Saint-Barth - Paul bessieres Rugby

Rugby - Paul Bessières raccroche ses crampons

C'est une icône, un joueur emblématique, une légende des Barracudas qui a décidé de tirer sa révérence et ne pas rempiler en équipe première, pour une ultime saison. Paul Bessières, 40 ans et demi de mêlée de poche des Barracudas, n'animera plus le jeu de Saint-Barth. Il aura fait les belles heures des "Barras" avec lesquels il a glané, depuis son arrivée sur l’île, dix titres de champion de Guadeloupe et trois Tournois Antilles Guyane. Il a aussi été le capitaine de la sélection de Guadeloupe, vice-championne de la Caraïbe en rugby à XV.
Un palmarès à la hauteur de son talent... Pourtant, Paul, qui a fait ses classes au Stade Toulousain, a failli ne jamais porter le maillot bleu et blanc des Barracudas. Comme l'explique Fabien Maurel, ami d’enfance, coéquipier en club de sélection, pour terminer par être son entraîneur : « On s'est connu quand il sortait du centre de formation du Stade Toulousain. Nous étions ados. Moi je débutais dans le rugby et Paul n'avait pas été retenu pour le circuit pro, car trop petit et trop frêle. Pourtant c'était évident, du talent, il en avait vraiment ! Des années plus tard, quand je suis arrivé à Saint-Barthélemy pour le travail, j'ai pensé à lui pour étoffer notre équipe de rugby... Bien m'en a pris ! Il n'a pas hésité longtemps à nous rejoindre dans cette aventure. Il a réussi à trouver du boulot, et la suite, vous la connaissez ! » Fabien Maurel se remémore les plus belles saisons avec son coéquipier : « Les doublés Tag + Championnat sont des souvenirs extraordinaires, on était au top, on a tout gagné pour notre club, pour l'île, quelle fierté ! »

En mars dernier, les joueurs des Barracudas ont rendu hommage, à travers un tee-shirt "Merci Paulo", à l'emblématique capitaine Barras Paul Bessières, retraité du rugby. © Les Barracudas

Philippe Bertin « Porcu », première ligne célèbre des Barracudas, a été de toutes les saisons ou presque au côté de Paul, « son » numéro 9. Il est ému de le voir arrêter le rugby : « C'est un joueur qui a apporté énormément à l'équipe mais aussi au club tout entier. Savoir qu'il arrête, pour moi, c'est une grosse perte car c'est un joueur de bonne mentalité avec beaucoup de respect pour ses partenaires et pour le rugby en général... C'est une perte aussi pour la 3ème mi-temps... Ahhh on en a vécu des énormes, surtout les soirs de titres [rires]. »
De belles anecdotes, peut-être pas toujours avouables en public, semblent s'entrechoquer dans la tête de "Porcu" qui, avec un peu de recul, conclut : « Le seul regret que j'ai, en fait, c'est qu'il ait arrêté sa carrière sur une blessure, j'aurai préféré qu'il raccroche ses crampons sur un titre ou un match de gala, comme tout le monde. »
Effectivement, en début d’année, lors de la rencontre Bruc (Abymes) - Barracudas au stade de Saint-Jean, Paul Bessières a dû quitter le terrain et ses coéquipiers à la suite d’un impact avec un adversaire abymien. Quelques jours après ce KO, Paul prend la décision de ne plus reprendre le rugby amateur à haut niveau, certainement motivé par la naissance de son deuxième enfant et des projets professionnels aussi chronophages que novateurs.

En 2012, les Barracudas remporte pour la 6e fois le championnat de Guadeloupe.

Être plein d'idées et ne pas compter ses heures, voilà deux qualités qui lui sied bien, comme le rappelle Valentin Lalo, Barracudas fidèle de "Cap'tain Polo" : « Paul c'est un pilier du club.... Tellement il est là que je ne sais même plus depuis combien d'années il porte fièrement notre maillot... 12, 13, 15 ans ? Tout le monde au club le connait ou l'a connu ! Je sais que même s’il arrête sa carrière de joueur, l'âge dans le rugby ça ne pardonne pas vous savez, je sais qu'il sera toujours là pour nous conseiller, nous guider, nous supporter. On sait que dans les années futures, il gravitera toujours autour du rugby, au club house, avec nous, à boire une bière et à débriefer des matchs ou préparer, avec nous, des combis. C'est un mec génial, on l'aime ce Paul ! »
Un vibrant hommage auquel se joint Alex Ros, devenu ami au fil des saisons : « Polo, c'est un super mec, il a été mon numéro 9, mon numéro 10, mon entraîneur avant que je devienne le sien, ce type a tout connu et tout gagné avec les Barracudas ! Et nos succès on les doit à son caractère, à sa motivation qu'il sait partager ! Qu'est-ce qu'il a pu nous prendre la tête avec ses séances de physique et de jeu, un vrai acharné de travail, mais ça a payé ! On a bien garni la vitrine à trophée du club ! Pour la suite, je lui souhaite que du bonheur, et j'espère le voir bientôt au poste d'entraîneur. Paul Bessières, c'est l'esprit "type" du rugby. »

Une influence, un modèle, pour les plus jeunes du club, dont a fait partie Marius Domon. L'actuel trois quart professionnel du RC Toulon, qui brille en TOP 14, se souvient du regard qu'il portait sur Paul : « Quand on était petit, on le voyait de loin, il était impressionnant sur le terrain. Pourtant il avait toujours le sourire pour nous et en tant que sénior, il était très accessible pour les petits de l'école de rugby comme moi. En plus, je jouais demi de mêlée à l'époque, alors je le regardais beaucoup et quelque part je m'en inspirais. Avant nous, c'était lui quoi... il a même été entraîneur-joueur, et ce n'est pas un rôle facile. Il restera, pour plein de raisons, comme une figure incontournable du rugby à Saint Barthélemy et en Guadeloupe. »

En 2018, quatre joueurs des Barras, Daniel Sabino, Valentin Lalo, Mickaël Darcourt et Paul Bessières  ont participé  avec la sélection de Guadeloupe au « Rugby Barbados World 7 » à la Barbade.

Effectivement, la notoriété et le plébiscite autour de Paul Bessières ont été reconnus pendant plus d'une décennie dans tout le rugby antillais et caribéen. Il sera le capitaine des sélections de Rugby à 7 et à 15 de Guadeloupe, qui terminera vice-championne de la Caraïbe, en 2019. Un souvenir, dont le sélectionneur de l'époque, Dominique Graniou se souvient bien : « Paul, c'est pour moi le guide intemporel des Barracudas de Saint-Barth et le leader indiscutable de la sélection de Guadeloupe de Rugby à 7 comme à 15. Parce qu'au-delà de ses qualités de joueurs, son caractère, son courage, son abnégation ont fait de lui le capitaine incontournable de notre sélection. Mon plus beau souvenir ensemble, c'est notre finale au championnat RAN 2018 (Rugby American North), aux Bermudes, où, même si elle se solde par une défaite, marque le plus beau parcours qu'une sélection antillaise de rugby ait réalisé à ce jour. »

Même son de cloche chez son adversaire du Bruc Abymes, Alexis Grosset, aujourd'hui conseiller technique régional de la ligue, demi de mêlée aussi et qu'il a affronté lors de nombreuses finales de championnat de Guadeloupe tout en étant son partenaire au sein de la sélection : « J'ai eu le malheur de jouer contre lui, mais aussi le bonheur d'être son coéquipier [rires]... De mémoire, il était de toutes les campagnes de notre sélection. Il a toujours fait fi de son petit gabarit grâce à sa qualité de passes et de plaquage ! Quelle belle carrière, j'espère le voir se reconvertir en coach car il a beaucoup à transmettre, aux jeunes et aux moins jeunes ! Dites-lui que je l'embrasse !»

Entre respect pour l'homme et le joueur, 3ème mi-temps inoubliables, actions de grande classe et salut unanime autour de son désir de raccrocher les crampons, tout le monde du rugby Guadeloupéen a été marqué par le demi de mêlée de Saint-Barth. Le mot de la fin revient à Fabien Maurel : « Cela me ferait plaisir qu'il reste chez nous, en vétéran, chez les Poissons Clowns, ça nous permettra de "boucler la boucle" de notre amitié et de notre aventure sur les terrains de rugby. » Le légendaire capitaine des Barracudas, Paul Bessières a le temps de réfléchir à la suggestion de son vieux copain. Car après 30 années passées sur les terrains, il a décidé de s'occuper de ses enfants et de son  travail, deux activités qui vont, à  coup sûr, bien l'occuper pour les trente années à venir.

 

Journal de Saint-Barth N°1586 du 10/10/2024

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