«On a un problème mais ce n’est pas uniquement le problème de Dauphin ! » Directrice générale de Dauphin Télécom, Eve Riboud ne cache pas sa lassitude après six semaines de perturbations quasi ininterrompues sur le réseau.
Tout a commencé par des attaques dite DDoS sur le câble qui relie Saint-Barth à l’Amérique du Nord. Les cyberattaques de ce type s’infiltrent sur les sites web ou sur un réseau en l’inondant de trafic malveillant afin de le rendre indisponible. « Ce n’est pas un piratage, précise Eve Riboud. Ce sont des robots qui envoient de requêtes permanentes sur les câbles de transport. Ils les remplissent et il devient difficile de se frayer un chemin et d’en sortir. » Pour comprendre la situation, il suffit d’imaginer un tuyau d’arrosage qui serait obstrué à près de 90% par du sable sur toute sa longueur. Les 10% qui restent sont le passage que doivent aujourd’hui emprunter tous les utilisateurs des câbles sous-marins. « Ça dure depuis six semaines et c’est sans précédent dans la Caraïbe, affirme Eve Riboud. On n’a jamais vu ça. Ce sont des attaques massives, sur tous les transports. Donc les deux câbles sont attaqués. Tous les opérateurs jouent des coudes pour récupérer de la borne passante. »
« Une nouvelle réalité »
Ces attaques viennent des Etats-Unis. Elles ne sont évidemment pas ciblées et pourraient avoir été enclenchées sur le vieux continent, puisque tout est désormais en réseau. Mais plus que la provenance et l’origine, c’est la durée qui préoccupe Eve Ribaud. « D’habitude, une attaque DDoS est rapide, explique la directrice générale. Souvent vers 2 heures du matin. Mais là, ça dure, avec des attaques de plus en plus fortes. » Pour lutter contre ce parasitage et se frayer un chemin sur le réseau, les techniciens de Dauphin travaillent à l’installation de routes sécurisées pour permettre à leurs clients de sortir de Saint-Barth. « Parce qu’on ne peut pas ses permettre de ne plus sortir de Saint-Barth, précise Eve Riboud. Mais on peut mettre toutes les sécurités du monde en place, à un moment, la plus efficace est de couper. » C’est la raison pour laquelle les interruptions de connexion ont été si nombreuses lors des dernières semaines.
Pour les usagers, la directrice générale conseille de renforcer la sécurité sur leur propre accès au réseau, de mettre à jour leurs logiciels de sécurisation, de changer leurs mots de passe. Particulièrement lorsqu’ils sont peu complexes, comme « 1234 »… «Tout cela est peut-être une nouvelle réalité, prévient Eve Riboud. Nous ne sommes plus à l’époque d’un gamin boutonneux derrière son ordinateur qui lance des programmes mais face à des robots, des professionnels. »
Pour l’heure, les techniciens poursuivent leur bataille de tranchée pour regagner le terrain perdu sur les câbles sous-marins. « J’espère que les outils que nous mettons en place seront efficaces, souffle la directrice générale de Dauphin. On a le devoir de protéger la population. Mais les gens peuvent continuer à aller sur internet. Il n’y a pas de perte de données. On protège nos abonnés du mieux possible. » Avec l’espoir que les attaques cessent. Même temporairement.