Le ciel breton sera-t-il clément pour le départ de la Transat Paprec ? Alors que l’heure du départ approche (ce dimanche à 13 heures, heure hexagonale, 7 heures à Saint-Barth), les skippers comme le grand public se rassemblent au village départ qui se tient à Concarneau. Depuis le mardi 15 avril et jusqu’au départ de la course, ce dimanche 20 avril, diverses animations et concerts sont prévus pour faire patienter les aficionados de voile. Mais en ce début de semaine, un invité indésirable s’est incrusté à la fête : le mauvais temps. Le mardi 15 avril devait avoir lieu le traditionnel challenge Alex Picot dans la baie de Concarneau, qui permet aux marins de faire les derniers réglages. C’est aussi l’occasion pour les observateurs de se faire une première idée de la course. Pour preuve : les gagnants du prologue de la dernière édition étaient également les vainqueurs de la Transat Paprec. Les skippers vont toutefois devoir patienter avant de se mettre à l’eau puisqu’en raison de conditions météorologiques défavorables, le prologue en mer a été annulé. « Il y a un vent de secteur Nord, Nord-Ouest avec 25 nœuds établis et des rafales qui peuvent dépasser les 40 nœuds, a déclaré Francis Le Goff, le directeur de course. Ça ne sert à rien de tenter le diable à six jours du grand départ ». Les sportifs ne se sont pas tourné les pouces pour autant. Les organisateurs se sont arrangés avec le jeu Virtual Regatta pour créer un prologue virtuel. De 14 heures à 15h30, chaque marin a disputé une manche virtuelle d’une durée de 30 minutes sur une tablette, dans une ambiance plutôt bon enfant. « On s’est bien marré, raconte Cindy. De toute façon, il y avait 45 nœuds dehors, ça aurait été bête de casser le bateau quelques jours avant le départ. » Vainqueur de la deuxième manche, l’équipage Cap Saint-Barth s’est hissé à la deuxième place du classement général, juste derrière Jules Ducelier et Sophie Faguet (Région Normandie). Après la détente, l’heure est aux derniers réglages : contrôle de sécurité, remplissage des bidons d’eau ou encore configuration des voiles installées il y a tout juste deux jours sur le bateau Cap Saint-Barth.
Le parcours habituel
Si le temps le permet, les 19 équipages mixtes de la Transat Paprec s’engageront ce dimanche 20 avril dans une aventure un brin plus éprouvante physiquement. Pour cette 17ème édition, le parcours ne change pas : les skippers devront parcourir les 3.890 milles qui séparent la commune bretonne de Concarneau à Saint-Barthélemy. Après un parcours dans le chenal du port de Concarneau pour que les spectateurs puissent admirer les voilures, les 19 Figaro Bénéteau 3 prendront le large direction le Golfe de Gascogne. Une étape qui « réserve toujours son lot de surprises », prévient Francis Le Goff. Les skippers poursuivront leur route vers le sud avec un passage obligatoire autour du waypoint de La Palma. Cette île espagnole constitue un moment clé de la course puisque les équipages décideront s’ils optent pour une route directe jusqu’à Saint-Barth ou une descente plus marquée le long des côtes africaines.
Des skippers expérimentés
Parmi les 38 participants, huit d’entre eux sont familiers du parcours Concarneau - Saint-Barth. Le record revient à Martin Le Pape qui a participé quatre fois à la Transat. Les autres candidats ne sont pas en reste puisqu’ils ont décroché de belles places au classement comme Sophie Faguet (4ème en 2023), Pauline Courtois et Quentin Horeau (3ème en 2023), Chloé Le Bars (6ème en 2023) et bien sûr, Charlotte Yven, vainqueure de l’édition précédente en 18 jours 19 heures 1 minute et 33 secondes. Le record de l’épreuve établi en 2021 par Nils Palmieri et Julien Villion en 18 jours 5 heures 8 minutes et 3 secondes est encore à battre. Un challenge que vont peut-être se donner les marins les plus expérimentés. Romain Brouillard, Thomas De Dinechin, Davy Beaudart, Julie Simon ou Laure Galley connaissent bien le Figaro Bénéteau 3 pour avoir déjà participé à la Solitaire du Figaro.
Quentin Vlamynck a traversé l’Atlantique à plusieurs reprises, il a même signé une victoire en double sur la Transat Jacques Vabre 2023 en Ocean Fifty. Pas de quoi intimider la jeunesse qui profite de cette course à armes égales pour faire ses marques dans le circuit Figaro (JSB 1611). La Transat Paprec sera la première traversée de l’Atlantique pour plusieurs d’entre eux. C’est notamment le cas de Cindy Brin, seule représentante de l’île sur cette course emblématique.
Première femme de l’île sur la ligne de départ
Depuis l’annonce de sa participation en octobre dernier dans le Journal de Saint-Barth, la monitrice de voile du Saint-Barth Yacht Club s’est entraînée sans relâche pour ce défi. Certes, la native de l’île connaît la voile, mais elle n’avait jamais navigué sur un Figaro Bénéteau 3 avant ses premiers entraînements l’automne dernier en Bretagne. Bien accompagnée par le skipper Éric Péron qui coordonne ce projet, et son co-équipier Thomas André, Cindy s’est familiarisée avec le bateau en un temps record. « Elle n’a pas à rougir, elle a fait de beaux progrès », déclarait le Breton, un mois avant le départ. Cindy peut aussi compter sur le soutien indéfectible de son île. C’est d’ailleurs grâce à l’appui de la Collectivité qui finance ce projet que la monitrice peut réaliser son rêve de petite fille et devenir la première femme Saint-Barth à participer à cette transatlantique.
Projet d’envergure pour la Collectivité
Pour faire honneur à l’enfant du pays, la Collectivité a fait les choses en grand. Les décorations du bateau Cap Saint-Barth sont à l’effigie du territoire avec l’Arawak et le pélican, et un partenariat avec Virtual Regatta a permis d’intégrer ce bateau dans le jeu virtuel (JSB 1611). Une délégation sera présente à Concarneau pour représenter l’île et encourager Cindy : le président de la Collectivité, Xavier Lédée, le directeur du port, Ernest Brin, David Blanchard (conseiller territorial chargé des sports), Magali Maxor (responsable du service chargé des associations et du sport à la collectivité), Shirley Brin Dufay pour le Comité du Tourisme et plusieurs représentants de la Chambre économique multiprofessionnelle. Les Saint-Barth qui souhaitent prendre part à l’émulation générale pourront profiter des animations du village d’arrivée qui se tiendra dès le 6 mai, les premiers équipages étant attendus à partir du 8 mai.