À un peu plus de vingt jours du départ de la Transat AG2R – La Mondiale les skippers se sont réunis autour des organisateurs à Paris. L’occasion de faire le point sur les forces en présence de cette 14e édition qui s’annonce exceptionnelle à plus d’un titre.
Objectif record
19 jours 22 heures 24 minutes et 30 secondes. Kito de Pavant et Pietro d’Ali ont fait fort en 2006. Depuis qu’ils ont établi ce record supersonique, aucun équipage n’est descendu sous les 22 jours de course. Si les skippers au départ de Concarneau veulent effacer le duo franco-italien des tablettes, c’est cette année ou jamais. La qualité du plateau a poussé le directeur de course Francis Le Goff à garder le parcours intact pour laisser une dernière chance de faire tomber le record. Mathieu Sarrot, directeur d’OC Sport Pen Duick, l’assure : « Si ça va très vite, il se peut que la gagne se joue entre 17 et 22 jours. Le plateau est incroyablement relevé, la moitié des équipages pourront jouer la victoire » et donc potentiellement faire tomber le record. Dans deux ans, lors de la prochaine édition, il sera trop tard, les bateaux ne seront plus les mêmes, plus évolués. La comparaison ne sera plus possible et si le 12 mai, Gustavia n’aperçoit pas le premier duo, les vainqueurs de 2006 resteront au sommet, éternellement.
Saint-Barth, le besoin de rassurer
Michel Magras a voulu rassurer tout ce petit monde, comme une obligation, même plus de six mois après le passage d’Irma. Plusieurs fois, il a demandé aux équipages et aux organisateurs d’être « rassurés ». « Vous serez accueillis comme il se doit, dans d’excellentes conditions. Saint-Barth est une île debout, nous avons prouvé notre capacité de résilience ».
L’équipement
Pour la dernière fois, les «Figaro Bénéteau 2 » prendront le départ de la Transat. À l’eau depuis 2003, ils seront remplacés par une nouvelle génération dès la solitaire du Figaro 2019 et donc, la Transat AG2R – La Mondiale l’année suivante. Rien ne change pour le moment, les radars pour anticiper les bancs de sargasses, qui freinent très fortement les bateaux, ne seront pas embarqués. « Le coût du matériel serait beaucoup plus élevé, ils sont en binôme sur le bateau et peuvent gérer ce genre d’événement, c’est aussi la magie de la course. C’est une volonté de notre part, ça reste une compétition où la classe fait attention à la maîtrise des budgets », détaille Francis Le Goff, directeur de course. Miguel Danet est conscient que ce facteur pourrait jouer sur l’issue de la course : « On se fera une idée avec les données infrarouges au départ. Les sargasses arrivent en Guadeloupe, ça peut être un vrai facteur déterminant ».
L’entraînement
La plupart des skippers ont rapidement rejoint la Bretagne après la présentation parisienne en début de semaine. Un réglage de détails pour certains, une prise en main d’un nouveau matériel pour d’autres. La baie de Concarneau voit déjà les marins s’essayer malgré des conditions climatiques compliquées par moment.
Le pari
Le maire de Concarneau, André Fidelin, a pris un engagement pour le moins cocasse. À la tribune, il a rappelé à Michel Magras leur petit pari de 2008. Le défi était conditionné à la performance du duo Miguel Danet - Éric Péron. S’ils se classaient dans les trois premiers de la Transat, les deux représentants finissaient à l’eau. Un pari honoré. Dix ans après, le tandem se reforme en mer, le pari entre le maire et le sénateur, lui, est reconduit. Mais attention, André Fidelin l’a précisé : « S’ils montent sur le podium c’est à l’eau, mais… à Concarneau ».
Une couverture médiatique accrue
Cette année encore, tous les bateaux seront équipés de caméras et d’un réseau solide pour envoyer des images. Toutes les 48 heures, les équipages devront envoyer une vidéo pré-montée d’une minute. Des images qui permettront d’alimenter le contenu médiatique, encore plus important cette année. En plus du départ retransmis en direct, une émission de 26 minutes sera diffusée tous les midis sur la chaîne Infosport+, et France 3 programmera l’image du jour tous les soirs. Il sera évidemment possible de suivre l’avancée de la course en temps réel sur internet.
_____________________Les petites phrases
Les skippers ont été présentés les uns après les autres, l’occasion pour eux de s’exprimer sur la Transat. Certains ont capté l’attention. Verbatim.
- Romain Attanasio, CMB Bretagne : « Moi j’y vais d’abord pour voir Johnny ».
- Thomas Dolan, Smurfit Kappa – Cerfrance : Lorsque l’on annonce à l’Irlandais que Zouk Machine sera à l’affiche du concert précédant le départ de Concarneau : « Ça tombe bien, ma copine adore zouker ».
- Guillaume Farsy, Cornouaille – Solidarité Saint-Barth : Lorsqu’on lui demande de décrire sa relation avec son partenaire Renaud Nicot, dans la vie : « C’est simple, je ne l’ai rencontré physiquement que le 1er mars ! »
- Tanguy Le Turquais, Everial : Sur sa relation avec Clarisse Crémer, sa partenaire sur le bateau qui est également... sa compagne. « C’est une vraie compétitrice. On va laisser les papouilles et les scènes de ménage à terre ».
- Yannig Livory, Interaction : Lorsqu’on l’informe qu’il est le doyen avec ses neuf participations : « Je prends un sacré coup de vieux en voyant tous ces skippers, j’ai un peu l’impression d’être le dernier résistant. »
- Isabelle Joschke, Teamwork : Le seul équipage féminin, un honneur ?… « Je suis plus pour la mixité habituellement… »
- Éric Péron, Le Macaron French Pastries : 3e avec Miguel Danet en 2008, vous espérez faire aussi bien ? « On vient pour faire mieux ».
- Thierry Chabagny, Armor Lux – Gedimat, tenant du titre avec Erwan Tabarly. Sur leur relation sur le bateau : « On est interchangeables. Quand je dors, il prend les décisions que j’aurais prises ».
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En chiffres
- 20 bateaux au départ
- 6260 km à parcourir (soit 3890 miles)
- 3 femmes au départ
- 28 ans, l’écart d’âge maximum sur un bateau (Les Frigos solidaires). Pierre Loulier, 57 ans emmène Mathieu Claveau, 29 ans. Pourtant, les deux skippers sont « bizuts ».
- 4 nationalités présentes au départ (française, irlandaise, allemande, suisse).
- 19j, 22h, 24’30’’ : le record de la Transat établi par Kito de Pavant et Pietro d’Ali en 2006.
- 64 secondes : le plus petit écart entre le premier et le deuxième, en 1994. Jean Le Cam et Roland Jourdain avaient devancé Bertrand De Broc et Marc Guillemot.
JSB 1272