A seulement 13 ans, Lolie Osswald a établi dimanche 19 juin un nouveau record mondial de la distance parcourue à la barre d’un Optimist en réalisant, sans assistance ni communication, la traversée entre Antigua et Saint-Barthélemy.
Grâce à un lien internet connecté à la balise GPS de la jeune navigatrice, le public a pu suivre sa progression entre Antigua et Saint-Barth.
Une petite armada pour l’escorter, des sirènes pour annoncer et saluer son entrée dans le port, des ovations qui s’élèvent des quais de Gustavia... Lolie Osswald ne pouvait rêver accueil plus chaleureux. D’ailleurs, elle ne s’attendait pas à découvrir un tel engouement à son arrivée. Seulement voilà, à 13 ans, la jeune navigatrice vient d’inscrire son nom dans l’Histoire de la voile. En réalisant, dimanche 19 juin, la traversée en solitaire, sans assistance ni communication entre Antigua et Saint-Barthélemy à la barre de son Optimist, petite coque de noix réservée aux marins de moins de 15 ans, la licenciée du Saint-Barth Yacht Club a pulvérisé le record du monde de la distance parcourue sur un voilier de cette catégorie. Le précédent record, établi dans le Détroit de Gibraltar (situé entre le Nord du Maroc et le Sud de l’Espagne) était de 60 milles nautiques. Lolie a porté la marque à 78 milles. Une performance renforcée par les difficultés rencontrées au cours de la traversée et par la durée de celle-ci puisqu’il lui a fallu près de 17 heures pour accomplir ce qui est, sans contestation possible, un authentique exploit.
« Je ne pensais pas qu’il y aurait du monde ! »
Près de 200 personnes se sont massées sur les quais du port de Gustavia pour accueillir et ovationner Lolie Osswald à son arrivée.
Partie des eaux de Saint-Johns peu après une heure du matin, la championne de France minime 2020/2021 en RS Feva est entrée dans le port de Gustavia juste avant 19 heures. Comme le veut la tradition, des embarcations diverses et variées sont allées à sa rencontre dès son arrivée dans les eaux de Saint-Barth. En l’absence de vent, Lolie est contrainte de multiplier les manœuvres et avance laborieusement jusqu’à la ligne d’arrivée matérialisée par la bouée rouge à l’entrée du port. De ultimes efforts salués par les nombreux spectateurs venus se masser sur les quais pour acclamer la jeune championne. Un accueil des plus enthousiastes qui n’a pas manqué de surprendre Lolie.
« Je ne pensais qu’il y aurait du monde, sourit-elle, presque gênée. Il y avait le record mondial mais je me disais que les gens s’en ficheraient et ne viendraient pas. » La jeune navigatrice a manifestement sous-estimé l’intérêt que Saint-Barth porte à la voile en général et à ses jeunes champions en particulier. Principalement lorsque leur performance est unique et doit être célébrée. Même ses amies du collège Mireille Choisy l’attendent sur le quai d’honneur. Des collégiennes sautillantes de joie qui assaillent littéralement leur copine de classe de 4e qui, quelques minutes après avoir posé pied à terre, redevient presque une adolescente comme les autres. Presque... Car pour accomplir sa folle traversée, Lolie Osswald a dû se faire violence plus d’une fois.
A l’épreuve des sargasses
En parcourant 78 milles nautiques sur son Optimist, Lolie Osswald a battu le record du monde de la distance parcourue en mer sur cette petite embarcation. Si le vent l’a parfois abandonnée, elle a quand même pu effectuer une pointe de vitesse 15,29 nœuds
D’abord parce que le vent s’est montré capricieux en l’abandonnant à plusieurs reprises. Ensuite parce que malgré une préparation minutieuse, la monotonie de certaines phases de navigation a failli emporter Lolie dans les bras de Morphée. Ce qui aurait été fâcheux en pleine mer et sur cette minuscule embarcation. « La traversée a été très longue et il fallait de la patience, confie la championne à son arrivée, non sans tanguer un peu avant de retrouver son équilibre terrestre. Mais le plus compliqué c’était les sargasses. Il y avait plein de plaques et ça me faisait ralentir. Toutes les cinq minutes je devais relever ma dérive et les enlever. » Une épreuve qui a failli venir à bout de la détermination de la future pensionnaire du Pôle France de voile à La Rochelle. En effet, à deux reprises, la tentation de l’abandon a traversé son esprit. Mais il n’était pas écrit qu’un amoncèlement de sargasses et un vent cabotin parviendraient à faire flancher la petite princesse des Caraïbes.
Après avoir été félicitée par ses amis, ses proches, les membres du Saint-Barth Yacht Club, des inconnus et le président de la Collectivité territoriale, Xavier Lédée, Lolie Osswald a enfin pu s’éclipser. Pour savourer la réussite de son pari en famille. Et pour dormir. Il faut bien l’admettre, rarement une nuit de sommeil aura été si méritée.