Le dimanche 20 avril, les 19 équipages de la Transat Paprec ont quitté le port de Concarneau en direction de Saint-Barth. Entre les au revoir à la famille et leur victoire sur le parcours côtier, l’équipage Cap Saint-Barth (Cindy Brin et Thomas André) a vécu un départ inoubliable.
Les derniers préparatifs
Damien Cloarec, coach et préparateur technique de l’équipage de Cap Saint-Barth
Dans la matinée de samedi, le soleil breton a enfin décidé de pointer le bout de son nez. La pluie sans interruption de la veille a eu raison du téléphone de Cindy. Une tâche de plus à effectuer dans cette journée déjà bien remplie, à un jour seulement du départ. Sur le port de Concarneau, les visiteurs profitent de ce temps clément pour déambuler dans le village de départ. Accoudés aux barrières, les spectateurs admirent les Figaro Bénéteau 3 amarrés en contrebas. Les skippers font des va-et-vient sur le ponton pour boucler les derniers préparatifs. Sur le bateau à la coque noire Cap Saint-Barth, c’est Damien Cloarec qui s’active. Le skipper professionnel reconverti en coach et préparateur technique vérifie que tout est bien à sa place : «On est à J-1, je viens de finir les dernières bricoles, le bateau est prêt ! » Matériel de sécurité, voiles en double, habits, nourriture et les 120 litres d’eau sont cochés sur la liste : « Tout est important, insiste Damien Cloarec. Une fois qu’ils sont partis, s’ils ont oublié quelque chose, ils ne peuvent pas revenir à la maison. » Pour avoir déjà navigué sur des transatlantiques, le Breton sait que des petites choses peuvent faire la différence, comme ces trois petits mots d’encouragement laissés dans le bateau. « C’est une aventure très dure psychologiquement, ils vont passer 18 jours en mer dans ce petit espace, explique le coach. Quand on a une petite baisse de régime, ça redonne un coup de boost. » La complicité entre le coach et ses poulains qu’il suit depuis des mois se lit dans ses yeux. Cette aventure résonne particulièrement chez le Breton : en 2010, c’est lui qui naviguait sur le «Concarneau-Saint-Barth» aux côtés d’un Saint-Barth, Miguel Danet, lorsque la course s’appelait la Transat Ag2r (l’équipage avait terminé à la 22e place, sur 25). « Ce projet est magique, je pense que je ne pouvais pas rêver mieux », sourit Damien.
Le navigateur Philippe Poupon a baptisé samedi 19 avril le bateau Cap Saint-Barth dont il est le parrain.
« Depuis qu’elle est toute petite, elle veut faire la Transat »
Au fil de la journée, le bateau Cap Saint-Barth ne désemplit pas. Cindy et Thomas accueillent successivement la CEM, l’office de tourisme ou encore le service des sports de la Collectivité qui ont fait le déplacement pour voir l’aboutissement de ce projet. Une délégation entièrement masculine fait soudain son apparition sur le ponton : sept marins du Saint-Barth Yacht Club débarquent pour encourager une dernière fois leur monitrice. « Ça nous fait plaisir qu’elle réalise son rêve, on est fiers d’elle ! », s’exclament en chœur les adolescents. Des bonbons plein les poches (le péché mignon de Cindy), les marins lui donnent ces gourmandises ainsi qu’un cadeau. « Non mais vous voulez me faire pleurer ? », s'écrie Cindy en feuilletant le carnet dans lequel chacun des enfants lui a laissé un petit mot. La monitrice assure qu’elle lâchera des larmes seulement à l’arrivée de la Transat, ou peut-être le jour du départ, lorsqu’elle devra dire au revoir à ses filles. Aussi présente sur le ponton, la mère de Cindy quant à elle, tente de contenir ses émotions : « On a l’habitude de s’appeler quotidiennement, et là ce ne sera pas possible pendant 18 jours. » Malgré cette appréhension, Yolande regarde avec fierté sa fille. « Depuis qu’elle est toute petite, elle veut faire la Transat, souligne-t-elle. Et là, elle peut accomplir son rêve. »
A droite, aux côtés des représentants de Saint-Barthélemy, l’envoyée spéciale du JSB à Concarneau, Albane Harmange.
Une délégation fait soudain son apparition sur le ponton : sept marins du Saint-Barth Yacht Club débarquent pour encourager une dernière fois leur monitrice.
Le soutien des proches
Le lendemain matin, Yolande ne retient plus ses larmes. Elle n’est pas la seule. Sur le ponton de Concarneau, l’émotion des familles est palpable. Les parents de certains skippers embrassent avec force leur progéniture, la benjamine de la course est âgée de 19 ans. Quand ce sont les marins eux-mêmes qui disent au revoir à leurs enfants, les spectateurs ont aussi le cœur serré. Les larmes ne sont pas loin lorsque Cindy enlace une dernière fois ses deux petites filles, son compagnon et sa mère. Impossible pourtant de voir si la native de l’île lâche quelques larmes, elle cache ses yeux derrière ses lunettes de soleil dorées. Après une dernière accolade avec le coach, la skippeuse rejoint son coéquipier, Thomas André, sur le bateau Cap Saint-Barth. Le Breton a pu compter sur le soutien de sa famille, comme sa grand-mère qui partageait sa fierté de voir son petit-fils traverser une deuxième fois l’Atlantique.
Au moment du départ, Thomas André, coéquipier de Cindy Brin, a salué la foule en criant « kenavo » !
A 10h48, le Figaro 3 s’est détaché du ponton de Concarneau pour rejoindre le large. Le sourire jusqu’aux oreilles, Thomas a salué avec vigueur la foule en criant « au revoir » en breton. Cindy, elle, a opté pour le patois en s’adressant directement aux habitants de Saint-Barth : « Ch’con-né pa si vouzot é paré, min on é su la route, on é kariv. Donc, a tré vit. »
A contre-courant des yachts
Retour sur les premières heures
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