L’Espagnol Alvaro de Marichalar, 58 ans, a fait étape à Saint-Barthélemy durant quelques jours, dans le cadre de son tour du monde en jet-ski. Un hommage au premier tour du monde par la mer de l’histoire, réalisé par Magellan, il y a cinq siècles.
Comme Magellan en 1519, Alvaro de Marichalar est parti le 10 août de Séville, en Espagne, debout sur son puissant jet-ski. Le coup d’envoi d’un tour du monde qui doit durer deux ans. Il a suivi le fleuve Guadalquivir jusqu’à Sanlùcar de Barrameda, près de Cadix, tout au Sud de la péninsule ibérique. Puis après un parcours le long des côtes portugaises et françaises, Alvaro, 58 ans, a entamé depuis les Canaries la traversée de l’Atlantique. Avec un bateau soutien pour le ravitailler en carburant, le navire français Yersin, qui l’a accompagné jusqu’à son arrivée en Guadeloupe le 25 décembre.
« Depuis quarante ans, je me passionne pour la navigation à jet-ski, que je préfère appeler mon petit navire. On sent la mer d’une manière unique, la plus proche qui soit », assure cet entrepreneur qui dirige deux entreprises, dans l’immobilier et le recyclage de téléphones. Son embarcation, chargée de deux jerricanes à l’arrière, dispose d’une autonomie de 200 milles nautiques, qu’il parcourt à une vitesse moyenne de 18 nœuds, 10 nœuds quand il est suivi par un bateau soutien, sur les longues distances. « Je navigue debout 100% du temps, sans quoi je m’abîmerai le dos. J’avance douze heures par jour, je mange quand je fais le plein, parfois je reste une voire deux journées sans manger. Et je dors comme je peux, couché sur le siège. C’est risqué, ça fait peur, mais la peur est une alarme pour rester concentré. »
Membre d’honneur du Saint-Barth Yacht Club qui le sponsorise, il a repris la mer après deux semaines de repos et de remise en forme sur notre île. A chaque étape, il organise les suivantes. Direction Porto Rico, Cuba, puis les Etats-Unis, avant de redescendre vers le Mexique, le Panama et son canal. Là, il prévoit de remonter la côte Ouest américaine, jusqu’à l’Alaska. Il lui faudra trouver un nouveau bateau soutien dans le Grand Nord, pour rejoindre la Russie. Il espère rallier ensuite le Japon, pour les Jeux Olympiques du mois d’août. Puis les Philippines, le Sud de l’Asie, l’Inde et la péninsule Arabique, et retour en Méditerranée par le canal de Suez… S’il a déjà réalisé des voyages au long cours sur son engin (Rome-New York, notamment, en 2002), ce projet est d’une ampleur inédite. « Ce n’est pas la taille du navire, mais la taille du rêve qui compte. »
Quatre motivations
Quatre motivations l’ont poussé à se lancer : « Vivre l’expérience de ce que j’appelle la cathédrale de la mer. On se sent très faible, encore plus sur un petit bateau. Quand on ressent cette faiblesse, et que l’on sait que 70% de la surface du Globe, c’est la mer. On se trouve alors dans la solitude et la capacité de survivre. On n’est pas dans la politique, l’économie, le matériel… On ressent la vérité de la vie », décrit le volubile Espagnol. Deuxièmement, il tenait à rendre hommage à la première circumnavigation, l’expédition du Portugais Magellan et de Juan Sebastiàn Elcano il y a cinq siècles. 1519-2019 : « Ils ont fait toutes ces découvertes sans rien savoir, ils ont pris tous les risques, pour des valeurs plus hautes que le matériel. Ils sont partis à cinq bateaux avec 250 membres d’équipage, le 10 août 1519, et sont revenus au bout de trois ans, ils étaient dix-huit à bord du bateau Victoria. » Le cinquième centenaire de cette expédition mythique, premier tour du monde de l’histoire, est commémoré par de nombreux événements principalement en Espagne et au Portugal. Alvaro ajoute à cet hommage un intérêt on ne peut plus d’actualité à son aventure, l’écologie. « La question des plastiques, j’en parle depuis quarante ans. Il est déjà entré dans notre chaîne alimentaire. Je suis aussi engagé dans la lutte contre la pêche illégale, la pêche à la dynamite que l’on voit partout, ou avec des filets qui raclent les fonds marins, c’est horrible. » Le quinquagénaire filme ce qu’il voit, et produit des documentaires. Enfin, il profite de la visite de dizaines de pays pour y animer des conférences, et par ce biais sensibiliser le public à une autre cause qui lui est chère : la crise au Venezuela. « C’est très grave ce qu’il se passe dans ce pays. J’encourage les gens à faire des donations à la Croix-Rouge, ou à des structures directement sur place ; cela me tient à cœur. Je me dis parfois que grâce à cela, des enfants que je connais personnellement vont pouvoir manger. »
Dans la politique
Issu d’une famille de notables espagnols, Alvaro De Marichalar, personnalité publique en Espagne, se lancera pour de bon dans la politique une fois son tour du monde achevé. Il a fondé un parti paneuropéen, Omniaeuropa, qui compte peser aux prochaines élections européennes. Avec un programme très ciblé à droite, visant à rassembler une Europe élargie de la Russie à l’Islande sur la base des racines culturelles chrétiennes communes, à fermer les frontières aux migrants venus de Sud et du Moyen-Orient, et construire une armée, une fiscalité et une justice communes, en conservant la souveraineté de chaque Etat.
JSB 1359