Depuis des semaines, Cindy Brin trépignait d’impatience à l’idée de naviguer à bord d’un Figaro Beneteau. « Ma spécialité, c’est l’Optimist », rappelait en riant la monitrice du Saint-Barth Yacht Club (JSB 1586), qui n’avait jamais essayé ce type de bateau. C’est chose faite. Du 28 octobre au 1er novembre, la skippeuse s’est familiarisée avec ce voilier monotype sur foil au large de Lorient, en Bretagne. « C’était trop bien », résume Cindy Brin. Un pull à col roulé pour lutter contre le froid, mais toujours le sourire aux lèvres, la monitrice de voile a passé ses journées en mer pour « faire de la manœuvre ». Entre Lorient et l’île de Groix, Cindy Brin a pu enchaîner jusqu’à trente manœuvres par jours sur les eaux bretonnes.
« Ce bateau, c’est une machine de guerre »
Lors de la première journée d’entraînement, la jeune femme a eu droit à un professeur de renom : Éric Péron. Navigateur professionnel spécialiste des courses au large, le skippeur s’est pris d’affection pour le projet de Cindy de se lancer dans la Transat Paprec. « J’ai participé près d’une dizaine de fois à cette course, elle fait partie intégrante de ma carrière », souligne le Breton. Lors de cette sortie en mer, Éric Péron a pu évaluer les compétences de Cindy sur ce bateau qui lui est inconnu. « Il y a un sens marin qui est assez présent donc malgré son manque de connaissances sur ce genre de bateau, elle n’était pas perdue, partage Éric Péron. Elle est très volontaire, je suis assez confiant sur le fait qu’elle puisse traverser dans de bonnes conditions. »
Cindy le confie, elle a été très surprise par le bruit du bateau, et sa vitesse. Malgré des conditions de vent peu favorables avec une moyenne de 3 à 8 nœuds, la skippeuse a pu tester les capacités de sa monture. « Ce bateau, c’est une machine de guerre », assure-t-elle. Sa préparation physique a également été mise à l’épreuve, avec quelques ajustements à faire. « Il n’y pas eu trop de souci, mis à part le mal de dos, je vais donc concentrer ma préparation sur les lombaires », explique Cindy Brin qui a repris l’entraînement dès son retour sur l’île.
L’aspect sécuritaire en priorité
Les jours suivants, la monitrice du Saint-Barth Yacht Club a navigué aux côtés de deux autres skippeurs, l’un d’entre eux pourrait potentiellement être choisi pour devenir son coéquipier. « Les deux sont de très bons pédagogues », s’enthousiasme Cindy Brin. La skippeuse a aussi passé une nuit en mer où elle a pu expérimenter le froid. La jeune femme doit aussi apprendre à naviguer avec ces températures, et de la même manière gérer son équipement. « Comme il fait froid, le cardio a tendance à monter plus vite et tu peux rapidement avoir chaud », précise la monitrice qui avait tendance à enlever et remettre les couches de vêtements constamment.
Mais selon Éric Péron, dans les semaines à venir, la priorité pour Cindy Brin reste de se concentrer sur le côté technique, et surtout sécuritaire. «Être capable de réagir dans toutes les situations, c’est ça le plus gros pilier, l’aspect régate on verra ça plus tard », ajoute l’ancien co-équipier de Miguel Danet. Le Breton prévoit déjà de lui envoyer un peu de lecture à potasser en même temps que sa préparation physique, afin que Cindy arrive dans les meilleures dispositions possibles en Bretagne, au mois de janvier, pour reprendre l’entraînement à bord du Figaro Beneteau.
Des anciens de la Transat sur le Vendée Globe
Dimanche 10 novembre, quarante skippers ont pris le départ du Vendée Globe, course autour du monde à la voile et en solitaire qui se déroule tous les quatre ans. Parmi tous ces marins, plus de la moitié (Violette Dorange, Nicolas Lunven, Samantha Davies, Clarisse Crémer, Tanguy Le Turquais... ) ont déjà participé à la Transatlantique entre Concarneau et Saint-Barthélemy ! « Un excellent témoignage de la manière dont la Classe Figaro ouvre la voie vers le monde de la course au large », commente l’organisation de la Transat Paprec. Quatre anciens vainqueurs de la course se sont lancés dans l’aventure du Vendée Globe 2024 : Charlie Dalin, Jean Le Cam, Paul Meilhat et Thomas Ruyant. Et puis, comment oublier Guirec Soudée, dont l’arrivée à Saint-Barth en 2021 pour boucler sa traversée de l’Atlantique à la rame (en 74 jours) est restée dans de nombreuses mémoires. Cette fois, c’est sans sa poule prénommée Monique que le navigateur va effectuer un tour du monde. Sur un tout autre rythme, également !