Sur les 136 participants alignés sur la ligne de départ samedi dernier, Simon Chuinard a parcouru les 53 kilomètres de l’épreuve, dont 2600 mètres de dénivelé positif, du Tchimbé du Volcan de Martinique en 9 heures 41 minutes et 21 secondes. Il se classe troisième de la catégorie sénior et 14e au général sur les 103 «finishers».
La pluie s’est invitée au départ du Tchimbé du Volcan donné à 22 heures du stade d’Ajoupa- Bouillon en Martinique, samedi 7 mai. Avec le dossard 254, Simon Chuinard, coach sportif arrivé à Saint-Barth depuis décembre, se retrouve parmi les 136 sportifs dans une « ambiance incroyablement folle, qualifie-t-il. Une véritable aventure humaine. » Le ton est donné dès les premiers kilomètres. « Au début cela a été la découverte totale, se remémore Simon Chuinard. On sort du stade d’Ajoupa-Bouillon. On commence sur une route et au bout de 500 mètres on rentre dans la forêt tropicale. Il n’y a pas l’espace pour doubler, du coup il y a une chenille humaine gigantesque qui se trace pendant une bonne demi-heure à monter des murs. Au début j’étais focalisé sur les pieds de la personne devant moi pour ne pas tomber et à un moment j’ai levé la tête. Et j’ai vu les lumières des frontales tracées le chemin dans la végétation. Les lumières faisaient ressortir cette végétation luxuriante. C’était tellement beau que cela m’a donné le sourire, que j’ai gardé jusqu’à la fin malgré la difficulté, les douleurs, les chutes. »
Après 2h 22’24 de course, c’est à la 22e position qu’il passe le premier contrôle situé au 25e kilomètre à un peu plus d’une heure du premier concurrent.
On retrouve Simon seul au 33e kilomètre. « J’avais mal à la tête tellement la forêt faisait du bruit, raconte-t-il. Au début je trouvais ça incroyable. Avec la fatigue, cela me prenait la tête : les animaux, les insectes. Et à ce moment-là je croise un coureur de l’Ultra Trail (103 km et 5500 m de dénivelé positif environ, ndlr), adossé à un arbre qui faisait une sieste dans la boue. J’avais cinq heures de course dans les jambes, lui était parti 12 heures avant moi, donc il avait déjà 17 heures d’épreuve. C’est incroyable d’arriver à rattraper des coureurs du 103 km. Cela donne un véritable coup de fouet. Parce que l’on a de la douleur partout dans le corps mais on vient de croiser quelqu’un du 103 km qui doit être dans un état encore pire. Donc tu n’as pas le droit de te plaindre. Tu avances. »
Cela l’a tellement boosté qu’il gagne des places et c’est en 11e position qu’il pointe au deuxième contrôle après 4h40’14 de course. Une superbe remontée juste avant la grande difficulté du “mur” de Cœur Bouliki. « Un mur c’est une montagne, explique Simon. Tu mets énormément de temps à faire une très petite distance. J’avais entendu parler de cette difficulté. C’était un peu une frayeur. Il y a bien 200 mètres de dénivelé positif. C’est abrute. Tu as besoin de tes bras pour monter. Tu pousses, tu tires, tu t’attaches aux racines. A un moment, il y avait des marches, je me suis retrouvé à quatre pattes. Il fallait toute l’énergie possible. Et ça, c’était une petite distance. »
Il perd ainsi quelques places et c’est en 14e position qu’il franchi le troisième et dernier contrôle du 48e kilomètre. Il a déjà 6 h52’ 25 de course dans les jambes. Il gardera cette position jusqu’à la ligne d’arrivée qu’il franchit après 9 heures 41 minutes et 21 secondes de course. Un temps qui le fait monter sur la troisième marche du podium Sénior. « Je suis très heureux de mon temps ! Surtout qu’avec des amis rencontrés sur place la veille, on avait estimé un temps de course qui tournait aux alentours de 10 h 30 et 11 heures. C’est peut-être pour cela que j’ai pris les devants directs. Finalement j’ai rarement vécu cette plénitude totale. D’être heureux dans une course malgré la douleur. »
Le Tchimbé Raid est le plus ancien trail de la Martinique qui propose quatre parcours : l’Ultra Trail (103 km et 5500 m de dénivelé positif environ (D+)), le Tchimbé du Volcan (53 km et 2600m D+), le Tchimbé des Mornes (27 km et 1300 m D+) et le Tchimbé du Piton sur un format court de 18 kilomètres et 650m D+. Toutes les courses se rejoignent pour une arrivée groupée au centre nautique de Schoelcher.