Saint-Barth - Guirec Soudée

Guirec Soudée boucle son tour de l’Atlantique

Il lui aura fallu 107 jours d’effort. Vendredi 1er octobre, Guirec Soudée a enfin touché terre après une longue traversée de l’Atlantique, à la rame et en solitaire. Un exploit que peu ont accompli. Particulièrement deux fois dans la même année ! Une première fois d’Est en Ouest, avec une escale à Saint-Barth le 26 février, puis d’Ouest en Est en partant de Cape Cod aux Etats-Unis.
Pour l’accueillir sur le quai La Pérouse de Brest à 14h30, plus de huit-cent personnes ont fait le déplacement. Un minimum, compte tenu de la performance réalisée par le navigateur originaire de Plougrescant (Côtes d’Armor) et âgé de 29 ans. Devant la foule, sa compagne, des membres de sa famille et des amis sont également présents pour célébrer son retour au bercail.
Son aventure sur l’Atlantique a débuté le 14 décembre 2020 lorsqu’il a pris le départ depuis les Canaries. 74 jours plus tard, il amarre à Saint-Barthélemy après avoir ramé sur plus de 5.000 kilomètres. Pour arriver jusque là, il lui a fallu affronter deux dépressions, deux retournements de son bateau et dix jours à la dérive enfermé dans un habitacle de 1,5 mètre carré. Quand il débarque à Gustavia (JSB1413), il a perdu neuf kilos. L’expérience aurait pu s’arrêter là, mais le marin n’est pas rassasié. Il annonce qu’il se chargera lui-même de ramener son navire en Bretagne, parc conséquent qu’il entend bien effectuer la traversée du retour. Toujours à la rame, cela va sans dire.
Il remonte alors vers l’Atlantique Nord par la mythique route 41 empruntée par Gérard D’Aboville en 1980, jusqu’à Cape Cod dans le Massachusets. Là, il patiente jusqu’à ce que la météo cesse ses caprices. Il s’élance finalement le 15 juin. Son intention est alors de récupérer les courants du Gulf Stream « pour atteindre l’Europe le plus rapidement possible ». Bien évidemment, l’océan et les dépressions tropicales en décident autrement.
Le 3 juillet, pris dans les affres d’une tempête, son navire chavire à nouveau. « C’était important de ne pas lâcher, confie le navigateur à nos confrères de Ouest-France. Mais là je suis allé au bout de mes limites. C’était vraiment dur de se rationner. » Car, dans ce chavirage, ses vêtements ainsi qu’une grande partie de sa nourriture lyophilisée sont emportée par la mer.
Par miracle, il parvient à sauver sa radio. Mais il met 24 jours à récupérer sa position GPS. Au cours de cette deuxième traversée, il raconte au Télégramme qu’il a perdu 14 kilos et mangé toutes ses « réserves moisies ». Un autre exploit, à n’en pas douter. « Je suis passé par tellement de choses. C’est un miracle que je sois là avec mon bateau. J’ai une bonne étoile au-dessus de moi. » Malgré son émotion à l’arrivée, il n’a pas oublié d’évoquer Monique, sa célèbre poule qui l’avait accompagné lors d’une précédente expédition. « Mais heureusement qu’elle n’était pas là, franchement », glisse-t-il.
Pour arriver jusqu’au port de Brest, Guirec Soudée et son bateau ont été remorqués depuis la ligne d’arrivée virtuelle. « Au petit matin, au lever du soleil, lorsque j’ai vu Ouessant, j’avais des larmes aux yeux, j’y croyais pas », a-t-il confié à France 3 régions. « Je me suis battu, du premier au dernier jour. Je savais que j’allais y arriver, mais quel soulagement ! Je suis le plus heureux du monde d’être arrivé en Bretagne. »
Sans doute pour peu de temps puisque le jeune homme a un autre rêve : participer au Vendée Globe 2024. Et comme il a déjà acheté son bateau...

Journal de Saint-Barth N°1441 du 07/10/2021

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