Il est près de 9 heures et le soleil cogne déjà à pleins rayons sur le stade de Saint-Jean. Tandis qu’une poignée de coureurs s’étouffent sur la piste, trois jeunes footballeurs occupent une petite partie de la pelouse. Plus précisément, deux footballeurs et une footballeuse. Cette dernière a pour nom Léane Fouineau. Elle est jeune - à peine 14 ans - et entrevoit déjà la réalisation d’une partie de ses rêves. Une infime partie, certes, mais c’est un début. Dans quelques semaines, Léane va s’envoler pour l’Hexagone afin d’intégrer la sélection d’outre-mer de football féminin des moins de 15 ans. Après la sélection de Guadeloupe, la gardienne de l’Ajoe franchit donc une nouvelle étape. A son rythme qui, manifestement, est relativement élevé.
« J’aime avoir la vue sur tout le terrain »
Léane a commencé à jouer au football à l’âge de sept ans. « Mon père regardait des matches à la télé, donc j’ai voulu essayer, sourit l’adolescente. Et dès que je m’y suis mise, j’ai adoré. » Sur la pelouse, elle s’essaye à différents postes. Très vite, elle s’aperçoit qu’être positionnée en dernier rempart lui convient parfaitement. « J’ai vraiment commencé à m’entraîner seulement comme gardienne vers mes 11 ans », raconte-t-elle, comme si elle évoquait un lointain souvenir. Qu’est-ce qui a pu lui plaire dans le fait de rester en retrait du jeu pendant que ses petits camarades cavalent de long en large sur la pelouse? « D’abord, c’est une grande responsabilité, lance-t-elle, pleine d’assurance. C’est toujours une fierté d’arrêter un tir et d’empêcher un but. Et puis j’aime avoir la vue sur tout le terrain. » Le regard du général sur ses troupes, en quelque sorte.
Depuis qu’elle a commencé à courir après le ballon, avant de les arrêter, Léane joue essentiellement avec des garçons. Ce n’est qu’à partir de la saison passée qu’elle a commencé à jouer avec des filles. « Ce n’est pas le même jeu, pas la même mentalité », résume-t-elle sans s’étendre davantage sur le sujet. Car, finalement, ce n’est pas le plus important. Pour elle, ce qui est primordial, c’est « de s’amuser en travaillant ».
En juin 2019 est organisée une formation d’éducateur pour les gardiens de but. Pour la pratique, les futurs entraîneurs ont besoin de la présence de joueurs. Elle se retrouve donc naturellement sur la pelouse et dans ses « bois ». Le directeur régional venu de Guadeloupe ne tarde pas à repérer Léane. « A la fin, il a dit à mes parents qu’il voulait me voir en sélection », se souvient l’adolescente qui, dès le premier rassemblement de joueuses, gagne sa place au sein de la sélection de Guadeloupe. Prochaine étape, l’Outre-mer.
Interligues nationales à Clairefontaine
Du 24 février au 4 mars, Léane Fouineau va rencontrer les meilleures joueuses de sa catégorie d’âge à l’occasion des Interligues nationales. La sélection d’outre-mer devrait notamment affronter celle d’Ile-de-France lors du tournoi. Les rencontres vont se disputer à Clairefontaine, le centre d’entraînement des équipes de France. Une perspective qui pourrait donner quelques sueurs froides aux footballeuses en herbe. Mais si Léane admet ressentir un peu de « stress », c’est surtout parce qu’elle va « jouer avec des filles » qu’elle ne connaît pas.
« C’est une vraie étape à franchir avant de passer aux choses sérieuses », lance l’adolescente. Car pour elle, l’objectif est de parvenir à intégrer un centre de formation. Pour les jeunes femmes, les options sont bien moins nombreuses que celles dont disposent les garçons. En réalité, deux solutions s’offrent à Léane : entrer au Pôle France ou dans un centre de formation. Et ils ne sont pas légion. Toutefois, comme l’explique la collégienne actuellement en classe de 3e à Mireille Choisy : « De toute façon, je dois partir de Saint-Barth à la fin de l’année. » Un départ auquel ses parents sont déjà préparés. « A Saint-Barth, on est toujours obliger d’anticiper pour les enfants, confie sa maman, Claudie. Déjà pour un cursus classique mais encore plus pour un parcours d’excellence sportive. Elle a eu de la chance de se faire remarquer et il faut qu’elle bosse pour se faire voir en février. Nous, on essaye de suivre! »
Si Léane remercie ses parents de leur implication, elle n’oublie pas ses entraîneurs : Guillaume, Alan, Edouard, Franck et Caro. « Après tout, ce sont eux qui la supportent à chaque entraînement », s’amuse Claudie.