme et de la Chambre économique multiprofessionnelle. Les débats ont notamment accouché d’une proposition d’importance : l’instauration d’une jauge portée à cinquante personnes pour les établissements qui reçoivent du public.
Assouplissement des mesures sanitaires pour Saint-Barthélemy
Cette suggestion a été transmise au préfet de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, Serge Gouteyron, qui a depuis émis un avis favorable. « Cette mesure est adaptable à Saint-Barthélemy compte tenu du très faible taux constaté aujourd’hui, a expliqué le préfet. C’est exemplaire mais il faut continuer à être vigilant, notamment dans la perspective de la reprise de la saison qui va comprendre beaucoup de temps forts. » Par conséquent, l’arrêté qui régit les restrictions sanitaires en vigueur sur l’île va être modifié. Pour les établissements dont la capacité d’accueil maximale n’excède pas cinquante personnes, le passe sanitaire ne sera donc plus appliqué.
Les clients devront porter le masque jusqu’à leur installation à leur table et des mesures de distanciation devront être respectées. Mais plus question de passe ou d’autre justificatif à fournir. En revanche, pour les établissements dont la capacité d’accueil maximale est supérieure à cinquante personnes, le passe sanitaire reste en vigueur jusqu’au 15 novembre, date officielle d’une potentielle levée des restrictions sanitaires. Parallèlement, l’arrêté de fermeture de l’ensemble des établissements à minuit va également être levée. Si elle n’a pas encore été évoquée officiellement, l’ouverture des clubs et établissements de nuit devrait également être autorisée très prochainement.
Lors de la réunion de vendredi, les échanges entre les “officiels” et les acteurs du secteur touristique ont permis de clarifier la situation. Notamment sur l’application du passe sanitaire. « Je pense qu’il est préférable, que ce soit en termes de communication mais aussi économiquement, de maintenir le passe», a ainsi déclaré le directeur d’un hôtel. Une opinion que ses consœurs et confrères semblent partager. Néanmoins, certains ne seraient pas contre un allègement des contrôles. Particulièrement ceux effectués par la gendarmerie.
Ne pas « agresser » la clientèle
Sur ce point, un hôtelier soulève un point délicat : la perception par les touristes étasuniens d’un contrôle formel effectué par des fonctionnaires en uniforme. Car le représentant de la gendarmerie a confirmé lors de la réunion que ses troupes continueraient à pratiquer des contrôles « surprises » directement auprès des clients attablés. Une pratique jugée inenvisageable, car inappropriée, pour les hôteliers et les restaurateurs. « Chez moi, j’embauche six personnes pour faire les contrôles alors je ne vois pas pourquoi on devrait imposer cette perception d’agression auprès du client avec des contrôles dans l’établissement, c’est inacceptable », gronde un responsable. Le représentant de la préfecture se veut rassurant et déclare : « S’il y a une société de sécurité, la gendarmerie verra avec eux, je pense. Mais il y aura des contrôles. »
L’inquiétude des professionnels se base sur un retour d’expérience récent. En effet, l’attitude quelque peu cavalière des militaires lors de contrôles effectués ces dernières semaines n’a guère été appréciée par des restaurateurs. « Lorsqu’ils arrivent comme des cowboys et vont directement contrôler les clients qui sont à table, sans même nous dire bonjour et se présenter, ce n’est pas possible », peste un restaurateur. La préfecture s’efforce de tempérer les craintes de ses interlocuteurs. « Dans peu de temps, beaucoup de monde va arriver sur l’île, explique le représentant du préfet à Saint-Barthélemy. Il y aura beaucoup de travail par ailleurs. Or, les contrôles demandent beaucoup de moyens. » Le message est clair : des contrôles auront bien lieu mais la rigueur de chaque établissement sera bien plus efficace que le passage des gendarmes.
Dans le couloir qui longe la salle des mariages de la Collectivité, où se déroule la réunion, le président Bruno Magras fait une apparition. Il jette un coup d’œil et poursuit son chemin. « Pourquoi ne pas demander uniquement un test PCR pour les touristes, lance un professionnel. C’est nettement plus fiable qu’un antigénique, surtout qu’il y a beaucoup de faux qui circulent. Et puis même si le PCR est payant, ça ne posera aucun problème à notre clientèle. » La grande majorité des touristes attendus sur l’île devant faire la preuve d’un schéma vaccinal complet sur leur lieu de départ, la question est écartée.
Vaccination demandée, pas exigée
Les échanges se prolongent quelques minutes avant que la séance ne soit levée. Dans la sérénité. De fait, les directeurs d’établissements affichent de larges sourires. « On a déjà eu le temps de nous organiser pour accueillir nos clients et nos employés », souligne un hôtelier. Pour les employés, principalement les saisonniers, un schéma vaccinal complet a été demandé. «Mais pas exigé car nous n’en n’avons pas le droit », précise un responsable.
« La saison s’annonce très positive sur les quatre prochains mois, confirme une directrice d’hôtel. Notre clientèle va être très majoritairement vaccinée. Ils nous envoient des justificatifs avant leur arrivée. Pour les employés, on essaye d’inciter le plus de gens possible à se faire vacciner. » Les saisonniers qui viennent de débarquer de l’Hexagone, vaccinés ou non, sont contraints au port du masque au moins pendant « quelques jours ». Par sécurité.
Quant au dispositif sanitaire destiné au confort des clients, comme la présence de gel hydro-alcoolique dans les suites ou la désinfection intégrale des pièces avant leur arrivée, il sera maintenu. « Et c’est quelque chose que l’on gardera après car, finalement, cela permet au client d’entrer dans une chambre parfaitement propre », confie un directeur, qui assure : « On essaye de tirer tout le positif de la situation. »
Il ne reste plus, désormais, qu’à peaufiner les derniers préparatifs avant l’arrivée des clients.
L’heure de la rentrée hôtelière a sonné
La reprise de la saison est annoncée et, déjà, les premiers établissements de l’île fermée depuis de nombreuses semaines rouvrent leurs portes. Après l’Auberge de la Petite Anse le 10 octobre, ce sont le Christopher, les Ilets de la Plage et le Toiny qui reprennent du service dès ce vendredi 15 octobre. La Villa lodge des 4 épices (le 16) va suivre, puis ce sera le tour du Manapany (le 20), du Sereno et du Carl Gustaf (le 21), du Cheval Blanc (le 22) et du Barthélemy (le 28). Pour l’Eden Rock, la rentrée aura lieu le 1er novembre. Le Rosewood Guanahani devrait suivre le 4 novembre. Enfin, la Villa Marie a prévu son ouverture pour le 18 novembre. D’autres établissements vont évidemment reprendre leurs activités, toutefois l’association des hôtels et des villas de Saint-Barth ne dispose pas encore des dates de reprise.