Les villas de location, qui font vivre beaucoup d’indépendants sur l’île, se sont vidées d’un coup en mars. Selon la présidente de l’association des agences immobilières, les clients sont prêts et ont envie de venir dès que possible, mais ils s’inquiètent du trajet en avion.
Les premières annulations sont tombées début mars, au pire moment pour Saint-Barth, quelques jours avant la Bucket Regatta, événement le plus lucratif de l’année. Les Italiens de Perini Navi, les premiers, ont renoncé à venir ; puis Donald Trump a annoncé la fermeture des frontières américaines, puis la Bucket a annulé l’édition 2020. « Ça a été le déclencheur, puis les demandes de report et d’annulation sont tombées en pluie. A partir de mi-mars, ça a été la vraie crise ; il fallait faire partir les clients, gérer les remboursements… » raconte Pascale Minarro Baudouin, présidente de l’association des agences immobilières de Saint-Barthélemy. Au sein de cette dernière, tous les professionnels se sont accordés pour proposer d’une seule voix des reports de séjour dans les mêmes conditions. « C’est la grande majorité des cas, des reports d’une année sur la suivante, aux mêmes dates. De manière générale, les clients comme les propriétaires ont compris. » Evidemment, il y a toujours quelques réfractaires, certains propriétaires estimant qu’ils n’avaient pas à rembourser le client, bien qu’il ne soit resté que trois jours sur les dix prévus. Mais ils sont restés rares. Certains clients, également, n’ont absolument pas voulu reporter et préféré tout annuler. Surtout des personnes de plus de 70 ans, vulnérables face au Covid-19.
« Une fois que les villas ont été vidées, on a géré les reports des clients qui devaient venir en avril. On reste à l’écoute, et mois par mois, on enclenche les annulations. En avril, on a annulé les séjours prévus en mai, et maintenant, avec les dernières évolutions, on commence à annuler le mois de juin », explique Pascale Minarro Baudouin. Le point positif, selon les loueurs de villas, c’est que les clients n’ont pas perdu la confiance en Saint-Barthélemy. Le point inquiétant, c’est celui des voyages en avion. « C’est ce que nous disent nos clients. Ils ont très envie de venir, ils nous demandent s’ils pourront être testés à l’entrée sur le territoire. Mais leur inquiétude, c’est l’aérien. » C’est sur ce point qu’il faudra donc les rassurer, et là, ça ne dépend pas que de Saint-Barthélemy, loin de là. Quels avions voleront, dans quelles conditions, quelles mesures seront prises dans les aéroports ? « S’ils peuvent voyager, ils viendront dès cet été, en particulier si les restaurants des grands hôtels ouvrent. En même temps, si on a peu de touristes cet été, avec peu d’avions, sans l’effet de foule ce sera d’autant plus facile de respecter les gestes barrière. »
Commentaire important : si toutes les villas n’ont plus qu’à ouvrir leurs portes et enclencher la clim, « on ne fera rien pour presser la venue des touristes », souligne Pascale Minarro Baudouin, qui est aussi membre du Comité territorial du tourisme. « Cela doit se faire avec toutes les garanties possibles. Les propriétaires le savent et sont patients, mais pas inquiets. »
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Ventes et acquisitions gelées
Le marché immobilier est capital pour l’île, principalement parce qu’il est le premier revenu de la Collectivité. Là aussi, la confiance des acquéreurs en Saint-Barth ne semble pas s’être étiolée. « Depuis le 16 mars, tout est gelé. La première quinzaine, on était dans la gestion de crise. Maintenant, on entretient les relations avec les vendeurs et les acquéreurs, on fait des visites virtuelles. A ma connaissance, il n’y a pas eu de projet de vente cassé par la crise sanitaire », rassure Pascale Minarro Baudouin. « Comme après Irma, la gestion de l’île devrait rassurer les clients. Après, est-ce qu’il y aura une hausse ou une baisse des prix ? S’il y a des conséquences, on ne le saura que dans un mois ou deux. On est plutôt sur une mise entre parenthèse pour le moment. »