La délégation sénatoriale aux outre-mer présidée par Michel Magras publie un rapport intitulé « Quels tremplins pour le sport en outre-mer ? », qui liste trente recommandations dont certaines intéressent notre territoire pour encourager la pratique sportive. A Saint-Barth, le taux de licenciés est de 26%, et c’est la voile qui séduit le plus.
Trois cent personnes interrogées, 90 heures de visite et d’auditions menées par quatre sénatrices* ont abouti à ce rapport complet sur le sport dans les outre-mer. Décidée à l’orée des Jeux Olympiques 2024 de Paris, l’étude liste trente recommandations pour encourager la pratique sportive, pour que les ultramarins bénéficient des mêmes équipements que les métropolitains, pour permettre à des champions en puissance de faire rayonner leurs territoires...
Le sport est vecteur de cohésion sociale et sa pratique est un réel enjeu sanitaire. Il prévient de maladies chroniques comme l’obésité ou les affections cardio-vasculaires, particulièrement répandues notre île. Son encadrement, souvent associatif, est vulnérable.
Tous les territoires, par essence, ne sont pas logés à la même enseigne en ce qui concerne l’accès au sport. A Saint-Barthélemy, le taux de licenciés est supérieur à la moyenne nationale : 26%, contre 24 % en France. C’est davantage qu’à Saint-Martin, en Martinique, Guadeloupe, La Réunion… Mais toujours moins qu’à Saint-Pierre-et-Miquelon, ou 42% des habitants sont licenciés. Sur notre île, c’est la voile qui rassemble le plus de sportifs, dépassant, fait rare, l’incontournable football.
17,2 équipements pour 10.000 habitants
Notre île compte seize équipements sportifs, soit un ratio de 17,2 pour 10.000 habitants. En Guadeloupe, cette moyenne est de 31,6, et au niveau national, elle est de 53,7 équipements pour 10.000 habitants. Encourager la pratique du sport passe indéniablement par les infrastructures : Saint-Pierre et Miquelon compte 62,7 équipements pour 10.000 habitants. Saint-Barth compterait plus de cyclistes si ses routes étaient dotées de pistes cyclables, par exemple.
La délégation sénatoriale liste trente recommandations, dont certaines paraissent tout à fait adaptées à Saint-Barthélemy. Avec un point commun à tous les territoires : en outre-mer, l’accès au sport coûte plus cher qu’ailleurs, pour l’infrastructure comme pour la mobilité. L’Etat, qui reste maître de cette compétence, doit prendre en compte ces surcoûts dans son soutien financier, et engager un plan rattrapage pour que les Français ultra-marins bénéficient du même accès aux sports que les Français métropolitains. Si notre île n’est pas concernée, les sénatrices soulignent que c’est dans les territoires d’outre-mer que les habitants savent le moins nager...
Extrait des préconisations de la délégation sénatoriale.
- Schéma de développement
Loi organique ou non, l’Etat reste compétent officiellement dans le domaine du sport. Toutefois, « les deux collectivités des Îles du Nord assumant à la fois les compétences des communes, départements et régions, le développement du sport - partagé dans le droit commun entre ces trois niveaux - leur incombe naturellement. » Les sénatrices préconisent l’adoption d’un schéma de développement du sport, comme l’a fait Saint-Martin dans le cadre de sa reconstruction post-Irma. Un tel document permet de prioriser des objectifs adaptés aux spécificités du territoire : on ne va pas construire une piscine olympique à Saint-Barthélemy.
-Dans les fédérations
Le rapport suggère la désignation de référents outre-mer au sein des fédérations sportives nationales, pour qu’elles soient systématiquement prises en compte, mais aussi que leurs spécificités soient respectées.
-Pass jeunes sport
L’enfance est l’âge clé pour développer sa pratique sportive et le goût de l’effort ; c’est pourquoi l’une des préconisations forte du rapport est la création d’un « pass sport jeunes » qui permette à chaque enfant d’être licencié dans un club.
-Former les encadrants
Un encadrement de qualité nécessite de la formation, et on connaît les difficultés d’accès à ces dernières depuis Saint-Barthélemy. Pourtant des filières locales sont à développer : c’est ce qu’a fait récemment le comité territorial de football de Saint-Barth, en faisant venir un formateur pour une session de certification d’une semaine, sur place, grâce notamment à la possibilité d’utiliser le centre d’hébergement de Saint-Jean.
-Surcoût liés au climat
Aléas sismiques, cyclones : la vie des équipements dans les Antilles est plus courte qu’en Europe, leur entretien plus ardu. « Marc Sanchez, président de l’Association nationale des élus en charge du sport (ANDES), évoquait des surcoûts de l’ordre de 30 % » pour les collectivités. Ces investissements plus lourds qu’ailleurs sont à prendre en compte par l’Etat.
> Le rapport complet, ainsi que la synthèse et la liste des recommandations, sont à lire sur le site www.senat.fr (onglet « travaux parlementaires » puis « rapports et documents de travail »).
(*) Catherine Conconne, sénatrice de la Martinique, Gisèle Jourda, sénatrice de l’Aude, Viviane Mallet, sénatrice de La Réunion et Lana Tetuanui, sénatrice de la Polynésie française.
JSB 1308